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Le pape Léon XIV appelle la Rencontre mondiale sur la fraternité humaine à accueillir les migrants

Le pape Léon XIV s’est exprimé vendredi contre ce qu’il a qualifié de « business des guerres », tout en condamnant les attitudes de rejet et d’indifférence envers les migrants et les pauvres, alors qu’il recevait au Vatican certains participants à la troisième édition de la Rencontre mondiale sur la fraternité humaine.

Parmi les présents figuraient plusieurs lauréats du prix Nobel de la paix, dont l’activiste irakienne Nadia Murad, l’Américaine Jody Williams, la Libérienne Leymah Gbowee, la Yéménite Tawakkol Karman, le journaliste russe Dmitry Muratov, l’avocate ukrainienne Oleksandra Matviichuk, la journaliste philippine Maria Ressa, ainsi que le médecin congolais Denis Mukwege.

Dans son discours, le pontife a souligné la nécessité de la fraternité et de la réconciliation dans un monde où les guerres « brisent la vie des jeunes contraints de prendre les armes ; visent des civils sans défense, des enfants, des femmes et des personnes âgées ; dévastent les villes, les campagnes et des écosystèmes entiers, ne laissant derrière elles que ruines et douleur ».

Le pape a dénoncé le sort de nombreux « migrants méprisés, emprisonnés et rejetés, parmi ceux qui cherchent le salut et l’espérance mais ne trouvent que des murs et de l’indifférence ». Il a également déploré que, bien souvent, les pauvres soient « blâmés pour leur pauvreté, oubliés et écartés, dans un monde qui valorise davantage le profit que les personnes ».

Face à ces injustices, Léon XIV a insisté : « La réponse ne peut pas être le silence. Vous êtes la réponse, par votre présence, votre engagement et votre courage. La réponse est de choisir une autre direction de vie, de croissance et de développement. »

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Le pape a également appelé à établir une vaste « alliance de l’humanité, fondée non pas sur la puissance mais sur le soin ; non pas sur le profit mais sur le don ; non pas sur la méfiance mais sur la confiance ».

« Le soin, le don et la confiance ne sont pas des vertus à pratiquer seulement durant nos temps libres : ce sont les piliers d’une économie qui ne tue pas mais approfondit et élargit la participation à la vie », a-t-il affirmé.

Le Saint-Père a invité chacun à reconnaître l’autre comme un frère ou une sœur, ce qui, en pratique, signifie « nous libérer de la prétention de croire que nous sommes des individus isolés ou de la logique qui consiste à nouer des relations uniquement par intérêt personnel ».

Soulignant que la planète est marquée par les conflits et les divisions, il a rappelé que les participants de cette nouvelle édition de la Rencontre mondiale sur la fraternité humaine sont « unis par un “non” fort et courageux à la guerre et un “oui” à la paix et à la fraternité ».

Léon XIV a cité l’encyclique Fratelli Tutti de son prédécesseur le pape François, pour réaffirmer que l’amitié sociale et la fraternité universelle exigent nécessairement « la reconnaissance de la dignité de toute personne humaine, toujours et partout ».

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Il a également rappelé que le pape François enseignait que « la guerre n’est pas la bonne voie pour résoudre un conflit » et il a salué « la volonté d’affronter le conflit de front, de le résoudre et d’en faire un maillon de la chaîne d’un nouveau processus », qu’il a qualifié de « chemin le plus sage, le chemin des forts ».

Le pape a relié ses réflexions au récit biblique du meurtre d’Abel par son frère Caïn, notant que cette relation fraternelle est immédiatement devenue conflictuelle. Toutefois, il a souligné que ce premier homicide « ne doit pas nous amener à conclure que “cela a toujours été ainsi”. Aussi ancien ou répandu soit-il, le geste de Caïn ne peut être toléré comme “normal” ».

« La norme se révèle dans la question de Dieu au coupable : “Où est ton frère ?” C’est dans cette question que nous trouvons notre vocation, la règle et la mesure de la justice », a-t-il déclaré.

Pour le pape, cette même question continue de résonner dans l’histoire et « aujourd’hui plus que jamais, nous devons en faire notre principe de réconciliation. Une fois intériorisée, elle résonnera ainsi : “Frère, sœur, où es-tu ?” »

Léon XIV a mis en avant les grandes traditions spirituelles et l’évolution de la pensée critique, qui permettent d’aller « au-delà des liens du sang ou de l’ethnie, au-delà de ces appartenances qui reconnaissent seulement ceux qui nous ressemblent et rejettent ceux qui sont différents ».

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Pour le Saint-Père, il est aussi significatif que dans la Bible, comme l’a montré l’exégèse scientifique, ce sont les textes les plus récents et les plus mûrs qui décrivent une « fraternité qui transcende les frontières ethniques du peuple de Dieu et se fonde sur une humanité commune ».

« Les récits de la création et les généalogies témoignent que tous les peuples, même les ennemis, ont la même origine, et que la Terre, avec ses biens, est pour tous et non pour quelques-uns seulement », a-t-il expliqué.

Il a insisté sur le fait que la fraternité est « le nom le plus authentique de la proximité. Elle signifie redécouvrir le visage de l’autre. Pour les croyants, il s’agit de reconnaître le mystère : l’image même de Dieu dans le visage du pauvre, du réfugié et même de l’adversaire ».

Le pape a exhorté ses auditeurs à identifier des chemins, locaux et internationaux, permettant de développer « de nouvelles formes de charité sociale, des alliances entre différents domaines du savoir et des solidarités entre générations ».

Il a en outre appelé à des « approches communautaires qui incluent aussi les pauvres, non pas comme de simples bénéficiaires d’aide, mais comme acteurs de discernement et de discours ».

Le Saint-Père les a encouragés à poursuivre ce travail de « semence silencieuse », qui peut donner naissance à un processus participatif centré sur l’humanité et la fraternité, allant au-delà de l’énumération de droits, pour inclure des actions et motivations concrètes qui transforment nos vies quotidiennes.

Les organisateurs de la troisième édition de la Rencontre mondiale sur la fraternité humaine, promue par la basilique Saint-Pierre les 12 et 13 septembre, ont structuré l’événement international autour de 15 tables thématiques.

Ces espaces de dialogue fonctionneront comme des laboratoires d’échange d’idées sur divers thèmes tels que le monde de l’information, l’environnement et la durabilité, l’économie et la finance, ainsi que l’intelligence artificielle.

Dans ce cadre, la place Saint-Pierre accueillera ce samedi un concert gratuit ouvert au public, baptisé « Grace for the World », qui réunira des artistes internationaux comme Karol G, le ténor italien Andrea Bocelli, ainsi que Pharrell Williams, John Legend, Teddy Swims, Jelly Roll, BamBam et Angélique Kidjo.

L’événement sera diffusé en direct sur Disney+, Hulu et ABC News Live, permettant à des millions de spectateurs de le suivre en temps réel.

Un chœur international de 250 personnes, dont des membres de la chorale du diocèse de Rome, se joindra à la performance. Le tout sera orchestré par le producteur de renommée mondiale Adam Blackstone.

Le spectacle ira au-delà de la musique, avec la société Nova Sky Stories qui présentera une création visuelle illuminant le ciel de Rome par une chorégraphie de plus de 3 000 drones inspirés des fresques de la chapelle Sixtine.

Selon le Vatican, cette mise en scène innovante transformera la nuit en un véritable « fresque vivante » de sons et de lumières, une expérience sensorielle inédite au cœur de la chrétienté.

Victoria Cardiel