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Lors d’une première formation sur la protection, les formateurs religieux au Kenya appelés à «sensibilité et vigilance»

Des formateurs des Instituts de Vie Consacrée et des Sociétés de Vie Apostolique (IVCSVA) œuvrant au Kenya ont été invités à faire preuve de « sensibilité et de vigilance » dans l’accompagnement des candidats qui leur sont confiés, à la suite de la toute première formation sur la sauvegarde destinée aux formateurs religieux dans cette nation d’Afrique de l’Est.

L’initiative d’une semaine, réalisée sous le thème « Sauvegarde : promouvoir une culture de soin, de protection et de prévention », a réuni 175 formateurs religieux au Centre de Retraite et de Conférences Dimesse, à Karen, dans l’Archidiocèse Catholique de Nairobi (ADN).

Les participants à la formation, qui s’est conclue le 7 novembre, ont abordé divers sujets, notamment la sauvegarde comme ministère dans l’Église ; les formes et conséquences des abus ; l’abus d’autorité dans le ministère ; les facteurs de risque et de protection ; la réponse aux inquiétudes et allégations ; la sexualité et l’orientation sexuelle ; l’accompagnement des victimes et des auteurs ; la fidélité canonique comme fondement de la formation à la sauvegarde ; et la promotion de la santé mentale dans les maisons de formation, entre autres.

Formation et thème jubilaire

Selon le président de l’Association des Formateurs Religieux au Kenya (AFRK), le Père Frederick Mukabana, la formation du 2 au 7 novembre a coïncidé avec l’assemblée générale annuelle (AGA) des formateurs religieux au Kenya et s’est alignée sur le thème de l’Année jubilaire 2025 de l’Église catholique, « Pèlerins de l’espérance ».

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Dans un entretien avec ACI Afrique, le Père Mukabana a expliqué : « L’objectif principal était de suivre une formation en sauvegarde en lien avec la mission de formation, conformément au thème jubilaire en cours, ‘Pèlerins de l’espérance’. »

Il a souligné que l’environnement de formation met naturellement en relation des religieux, religieuses et de jeunes candidats aspirant à devenir membres des IVCSVA, ajoutant : « La mission de formation implique une interaction entre les professes et les clercs ordonnés avec de jeunes aspirants. Dans un tel environnement, nous nous attendons à des défis, sans parler de cas d’abus. »

Première initiative de sauvegarde pour les formateurs religieux au Kenya

Le Père Mukabana a indiqué que l’initiative a été motivée par les défis constatés dans la mission de formation.

« L’AGA actuelle a été informée par le fait que la mission de formation, comme d’autres missions, rencontre de nombreux défis liés aux abus », a-t-il déclaré à ACI Afrique, samedi 8 novembre.

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« Il est donc nécessaire que les formateurs soient informés et formés dans ce domaine afin de comprendre clairement ce qu’est la sauvegarde et comment la vivre dans la mission de formation religieuse. »

Le prêtre kenyan, membre des Serviteurs des Malades (MI/Camilliens), a révélé qu’il s’agissait des premières sessions de formation sur la sauvegarde et a ajouté : « En général, les formateurs étaient formés sur d’autres aspects de la formation, mais c’était la première fois qu’ils bénéficiaient d’une formation sur la sauvegarde. »

« L’accent essentiel a été mis sur l’appel à la sensibilité et à la vigilance dans la manière de traiter les jeunes en formation et d’autres adultes vulnérables dans la mission de formation », a-t-il encore précisé.

De la sensibilisation à la mise en œuvre

Revenant sur les leçons de la formation, le Père Mukabana a confié à ACI Afrique : « Ce fut un moment précieux pour découvrir la diversité des formes d’abus auxquelles je n’avais jamais pensé. J’ai appris que la sauvegarde est vraiment vaste et un besoin actuel à prendre au sérieux. »

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Il a ensuite présenté des pistes d’application : « Cela se fera en sensibilisant l’équipe de formation et les autres religieux et religieuses dans les maisons de formation à l’importance de la sauvegarde. »

« Nous avons aussi l’intention d’organiser des séminaires et ateliers pour les jeunes en formation afin de les éduquer et les informer », a ajouté le Camillien.

