Advertisement

L’épiscopat ghanéen dénonce la suspension du juge en chef, évoquant une « anxiété généralisée »

Les membres de la Conférence des évêques catholiques du Ghana (GCBC) ont critiqué la suspension controversée de la Chef de la Justice du pays en avril, affirmant que la décision du Président a suscité une « anxiété publique généralisée » à travers la nation ouest-africaine.

Dans un communiqué publié mardi 22 juillet, les membres de la GCBC prennent position sur la suspension de la Chef de la Justice Gertrude Torkornoo, qui serait fondée sur trois pétitions distinctes appelant à une enquête formelle conformément à la Constitution ghanéenne.

« La Conférence est profondément préoccupée par les circonstances entourant la suspension de la Chef de la Justice. Cette mesure sans précédent a provoqué une large anxiété publique », déclarent les membres de la GCBC dans un communiqué signé par leur président, l’évêque Matthew Kwasi Gyamfi du diocèse catholique de Sunyani au Ghana.

Tout en reconnaissant le « droit légal de l’exécutif d’engager des procédures de responsabilité judiciaire », les évêques catholiques insistent sur le fait que ces actions « doivent être exercées avec professionnalisme, impartialité et un respect absolu de la paix et de la cohésion nationales ».

Ils expliquent qu’un Chef de la Justice, en raison de son « rôle indispensable dans l’ordre constitutionnel », doit être protégé contre toute ingérence politique. Les évêques avertissent que la justice est menacée dès qu’elle devient « conditionnelle ou révocable ».

Advertisement

Une fois la justice menacée, les membres de la GCBC précisent qu’« elle devient un instrument fragile aux mains des détenteurs du pouvoir, plutôt qu’un garant du bien commun ».

« Si le public perçoit le pouvoir judiciaire comme vulnérable aux intérêts partisans, les conséquences pour la gouvernance démocratique sont graves », ajoutent-ils, avant de souligner : « Aucune démocratie ne peut survivre sans une justice indépendante, à l’abri de toute forme ou perception de contrôle ou manipulation politique ».

Dans leur communiqué du 22 juillet, les évêques catholiques du Ghana rappellent que la destitution d’un Chef de la Justice en exercice revêt une importance nationale majeure.

Ils insistent pour que le processus soit « scrupuleusement guidé par les principes constitutionnels, une équité procédurale absolue et un respect clair de la doctrine de la séparation des pouvoirs ».

« Tout précédent qui placerait le pouvoir judiciaire à la merci de l’exécutif risque d’éroder irréparablement la confiance du public envers l’institution même sur laquelle les citoyens comptent pour la justice », préviennent-ils.

Plus en Afrique

Les membres de la GCBC exhortent tous les acteurs concernés « à agir avec la plus grande conscience, en préservant à la fois la règle de droit inviolable et la dignité de la justice ».

Les responsables de l’Église évoquent également la violence électorale survenue après les élections générales du 7 décembre 2024, qui ont conduit à l’élection de John Dramani Mahama à la présidence.

Ces élections ont été marquées par des pratiques contestées, provoquant un scrutin partiel dans 19 bureaux de vote le 11 juillet.

Ce scrutin partiel a été entaché de rapports d’intimidation, d’achat de voix et d’agressions physiques, notamment une attaque contre l’ancienne députée Mavis Hawa Koomson. Plusieurs protocoles de sécurité ont été violés.

Dans leur déclaration du 22 juillet, les évêques catholiques dénoncent la violence, affirmant que la vraie démocratie dépasse le simple vote périodique.

Advertisement

La démocratie, expliquent-ils, « incarne un ordre social juste qui respecte l’état de droit, soutient la dignité intrinsèque de chaque personne humaine et garantit aux citoyens le droit de participer pleinement à la construction de notre destin national ».

« Au cœur de cette vision se trouve la sacralité du bulletin de vote et l’impératif d’élections pacifiques », ajoutent les évêques du Ghana. Depuis la promulgation de la Constitution de 1992, le Ghana a été justement célébré pour sa stabilité démocratique.

Ils déplorent que « cette réputation durement acquise soit gravement menacée chaque fois que la violence électorale surgit, comme cela a été tragiquement constaté récemment dans la circonscription d’Ablekuma Nord ».

Les évêques condamnent « sans équivoque » toutes les formes de violence électorale, notamment celles qui, selon eux, menacent « les fondements mêmes sur lesquels repose notre démocratie ».

« Nous invitons donc l’État à engager des enquêtes rapides et approfondies, et à agir fermement pour que les auteurs soient tenus responsables », affirment-ils.

Ils appellent tous les Ghanéens, y compris les leaders politiques, les forces de sécurité, les professionnels des médias, les autorités religieuses et traditionnelles, ainsi que le grand public, à rejeter toute forme de violence et à promouvoir un consensus national renouvelé autour des valeurs d’équité et de tolérance.

Les évêques catholiques soulignent que ce n’est que par des efforts conjoints des Ghanéens que « la véritable participation démocratique pourra s’épanouir et que les institutions de gouvernance gagneront en légitimité et en confiance ».

« Nous réaffirmons le rôle indispensable de la Commission électorale comme plateforme nationale de la voix du peuple. Son intégrité, sa transparence et son indépendance sont non négociables. Nous mettons en garde contre toute tentative d’intimidation ou de déstabilisation de cette institution cruciale », concluent-ils.

Ils déplorent également la violence électorale, l’intimidation et les ingérences indues, qui, selon eux, ne servent qu’à éroder « le tissu moral de la nation et à miner la confiance du public dans la gouvernance ».

« Soyons, en tant que peuple uni, fervents dans le renouvellement de notre pacte commun pour construire un Ghana juste, pacifique et prospère, une nation où chaque citoyen trouve refuge dans la loi et espoir dans notre avenir commun », déclarent les évêques catholiques du Ghana dans leur communiqué du 22 juillet.

Silas Isenjia