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« Les enfants n’ont plus goût à l’école » : un évêque nigérian dénonce l’impact de l’insécurité sur l’éducation

Mgr Isaac Bunepuun Dugu du diocèse catholique nigérian de Katsina-Ala s’est dit préoccupé par la détérioration du système éducatif dans son diocèse, attribuant cette situation à l’insécurité, au mauvais état des routes et à la désorganisation sociale qui paralysent l’apprentissage et le développement communautaire.

Dans une interview accordée à ACI Afrique en marge du lancement de trois livres marquant le vingt-cinquième anniversaire de son ordination sacerdotale, Mgr Dugu a indiqué que la crise persistante dans l’axe Sankera, dans l’État de Benue, a contraint de nombreuses écoles à fermer, se déplacer ou fonctionner dans des conditions dangereuses.

« L’insécurité a gravement affecté l’éducation dans notre diocèse. Beaucoup d’écoles ont été déplacées ou contraintes de fermer en raison d’attaques constantes et de la peur de la violence », a déclaré l’évêque catholique nigérian lors de l’entretien du mardi 5 novembre.

Il a ajouté : « Les enseignants ont peur d’aller travailler et les enfants ont perdu l’intérêt pour l’école parce que leur environnement d’apprentissage n’est plus sûr. »

L’Ordinaire du lieu de Katsina-Ala a indiqué que l’Église a dû prendre des mesures extraordinaires pour poursuivre sa mission éducative.

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« Nous avons énormément investi dans l’éducation. Nous voulons que, dans les années à venir, nos enfants surmontent l’analphabétisme et adoptent une meilleure vision du monde », a-t-il dit, ajoutant que l’alphabétisation est à la fois un droit et un outil pour reconstruire les communautés dévastées par les conflits.

Mgr Dugu a déclaré à ACI Afrique que, malgré des ressources limitées, son diocèse continue de reconstruire des salles de classe, de former des enseignants et de soutenir les élèves déplacés à travers des bourses et des centres d’apprentissage alternatifs.

« Même lorsque le banditisme et la violence menaçaient nos écoles, nous avons gardé la foi », a affirmé l’évêque.

Il a expliqué que l’insécurité généralisée a détruit les moyens de subsistance et accentué la pauvreté, poussant de nombreux parents à ne plus envoyer leurs enfants à l’école.

« Les familles sont déplacées, et les enfants grandissent dans des camps plutôt que dans des salles de classe », a déploré le chef de l’Église catholique.

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Au-delà de l’éducation, l’évêque a mis en avant les initiatives de paix et de réconciliation impliquant chefs traditionnels, autorités gouvernementales et même des jeunes armés.

« Sans paix, aucun apprentissage sérieux ne peut avoir lieu », a-t-il souligné, invitant les gouvernements fédéral et régional à renforcer la sécurité dans les communautés rurales et à améliorer les infrastructures.

Il a particulièrement insisté sur la réhabilitation de la route dangereuse Gboko–Ugbema, estimant que les travaux doivent dépasser la simple attribution de contrats.

« Nous devons voir l’entrepreneur sur le terrain et l’ouvrage achevé », a-t-il déclaré.

Mgr Dugu a toutefois salué les réformes du gouverneur de l’État de Benue, le Père Hyacinth Iormem Alia, notamment l’amélioration du bien-être des fonctionnaires et le développement des infrastructures, exhortant le gouvernement fédéral à soutenir ces efforts.

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Malgré les difficultés, il a affirmé que le diocèse reste confiant et engagé dans son plan de développement fondé sur quatre piliers : Évangélisation et Catéchèse, la famille, éducation intégrale, paix et réconciliation.

Il a également révélé que les séminaristes du diocèse sont en formation dans plusieurs séminaires au Nigeria afin d’acquérir une expérience pastorale élargie. « Lorsqu’ils reviendront, ils apporteront une richesse d’expérience », a assuré l’évêque.

Expriment son optimisme pour l’avenir, il a conclu : « Par la grâce de Dieu, notre diocèse sera grand. Nous améliorons la vie de tous — les riches, la classe moyenne, les plus démunis et les déplacés. »

Abah Anthony John