Il a conclu : « L’initiative de sauvegarde devrait être une priorité dans la formation et dans les maisons religieuses pour prévenir davantage d’abus. »

Créer des espaces sûrs pour le dialogue

S’adressant également à ACI Afrique, Sœur Elizabeth Botongore, qui a participé à la formation, a décrit la semaine comme « un moment d’éveil et d’autonomisation des formateurs sur les questions de sauvegarde ».

« Nous avons été invités à créer des espaces sûrs qui favoriseront le dialogue, permettant à nos formés d’exprimer des situations d’abus sans se sentir jugés, en gardant à l’esprit que nous sommes tous vulnérables », a-t-elle expliqué.

La religieuse kenyane, membre des Sœurs Franciscaines du Cœur de Jésus (FCJ), a rattaché l’initiative aux abus vécus par le passé dans l’Église : « Les abus vécus dans l’Église nous invitent à rester vigilants, sachant que nous ne sommes pas immunisés. »

Elle a insisté sur l’environnement à créer : « Nous sommes appelés à instaurer un cadre où les personnes se sentent protégées, prévenues contre les abus, non pas par simple protocole, mais comme un appel à la conversion. »

Regards personnels et prochaines étapes

Revenant sur les leçons apprises, la Directrice des novices FCJ a indiqué : « L’accent mis sur les questions de sauvegarde était essentiel dans notre époque, où la génération avec laquelle nous travaillons est très informée, et où tout semble être défini comme un abus. Cela m’a permis de clarifier ce qu’est l’abus et ce qui ne l’est pas. »

Elle a reconnu des défis : « Ce qui m’a particulièrement interpellée, ce sont les questions d’orientation sexuelle et la position de l’Église, sans nier le respect de la personne humaine. »

Sœur Botongore a souligné la nécessité « d’être prudents quant aux personnes que nous admettons dans nos institutions, sans négliger leurs motivations ».

Sur l’application concrète, elle a ajouté : « Je dois créer un environnement sûr où les formés se sentent libres de partager, tout en apprenant à repérer les signaux non verbaux qui pourraient traduire une forme d’abus. »

Elle a également évoqué l’importance d’accompagner humainement un formé éventuellement discontinué, permettant aux supérieurs majeurs d’en décider.

Enfin, elle a suggéré « des forums de prise en charge personnelle » pour permettre aux formateurs de partager leurs défis et se soutenir mutuellement.

Une priorité croissante dans l’Église

La formation des formateurs religieux au Kenya du 2 au 7 novembre s’inscrit dans les efforts globaux de l’Église catholique visant à renforcer les structures de sauvegarde et à promouvoir une culture de soin.

Ces initiatives reflètent l’engagement continu de l’Église en faveur de la prévention des abus, de l’accompagnement pastoral des victimes et de la responsabilisation, conformément à l’appel du pape François « à accueillir avec un cœur ouvert les mineurs et les personnes vulnérables et à créer pour eux un environnement sûr, où leurs intérêts sont prioritaires ».

Le samedi 8 novembre, le pape Léon XIV a rencontré 15 survivants d’abus commis par des clercs. La rencontre, décrite comme un moment de proximité, d’écoute douloureuse et de dialogue, a duré près de trois heures et s’est conclue par « un intense moment de prière » partagé avec les survivants.

C’était la deuxième rencontre en moins de trois semaines entre le pape Léon XIV et des victimes. Le 20 octobre, il avait reçu quatre survivants et deux représentants de la coalition internationale Ending Clergy Abuse, réunissant des victimes et défenseurs de plus de 30 pays.

ACI Afrique