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Cardinal rwandais appelle à « gouvernance forte et transparence » pour protéger les ressources naturelles de l’Afrique

Antoine Cardinal Kambanda, archevêque de Kigali au Rwanda, a appelé à une gouvernance renforcée, à la transparence et à des réglementations strictes pour encadrer l’exploitation et la gestion des ressources naturelles de l’Afrique.

Lors d’un forum le mardi 28 octobre à la Rencontre internationale de dialogue et de prière pour la paix à Rome, le cardinal Kambanda a souligné qu’« il existe une réalité contradictoire en Afrique ».

« Le continent est très riche en main-d’œuvre et en ressources naturelles, mais reste le plus pauvre. C’est comme un lion encore endormi, qui doit se réveiller », a-t-il déclaré, attribuant cette situation à la corruption, à la mauvaise gouvernance et aux contrats étrangers injustes.

Le cardinal a rappelé que bien que l’Afrique détienne environ 30 % des réserves mondiales de minéraux — dont 90 % du platine, 40 % de l’or et 30 % des diamants — ainsi que d’importants gisements de pétrole et de gaz dans des pays comme le Nigeria, l’Angola, l’Algérie et le Mozambique, les populations locales en tirent peu de bénéfices.

« L’exploitation des ressources africaines par des intérêts étrangers, profitant d’une gouvernance faible et de contrats injustes, entraîne endettement, perte de contrôle sur les ressources nationales et bénéfices limités pour les populations locales », a-t-il précisé.

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« L’Afrique n’est pas seulement jeune à cause de sa population, mais aussi parce que sa richesse naturelle reste relativement intacte », a-t-il ajouté, soulignant que l’abondance des ressources peut aussi présenter des inconvénients.

Le cardinal Kambanda a observé que les pays africains riches en ressources naturelles « souffrent souvent de corruption et de mauvaise gouvernance, ce qui freine le développement à long terme ».

« Nous voyons cela dans de nombreuses régions d’Afrique », a-t-il déclaré, notant que ces ressources ont aussi provoqué des conflits violents « dus à l’exploitation minière illégale et à la concurrence pour la terre et l’eau, créant des tensions ethniques et communautaires ».

L’Église en Afrique s’inquiète depuis longtemps de la crise croissante de l’exploitation minière illégale et de la mauvaise gestion des ressources naturelles sur le continent.

Lors de la conférence marquant le 60ᵉ anniversaire de la canonisation des martyrs de l’Ouganda en octobre 2025, le président du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), Fridolin Cardinal Ambongo, a appelé l’Église à s’opposer fermement à l’exploitation illégale des richesses minières de l’Afrique, soulignant l’enjeu moral et développemental.

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Il a qualifié l’exploitation illégale des ressources naturelles en Afrique de « tragédie humaine liée à la richesse minérale du continent », appelant ceux qui en souffrent et meurent « martyrs modernes ».

« L’Église ne peut pas rester silencieuse face à cette exploitation illégale des ressources minérales, qui génère guerre et violence, détruit le tissu social de nos pays et compromet leur avenir », a-t-il déclaré.

Le cardinal Ambongo a ajouté que la croissance macroéconomique éventuelle apportée par cette exploitation ne bénéficie pas à la majorité des populations concernées, tandis qu’un petit groupe s’enrichit.

« L’extraction et le transport de ces minéraux dépossèdent et déplacent les familles de leurs terres. Il y a souvent destruction violente des habitations, contamination de l’eau, pollution de l’air par les métaux lourds et rejet de cyanure dans la nature, avec de graves dommages pour l’agriculture, l’élevage ou la pêche », a-t-il précisé.

Les évêques catholiques du Ghana ont dénoncé le 3 octobre l’exploitation minière illégale dans leur pays, la qualifiant d’« urgence sanitaire et de droits humains », et ont exhorté le président John Dramani Mahama à agir contre le galamsey, qui « empoisonne » les systèmes vitaux du pays.

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Dans sa présentation du 28 octobre, le cardinal Kambanda a insisté sur le fait que l’exploitation illégale entraîne souvent la dégradation environnementale, la déforestation, l’érosion des sols, la désertification, la pollution de l’eau et la perte de biodiversité.

« Cela nécessite une gouvernance forte, de la transparence et des cadres réglementaires pour éviter la corruption et la mauvaise gestion des ressources », a-t-il conclu lors de l’événement organisé par la Communauté de Sant’Egidio à Rome dans le cadre de la Rencontre internationale de dialogue et de prière pour la paix, placée sous le thème « Oser la paix ».

Nicholas Waigwa