« Ces personnes doivent participer à la vie de l’Église… elles ne doivent pas se sentir ostracisées ni étrangères, » a-t-elle insisté.
Dans ce cadre, l’enseignante au Grand Séminaire Théologique Saint Pie X à Maputo, capitale du Mozambique, a précisé que les institutions ecclésiales doivent « aider ces personnes à comprendre que le sacrement n’est pas un passeport pour le salut. »
« Le salut vient de Jésus-Christ, en l’acceptant, » a-t-elle affirmé, soulignant que tous les chrétiens doivent accueillir Jésus-Christ dans leur vie et Le mettre au centre.

La troisième proposition met l’accent sur les veuves, qui représentent une part importante des femmes en situation de polygamie.
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La culture de l’héritage des épouses, encore présente dans de nombreuses communautés africaines, favorise la polygamie, a-t-elle souligné, appelant l’Église à « accompagner les veuves pour qu’elles poursuivent leur vie sans devoir se soumettre à cette culture indésirable ».
Le besoin de conversion constitue la quatrième proposition, a dit la théologienne, qui faisait partie des délégués africains au Synode sur la Synodalité officiellement lancé par le pape François en 2021, et prolongé jusqu’en 2024.
La cinquième proposition vise à élargir la compréhension de la fécondité, au-delà de la procréation.
L’Église, dit-elle, doit aider les personnes en union polygame à « s’ouvrir à la charité, à donner, à aider les autres », a-t-elle rappelé dans sa présentation du 1ᵉʳ août aux délégués de la 20ᵉ Assemblée Plénière du SCEAM, parmi lesquels 13 cardinaux, plus de 100 archevêques et évêques, des dizaines de prêtres, religieux et religieuses, ainsi que des partenaires du SCEAM.

La dernière proposition du document concerne la pastorale familiale.
Cela implique une catéchèse pour les familles polygames, en particulier pour les personnes ne pouvant pas recevoir les sacrements, a-t-elle expliqué.
« La première épouse peut recevoir le baptême parce qu’elle a commencé dans une union monogame, » a-t-elle dit. Les autres épouses, en revanche, ne le peuvent pas.
« Les enfants des autres épouses peuvent être baptisés après un parcours catéchétique, » a-t-elle ajouté.
Être issu d’une famille polygame, y compris en tant qu’enfant d’une « autre épouse », ne devrait pas être un obstacle à la vie religieuse ou sacerdotale, a souligné la religieuse mozambicaine.
« Nous avons des évêques, voire des cardinaux, issus de familles polygames. »

Interrogée sur la suffisance de ces six approches pour résoudre la question de la polygamie dans la vie chrétienne, elle a répondu :
« Je pense que ce n’est que le début de notre réflexion… nous savons qu’elle doit se poursuivre… et nous devons ouvrir notre esprit à d’autres approches. »
« Ce n’est pas un travail définitif, c’est le début de notre réflexion, » a-t-elle répété, ajoutant que chacune des six propositions peut être ajustée.
Elle a plaidé pour une ouverture d’esprit, déclarant :
« Nous devons être ouverts aux voies de Dieu, car Dieu utilise de nombreux moyens pour sauver les gens… nous devons être ouverts à les écouter, comprendre ce qui les pousse à ce genre de vie, afin de les aider à comprendre leur propre vie et à voir que la conversion est possible. »
Lors de son intervention à l’Assemblée Plénière, Mgr Andrew Nkea Fuanya, archevêque de Bamenda (Cameroun), a précisé que lors des discussions du Synode,
« la polygamie n’a pas été présentée comme un concept africain à approuver, mais comme un défi au mariage chrétien en Afrique. »

Commentant la présentation de Sœur Esther au nom des théologiens africains, Mgr Nkea a déclaré que l’approche pastorale face à la polygamie est une approche d’
« écoute, de proximité et d’accompagnement. »
Les personnes en situation de polygamie, a-t-il dit, sont « encouragées à rejoindre la communauté chrétienne, à écouter la parole de Dieu… et à suivre leur conscience. »
La rencontre avec la personne de Jésus-Christ, a souligné l’archevêque camerounais, constitue « ce qui solidifie le mariage chrétien et montre que la polygamie ne correspond pas à la volonté de Dieu depuis la création de l’homme et de la femme, dans le cadre d’une institution divine. »
« La polygamie ne promeut pas la dignité de l’homme et de la femme telle que voulue par Dieu dès la création, » a-t-il insisté.
Mgr Nkea a également confirmé les propos du Secrétaire Général du SCEAM, l’Abbé Rafael Simbine Junior, selon lesquels le document présenté par Sœur Esther avait été revu par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi du Vatican.

Dans son interview du 2 août, Sœur Esther a évoqué d'autres éléments du document « Accompagnement des personnes en situation de polygamie ». Elle a précisé que ce document, encore non publié, contient des définitions de la polygamie, identifie ses causes, et explique comment la polygamie affecte négativement les femmes en ne respectant pas leur dignité.
« Même lorsque c’est l’épouse qui demande à l’homme de prendre une seconde femme, cela signifie qu’il y a un problème dans leur relation, » a-t-elle déclaré.
Le document met également en lumière des approches interdisciplinaires de la polygamie, anthropologiques, théologiques, morales et sociales, et aborde même une section sur la polyandrie, a-t-elle indiqué.

« Le document affirme que nous continuons à réaffirmer la doctrine de notre Église. Nous reconnaissons uniquement le mariage monogame ; il n’y a aucune possibilité pour d’autres formes de mariages, » a déclaré Sœur Esther.
Cependant, a-t-elle insisté :
« En sachant que le mariage est monogame dans notre Église, nous ne pouvons pas fermer la porte à ceux qui vivent dans des situations de polygamie. »
À l’issue de la première session du Synode (4–29 octobre 2023), les évêques catholiques d’Afrique ont été encouragés à promouvoir l’accompagnement des personnes en unions polygames en chemin vers la foi.