Un évêque congolais salué comme un « grand pasteur » qui a renforcé la collaboration ecclésiale en Afrique centrale

Ils ont souligné que le défunt était « un véritable pivot autour duquel le corps et l’esprit de l’ACEAC se sont progressivement construits ».

« Son leadership a posé les bases d’une collaboration ecclésiale régionale et de mécanismes de cohésion sociale dans la région des Grands Lacs, marquée par des décennies de conflit », ont affirmé les membres de l’ACEAC dans l’oraison lue par Mgr Vincent Harolimana, du diocèse rwandais de Ruhengeri.

Ils ont également rappelé qu’il était « un pasteur profondément attaché à la collégialité et à la fraternité épiscopales ».

« Durant son mandat à la tête de l’ACEAC, il a promu la dimension historique commune du Burundi, de la RDC et du Rwanda, encourageant échanges pastoraux, dialogue et unité pour le bien du peuple de Dieu », ont-ils poursuivi.

Les membres de l’ACEAC ont décrit Mgr Ngabu comme un aîné spirituel dont la sagesse continuera de guider l’Église en Afrique centrale.

« Il restera présent au cœur de l’ACEAC », ont-ils ajouté.

Né en 1935 à Lokwa, Mgr Ngabu a été ordonné prêtre en décembre 1963.

Il a été nommé évêque coadjuteur de Goma en avril 1974 et a succédé à feu Mgr Joseph Mikararanga Busimba en septembre de la même année.

Il a pris sa retraite en mars 2010, à l’âge de 75 ans.

Dans son homélie lors de la célébration eucharistique du 1er novembre, l’archevêque de Bukavu a invité le peuple de Dieu à suivre l’exemple de leur ancien pasteur.

« Que toutes les bonnes œuvres entendues à propos de Mgr Faustin Ngabu nous encouragent à faire davantage de bien et à fructifier les talents que nous avons reçus du Seigneur », a déclaré Mgr François-Xavier Maroy Rusengo.

Son successeur à Goma, Mgr Théophile Kaboy Ruboneka, également retraité, a rendu hommage à un homme « audacieux » qui « a pris beaucoup de risques pour annoncer le Christ et le faire aimer ».

Il a rappelé que Mgr Ngabu n’hésitait pas à rencontrer les plus hautes autorités, notamment Mobutu et Mzee Kabila, pour défendre la cause de l’Évangile, parfois au péril de sa vie.

« Ngabu est une encyclopédie. Son parcours et sa biographie devraient être rendus publics pour servir de leçon à toutes les générations », a-t-il estimé.

Mgr Kaboy est aussi le dernier prêtre survivant parmi les seize que Mgr Ngabu avait trouvés à son arrivée à la tête du diocèse de Goma.

Dans un hommage émouvant, Mgr Willy Ngumbi Ngengele, évêque de Goma, a exprimé la perte d’un père spirituel et mentor, lui qui fut confirmé, ordonné prêtre puis consacré évêque par le défunt.

« Nous étions toujours trois, mais aujourd’hui, nous ne sommes plus que deux », a regretté Mgr Ngumbi, en référence à la situation exceptionnelle du diocèse qui comptait deux évêques émérites et un évêque en fonction — un cas rare en Afrique.

Il s’appuiera désormais sur Mgr Kaboy, son prédécesseur immédiat, pour préserver l’héritage laissé par les deux anciens pasteurs.

Présentant la biographie du défunt, l’abbé Célestin Kanyambiriri a salué les 51 années de ministère épiscopal de l’ancien recteur du grand séminaire de Muresa, devenu évêque à 39 ans.

Son ministère, a-t-il rappelé, a été marqué d’une part par un engagement exceptionnel pour l’annonce de l’Évangile, et d’autre part par la lutte contre la pauvreté et les conflits interethniques qui ont secoué sa région.

Il a souligné que l’engagement de Mgr Ngabu pour ces causes et ses prises de position fermes lui avaient valu inimitiés et incompréhensions, avec plusieurs tentatives d’assassinat à son encontre.

« L’héritage de Mgr Ngabu est immense. Il faudrait un livre entier pour le relater », a-t-il affirmé.

Selon le prêtre, Mgr Ngabu restera une inspiration pour toutes les générations de la région, modèle de courage et de persévérance dans l’évangélisation, promoteur des vocations et du développement.

Le défunt évêque aurait ordonné 112 prêtres, créé 11 paroisses, 15 hôpitaux, et une quarantaine d’autres structures médicales.

Il est aussi considéré comme le fondateur de la Caritas diocésaine, d’un réseau d’environ 661 écoles catholiques, et de nombreux autres établissements ecclésiaux.

L’abbé Kanyambiriri a salué en lui « un pasteur infatigable, un baobab et un artisan de paix ».