Sa déclaration a été rejetée par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui l’a dénoncée comme illégale et « gravement préoccupante ».
Le RDPC au pouvoir a également qualifié la déclaration de « supercherie grotesque », soulignant que seul le Conseil constitutionnel est habilité à proclamer officiellement le vainqueur.
Cependant, de nombreuses inquiétudes subsistent concernant la transparence, la justice et l’intégrité du processus électoral. Des groupes d’opposition, la société civile et les médias ont signalé d’éventuelles irrégularités.
Dans sa déclaration du 1er novembre, Mgr Kleda a affirmé que l’élection présidentielle du 12 octobre avait été perçue par de nombreux Camerounais comme « un kairos », le moment favorable « pour écrire une nouvelle page de notre histoire ».
« Par une très large majorité, nous avons exprimé ce désir, cette volonté, cette aspiration profonde de nos cœurs et de nos âmes, par le choix massif du candidat, du leader que nous avons estimé capable de rassasier cette grande faim et d’étancher cette immense soif du peuple camerounais », a-t-il déclaré.
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« À travers les réactions de nombreux citoyens après la proclamation des résultats du 12 octobre 2025, beaucoup qui espéraient un avenir meilleur sont convaincus que leur choix n’a pas été respecté. Il a été méprisé et, pire encore, ignoré ; aujourd’hui, leur déception est immense », a souligné le prélat.
L’Ordinaire local de Douala, qui a commencé son ministère épiscopal dans le diocèse de Batouri en février 2001, a décrit les conditions socio-économiques alarmantes à l’origine de la colère publique, affirmant : « Les souffrances et la misère du Cameroun profond se font entendre avec force. Les populations ont faim parce qu’elles n’ont pas de travail. Le taux de chômage général actuel est estimé à 74 %, et le taux de pauvreté en 2024 à environ 37,7 %. »
Mgr Kleda a exprimé son inquiétude quant au fait que « 10,1 millions de Camerounais vivent avec moins de 1 000 francs CFA (1,76 $ US) par jour ».
Il a ajouté : « Le Cameroun compte plus de six millions de citoyens sur les routes de l’exil ou de l’immigration clandestine … Notre pays manque d’un système économique fiable créateur d’emplois. Le déficit énergétique (eau et électricité) ne permet pas le développement de notre tissu économique. »
Il a poursuivi : « Les populations sont anxieuses face à cette situation qui perdure sans aucun signe d’espoir. Des citoyens ou des familles préfèrent quitter le pays. Un peuple qui descend dans la rue pour crier son désespoir exprime une rupture et interpelle la conscience des dirigeants. »
Mgr Kleda a ajouté : « Si des milliards sont dépensés pour organiser des élections, on peut également en trouver pour le bien-être des populations. Nous ne pouvons pas faire la sourde oreille ni rester indifférents et insensibles aux signaux de détresse qu’elles nous envoient. »
Il affirme : « L’apaisement et la préservation de la paix et de la stabilité dans notre pays dépendent aujourd’hui d’une prise de conscience collective de ces différentes crises qui minent notre nation et engendrent la souffrance et la misère des Camerounais, et d’une volonté ferme d’y apporter des solutions appropriées. »
« Que l’Esprit Saint éclaire nos dirigeants et le peuple camerounais, et que la Vierge Marie, Patronne du Cameroun, intercède pour nous », implore-t-il.