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Journée mondiale des missions 2025: un responsable catholique alerte sur les menaces contre les missionnaires au Nigeria

À l’occasion de la Journée mondiale des missions 2025, célébrée le 19 octobre, le Directeur national des Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) au Nigeria, l’abbé Solomon Patrick Zaku, a averti que les missionnaires du pays font face à des défis croissants, notamment l’insécurité, le manque de ressources et les attaques fréquentes qui rendent l’évangélisation de plus en plus difficile.

Dans une interview accordée à ACI Afrique, l’abbé Zaku a décrit le service missionnaire au Nigeria comme « un chemin de foi », souvent vécu dans des conditions dures et parfois dangereuses, mais soutenu par la résilience et la foi profonde de ceux qui se consacrent à l’annonce de l’Évangile.

« Au Nigeria, il n’est pas facile d’être missionnaire. Il arrive que vous vouliez vous rendre dans un endroit, mais vous avez peur. Vous ne savez pas ce qui peut se passer sur la route », a-t-il confié lors de l’entretien du dimanche 19 octobre, tenu sous le thème « Missionnaires d’espérance parmi tous les peuples ».

Et d’ajouter : « Nous avons eu des cas de prêtres, de religieux et de laïcs attaqués et tués alors qu’ils adoraient Dieu. »

Le prêtre nigérian a noté que de nombreux missionnaires vivent désormais dans la peur et ne peuvent plus se déplacer librement.

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« Certains volontaires pour la mission doivent cacher leur identité, car lorsqu’on découvre qu’ils sont missionnaires, ils risquent d’être arrêtés ou tués », a-t-il déploré.

Dans certaines régions du nord du pays, a-t-il poursuivi, les chrétiens sont privés de liberté de culte :

« Même avec de l’argent, on vous refuse un terrain pour construire une église, et vous n’êtes pas autorisé à prêcher librement. Lorsqu’on vous empêche de bâtir une église ou de proclamer l’Évangile, c’est une forme de persécution. »

Selon lui, « tout être humain a droit à la liberté de religion et de mouvement, mais lorsque des missionnaires sont empêchés d’exprimer leur foi ou tués à cause d’elle, cela devient de la persécution — une réalité très présente aujourd’hui au Nigeria ».

Outre l’insécurité, le manque de moyens financiers constitue un autre obstacle majeur.

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« Beaucoup souhaitent partir en mission mais manquent de ressources. Un évêque peut vouloir envoyer 30 ou 40 séminaristes en formation, mais ne pas avoir les fonds nécessaires pour les soutenir », a expliqué l’abbé Zaku.

Les congrégations religieuses rencontrent aussi des difficultés pour entretenir leurs maisons de formation :« Certains couvents ne peuvent plus accueillir de novices faute de logement ou de quoi les nourrir. L’Église au Nigeria survit grâce à la charité. Il n’existe aucune subvention gouvernementale pour soutenir les missionnaires », a-t-il déploré.

Le Directeur national des OPM a alors lancé un appel au soutien local :

« Lorsque les premiers missionnaires sont venus en Afrique, leur peuple les soutenait. Ils ont pu construire des hôpitaux, des écoles, des cliniques. Aujourd’hui, beaucoup de missionnaires nigérians travaillant dans des zones reculées ou à l’étranger reçoivent peu ou pas de soutien de leur pays. »

Malgré ces difficultés, il a souligné que la mission doit continuer :

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« Jésus nous a assuré : “Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps.” C’est cette promesse qui soutient les missionnaires », a-t-il affirmé.

L’abbé Zaku a rappelé que la Journée mondiale des missions invite les catholiques à se souvenir de leur appel à évangéliser :

« Cette journée nous rappelle que nous sommes tous missionnaires. L’Église est missionnaire par nature. Si elle n’évangélise pas, elle ne remplit pas sa mission. »

Et d’ajouter :

« Chaque catholique a un rôle à jouer dans la mission. Si vous ne pouvez pas aller, vous pouvez donner. Nous demandons aux fidèles de prier pour le succès de la mission et de soutenir ceux qui partent. »

Le responsable nigérian a insisté sur le devoir personnel de chaque fidèle :

« Les gens ne doivent pas être forcés de donner ; cela doit venir d’une compréhension que la mission est une responsabilité personnelle. Quand chacun contribue avec fidélité, la mission de l’Église prospère. »

Il a également évoqué les efforts pour promouvoir les vocations sacerdotales et religieuses à travers la Société de Saint-Pierre Apôtre, l’une des quatre branches des Œuvres Pontificales Missionnaires :

« Cette société sensibilise à la nécessité de prêtres et de religieux. Elle encourage la prière pour les vocations et collecte des fonds pour leur formation », a-t-il expliqué.

Selon lui, le Nigeria compte aujourd’hui plus de 43 petits séminaires, 20 grands séminaires et environ 25 séminaires spirituels, tous soutenus par les OPM.

« Ceux qui se portent volontaires pour servir Dieu sont accompagnés spirituellement et matériellement pendant leur formation », a-t-il précisé.

Confiant, l’abbé Zaku a affirmé que l’Église au Nigeria progresse dans l’esprit missionnaire :

« Nous avons de nombreux prêtres et religieux nigérians œuvrant non seulement ici, mais aussi à travers le monde. Plus de 1 000 Nigérians servent dans différents pays », a-t-il souligné.

Enfin, il a salué la contribution des mouvements laïcs à l’évangélisation :

« Nous avons des groupes de laïcs qui visitent les maisons, les prisons et les villages. Ils contribuent à leur manière à la diffusion de l’Évangile », a conclu le Directeur national des Œuvres Pontificales Missionnaires du Nigeria.

Abah Anthony John