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« Continuez à être prophétique, voix des sans-voix », exhorte un archevêque aux responsables de l’Église du Malawi

L’archevêque de l’archidiocèse catholique de Blantyre au Malawi a souligné le rôle essentiel des responsables de l’Église dans l’orientation et la formation de la conscience morale du peuple de Dieu, en particulier lors des élections générales.

Dans une interview accordée à ACI Afrique le mercredi 22 octobre, Mgr Thomas Luke Msusa a insisté sur la nécessité pour les responsables ecclésiaux de rester fidèles à leur mission prophétique face aux défis sociaux et politiques.

« Nous, en tant qu’évêques, devons continuer à être prophétiques, marcher avec le peuple et rester la voix des sans-voix », a déclaré Mgr Msusa, soulignant le devoir constant des responsables de l’Église de défendre la justice et la vérité dans la société.

Se penchant sur les élections générales du 16 septembre au Malawi, le membre de la Congrégation des Missionnaires de la Compagnie de Marie (SMM/Missionnaires Montfortains) a noté que les citoyens se tournent souvent vers l’Église pour recevoir des conseils moraux et être encouragés à participer pacifiquement aux processus démocratiques.

« Lors des élections générales, les gens s’attendent à ce que les évêques parlent, les guident, les préparent et les encouragent à aller voter », a déclaré l’archevêque Msusa, ajoutant que l’expérience des récents scrutins de son pays offre des enseignements précieux sur la manière dont le leadership ecclésial peut promouvoir la paix et l’unité durant les périodes électorales.

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Il a également reconnu la contribution active de l’Église catholique à l’éducation civique et à la consolidation de la paix, affirmant : « Au Malawi, l’Église catholique a joué un rôle significatif pour préparer le peuple aux élections, en insistant sur la paix, l’unité et la responsabilité civique. »

Lors de l’entretien du 22 octobre, en marge de la conférence de trois jours sur la protection dans les séminaires, qui s’est conclue le 23 octobre à la maison Roussel des Sœurs Missionnaires Donum Dei à Karen, Nairobi, l’archevêque malawien a rappelé que la Conférence des évêques catholiques du Malawi (MCCB) avait publié une lettre pastorale avant les élections pendant le Carême, suivie ensuite d’une déclaration de la Commission Justice et Paix catholique (CJPC).

« Grâce à cette lettre, la préparation aux élections s’est très bien déroulée. Nous étions, bien sûr, très curieux, voyant tant de partis politiques se préparer pour les élections, écoutant leur rhétorique et constatant le profond désir de justice et d’amélioration économique du peuple. Nous nous demandions vraiment ce qui allait se passer », a expliqué Mgr Msusa à ACI Afrique.

« Nous avons demandé à tous les catholiques de réciter une prière spéciale à partir du 6 juillet. Nous avons encouragé tous les diocèses, prêtres et paroisses à diriger cette prière quotidienne, incitant tout le monde, surtout les électeurs éligibles, à participer aux élections », a-t-il ajouté.

« Nous avons également prêché la paix et l’unité, en soulignant que, quel que soit le résultat, nous devons rester pacifiques. Et en effet, les élections se sont très bien passées. Il y avait une tension énorme avant les élections. Mais je crois que les prières que nous avons faites ont vraiment aidé », a-t-il poursuivi.

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Mgr Msusa a appelé le peuple de Dieu dans les pays membres de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique de l’Est (AMECEA) qui se préparent à des élections générales, à rester proches de la population, offrir un accompagnement spirituel et cultiver l’espérance. Ces pays comprennent la Tanzanie le 29 octobre, l’Ouganda le 15 janvier 2026 et la Zambie en août 2026.

« Aidons les gens à rester engagés et à aller voter. En même temps, qu’ils placent leur espérance et leurs aspirations entre les mains de Dieu. La prière est très puissante en ces temps », a-t-il déclaré.

Pour lui, « les évêques, prêtres, religieux et laïcs doivent rester prophétiques, ne pas se ranger du côté des riches ou des politiciens, mais toujours défendre les pauvres. En même temps, nous devons nous appuyer non pas sur nos forces, mais sur Dieu. C’est notre véritable source de puissance. »

Lors de l’entretien du 22 octobre avec ACI Afrique, Mgr Msusa s’est également exprimé sur ce que certains observateurs décrivent comme la tendance émergente d’un « mandat unique » en Afrique.

Il a observé que cette tendance reflète une impatience croissante des citoyens face aux promesses non tenues.

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« Pendant les campagnes, les politiciens font de nombreuses promesses. Les gens croient que ces promesses seront tenues. Mais une fois élus, lorsque la première année, la deuxième année et même la troisième année passent sans résultats, les gens commencent à perdre confiance », a-t-il expliqué.

« Ce qui s’est passé au Malawi en est un bon exemple. Le gouvernement sortant avait fait de nombreuses promesses et suscité de grandes attentes. Mais après cinq ans, peu de choses avaient changé », a-t-il ajouté, soulignant que l’électorat a été prudent pour ne pas se laisser duper et répéter la même erreur.

L’archevêque Msusa a mis en garde les politiciens contre des promesses irréalistes et inatteignables lors des campagnes électorales.

« Si les dirigeants font des promesses et ne les tiennent pas, le peuple ne sera pas assez patient pour leur accorder un autre mandat. Leurs promesses doivent être réalistes et réalisables », a-t-il déclaré à ACI Afrique le 22 octobre.

Nicholas Waigwa