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Décès lors des manifestations « Saba saba » au Kenya : un archevêque souligne le « désir légitime » des jeunes

Les décès et blessures survenus lors des manifestations anti-gouvernementales du 7 juillet (Saba Saba) au Kenya concernaient une revendication de responsabilité, d’opportunités économiques et de dignité pour les Kényans, a déclaré Mgr Philip Subira Anyolo de l’archidiocèse catholique de Nairobi (ADN).

Dans une lettre pastorale adressée aux institutions catholiques de son siège métropolitain, Mgr Anyolo revient sur les manifestations « Saba Saba » organisées pour le 35ᵉ anniversaire de la démocratie multipartite au Kenya et appelle à la solidarité spirituelle avec les familles touchées.

Au Kenya, « Saba Saba », expression swahilie signifiant « sept sept » pour le 7 juillet, commémore les manifestations nationales contre la dictature d’un parti unique et pour des élections libres, qui ont eu lieu le 7 juillet 1990 et conduit à l’abrogation de l’article 2A de la Constitution par le président Daniel Arap Moi, faisant du Kenya un pays multipartite.

Les manifestations meurtrières du 7 juillet, selon Mgr Anyolo, « ont une fois de plus mis en lumière le désir légitime des jeunes Kényans pour une gouvernance responsable, des opportunités économiques et le respect de la dignité humaine ».

« Lorsque la police a utilisé des balles réelles et des gaz lacrymogènes contre les manifestants à Nairobi et dans d’autres villes, de nombreux jeunes ont été tués et des dizaines blessés, alimentant un mécontentement plus large face à la corruption et à la violence d’État », souligne-t-il.

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Il ajoute : « Face à ces événements déchirants — la perte tragique de vies jeunes, la destruction de biens et l’apparition de voyous violents — nous, en tant qu’Église, partageons la douleur et la solidarité avec tous les concernés. »

« L’archidiocèse de Nairobi englobe de nombreuses localités où la violence a éclaté. Vivre au cœur des manifestations nous oblige à agir », poursuit-il.

Mgr Anyolo déplore « la mort prématurée de nos jeunes, en particulier les courageux membres de la génération Z, qui ont pacifiquement réclamé justice et responsabilité. Ces événements douloureux rappellent l’urgence de respecter la dignité humaine et la sacralité de la vie. »

Le 7 juillet, des manifestations ont eu lieu dans au moins 17 des 47 comtés kényans, dont Nairobi, Kajiado, Mombasa et Kisumu, à l’occasion de la Journée Saba Saba. Les manifestants réclamaient la responsabilité du gouvernement face à la brutalité policière, la corruption et les difficultés économiques. Les autorités ont imposé un confinement à Nairobi, bloqué les routes principales, déployé les forces de sécurité et fermé les commerces.

Dans sa lettre pastorale, Mgr Anyolo affirme que, face à cette souffrance et à cette impuissance, l’Évangile appelle à la prière incessante, confiant les victimes et leurs familles à la miséricorde de Dieu, et implorant le Saint-Esprit de convertir les cœurs.

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« Le Christ lui-même a enseigné : “Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu” (Mt 5,9), et saint Pierre nous exhorte à “toujours être prêts à répondre à quiconque demande raison de l’espérance qui est en vous, mais faites-le avec douceur et respect” (1 P 3,15) », rappelle-t-il.

Mgr Anyolo appelle les chrétiens à « respecter la dignité de la personne humaine, accompagner les jeunes dans un témoignage non violent, se solidariser avec les pauvres et les marginalisés, et œuvrer pour des structures de justice plutôt que pour la vengeance ».

Il rappelle aussi son précédent appel à « un marathon de chapelets » lors des manifestations de juin et insiste sur le fait que les mêmes prières doivent être récitées pour exprimer la solidarité avec les victimes des manifestations Saba Saba.

Le meurtre controversé d’Albert Ojwang, enseignant et blogueur arrêté le 7 juin et déclaré mort le 8 juin en garde à vue, a déclenché des manifestations après que des médecins ont contredit les affirmations de la police kenyane selon lesquelles le défunt, âgé de 31 ans, se serait blessé en frappant sa tête contre un mur. L’autopsie a révélé que sa mort était probablement due à des violences physiques.

Dans sa lettre pastorale, Mgr Anyolo explique : « Lorsque des manifestations violentes ont secoué notre ville le mardi 17 juin, j’ai demandé à tous nos fidèles catholiques de prier le Saint Rosaire avec dévotion et assiduité. »

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Il ajoute : « J’ai également demandé à nos prêtres d’offrir des messes pour les intentions suivantes : respect de la vie et de la dignité humaine ; maintien de l’ordre à Nairobi et dans tout le pays ; réconfort pour ceux qui ont perdu la vie, leur famille et leurs moyens de subsistance ; et pour nos dirigeants — que Dieu touche leur cœur et leur donne la sagesse pour mesurer les ravages qu’ils causent dans notre pays. »

« Aujourd’hui, je renouvelle ces demandes. Dans toutes nos paroisses et institutions religieuses, que le Saint Rosaire soit récité avant la messe quotidienne, pendant l’adoration eucharistique ou seul. Notre Sainte Mère nous a donné le Saint Rosaire comme instrument puissant pour la paix », conclut-il.

Il exhorte enfin le peuple de Dieu « à passer du temps en adoration eucharistique, implorant la miséricorde du Seigneur sur notre peuple et notre nation, en particulier sur les jeunes ».

Silas Isenjia