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Les évêques de Tanzanie dénoncent la persistance des enlèvements et exhortent le gouvernement à protéger la vie

La Commission Justice et Paix (CJPC) de la Conférence Épiscopale de Tanzanie (TEC) a appelé les autorités tanzaniennes à s’attaquer aux enlèvements et disparitions récurrents dans le pays d’Afrique de l’Est.

S’exprimant le mardi 14 octobre, lors d’une messe pour le pèlerinage des hommes catholiques au séminaire de Visiga, dans son archidiocèse métropolitain, Mgr Jude Thaddaeus Ruwa’ichi, président de la commission de la TEC, a averti que la poursuite de ces actes de violence menace le droit à la vie et la dignité de la personne humaine.

« La Commission Justice et Paix de la Conférence Épiscopale de Tanzanie, que je préside, est profondément attristée par la multiplication des cas de personnes enlevées et portées disparues dans diverses régions de notre pays », a déclaré l’archevêque de Dar-es-Salaam.

Il a souligné que ces « enlèvements semblent être orchestrés par des groupes organisés » qui continuent de commettre « ces actes de mal avec impunité ».

« De tels crimes violent le droit humain le plus fondamental : le droit à la vie », a-t-il déclaré, déplorant que « ceux qui ont juré de protéger la vie » n’aient pas publiquement condamné ni pris de mesures fermes pour mettre fin à ces atrocités.

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« Depuis plus de deux ans, ces incidents persistent, laissant les Tanzaniens se demander comment les ravisseurs peuvent être plus puissants que les organes de sécurité de la nation et ceux chargés de garantir la paix et l’espérance », a-t-il poursuivi.

« Nous rappelons à tous que chaque vie humaine manifeste la gloire de Dieu. Toute personne est créée à l’image et à la ressemblance de Dieu — et, par conséquent, nul n’a le droit ni l’autorité d’ôter la vie d’autrui », a déclaré le membre de l’Ordre des Frères Mineurs Capucins (OFM Cap).

Mgr Ruwa’ichi a insisté sur le fait que le gouvernement tanzanien a le devoir constitutionnel « de protéger le droit à la vie de chaque personne, comme l’affirme l’article 14 de la Constitution de Tanzanie ».

« Les évêques appellent le gouvernement à garantir la sécurité et la protection du droit à la vie pour tous, sans discrimination aucune. Nous exhortons le gouvernement à faire respecter l’état de droit et à honorer les droits humains fondamentaux de tous », a-t-il déclaré dans son message du 14 octobre.

En octobre 2024, le Secrétaire général de la Conférence Épiscopale de Tanzanie (TEC) avait déjà souligné, dans une interview accordée à ACI Africa, la nécessité pour les responsables gouvernementaux de dénoncer les enlèvements et assassinats de politiciens qui se multiplient dans le pays.

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L’un des cas cités était celui d’Ali Mohamed Kibao, haut responsable du principal parti d’opposition Chadema, retrouvé mort après que deux hommes armés l’aient contraint à descendre d’un bus reliant Dar es Salaam à la ville de Tanga.

Un rapport récent de Reuters indique que plusieurs critiques du gouvernement tanzanien ayant annoncé leur intention de se représenter aux élections générales prévues le 29 octobre ont disparu depuis l’année dernière, les partis d’opposition accusant les autorités d’orchestrer une série d’enlèvements.

Le gouvernement tanzanien a rejeté les accusations de Human Rights Watch, qui affirmait dans un rapport du 29 septembre que les autorités ciblaient leurs détracteurs à l’approche du scrutin, qualifiant ces récits d’enlèvements de « source majeure de préoccupation pour le gouvernement ».

Dans sa déclaration du 15 octobre, Mgr Ruwa’ichi a par ailleurs évoqué les élections générales de 2025 en Tanzanie, prévues pour le 29 octobre.

Le président de la CJPC a invité le peuple de Dieu en Tanzanie à se laisser guider par la vérité, la conscience et la foi dans l’exercice de leurs devoirs civiques.

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« Une élection générale est un acte constitutionnel à travers lequel les citoyens confient à leurs dirigeants la responsabilité de gouverner la nation », a-t-il rappelé.

Et d’ajouter : « À l’approche de ces élections, j’en appelle à tous les citoyens : laissez-vous guider par une conscience pure et vivante, éclairée par la vérité, la crainte de Dieu, le respect de la dignité humaine et l’amour pour l’unité nationale. »

« Électeurs comme candidats sont appelés à suivre leur conscience dans cette affaire électorale. Ne vous laissez pas influencer par les menaces, la corruption ou toute autre forme de contrainte », a exhorté le prélat tanzanien, qui a commencé son ministère épiscopal en mai 1999 dans le diocèse catholique de Mbulu.

Il a invité le gouvernement et les acteurs politiques du pays à privilégier le dialogue comme moyen de protéger les droits politiques des citoyens.

« Le pouvoir du peuple ne réside ni dans la violence ni dans la tromperie, mais dans la raison et la conviction morale. Ignorer les cris du peuple n’apporte ni santé ni progrès à notre nation », a-t-il déclaré.

« Le moment du dialogue, c’est maintenant ; il n’est pas trop tard pour corriger nos voies ou pour faire le bien. La véritable humilité devant le peuple repose sur la transparence et la vérité. Un dirigeant humble est un dirigeant honnête, et un dirigeant honnête gagne la confiance de tous », a conclu Mgr Ruwa’ichi.

Nicholas Waigwa