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Le Nonce apostolique exhorte les évêques du Soudan et du Soudan du Sud à « une nouvelle habitude d’esprit »

Le Nonce apostolique au Soudan du Sud a encouragé les membres de la Conférence des évêques catholiques du Soudan et du Soudan du Sud (SSS-CBC) à aider le peuple de Dieu sous leur soin pastoral à former « une nouvelle habitude d’esprit » afin de rompre le cycle de violence à l’origine de « morts et de déplacements » dans les deux pays voisins.

Dans son allocution du mardi 11 novembre, prononcée lors de l’Assemblée plénière en cours de la SSS-CBC dans le diocèse catholique de Malakal, au Soudan du Sud, Mgr Séamus Patrick Horgan a souligné la mission de l’Église, appelée à demeurer ferme dans la recherche de la paix et de la réconciliation.

L’Église, a-t-il dit, doit continuer « à œuvrer pour la paix et pour le silence des armes ».

« Il faut former une nouvelle habitude d’esprit qui ne considère pas l’arme comme une solution aux désaccords, ni comme le seul moyen d’obtenir de l’influence ou une part des richesses du pays », a-t-il insisté.

Premier diplomate résident du Vatican au Soudan du Sud, l’archevêque Horgan a déploré la perception selon laquelle « il faut prendre les armes pour obtenir sa part du gâteau », qualifiant cette mentalité de « grave problème » parmi les fidèles du Soudan et du Soudan du Sud.

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Évoquant les deux pays voisins séparés en juillet 2011, il a noté que « tandis que le Soudan du Sud connaît une détérioration cette année, nos frères du Nord restent prisonniers d’un conflit cruel et prolongé ».

« C’est dans ce contexte difficile que nous exerçons notre ministère et que nous prêchons la Parole de Dieu – une Parole, après tout, de paix et de réconciliation », a-t-il déclaré, rappelant sa visite de septembre dans les communautés catholiques de l’archidiocèse de Khartoum, une expérience qui lui a donné un aperçu direct « des défis extraordinaires auxquels font face nos frères du Soudan et de l’urgence de prier pour une solution pacifique à cette guerre cruelle ».

Il a exhorté les membres de la SSS-CBC à rester déterminés à rompre le cycle de violence qui « laisse trop de nos populations apeurées et déracinées de leurs foyers et de leurs terres ».

« Comme le dit saint Paul, nous restons des prédicateurs de la Parole de Dieu, à temps et à contretemps. En ce temps présent dans nos pays, la prédication de l’Évangile est plus nécessaire et plus puissante que jamais », a affirmé le diplomate du Vatican âgé de 56 ans.

Il a ajouté : « On a souvent le sentiment, dans nos pays, que les gens refusent d’écouter. Néanmoins, notre mission, en tant qu’évêques, est de continuer à témoigner au nom de la loi morale et révélée. »

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« Le message que nous transmettons est la révélation même de Dieu. Dans son essence, il demeure inchangé et immuable, et il offre à l’humanité la seule véritable recette du bonheur ici-bas et dans l’au-delà », a déclaré Mgr Horgan dans son discours du 11 novembre.

La veille, lundi 10 novembre, le président de la SSS-CBC, le cardinal Stephen Ameyu, avait exprimé son inquiétude face à l’aggravation de la crise humanitaire dans les deux pays voisins, le Soudan et le Soudan du Sud.

Dans ses remarques d’ouverture, lors de la séance officielle de la Conférence, le cardinal Ameyu a souligné la nécessité pour les responsables catholiques de renforcer l’unité, de promouvoir la non-violence et de consolider les structures pastorales alors que l’Église répond à la détresse du peuple de Dieu dans les deux nations.

« Les peuples du Soudan et du Soudan du Sud endurent de profondes souffrances, des déplacements, des pertes en vies humaines, la destruction d’églises et de biens, et une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent », a déclaré l’archevêque de Juba.

Il a salué l’esprit d’endurance du peuple soudanais, affirmant : « Au milieu de ces épreuves, les diocèses ont fait preuve de résilience, offrant abris, nourriture et accompagnement spirituel par le biais de leurs œuvres caritatives et d’autres organismes. »

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Par ailleurs, citant la première exhortation apostolique du pape Léon XIV Delexi Te, sur l’amour envers les pauvres, publiée à Rome le 4 octobre, fête de saint François d’Assise, le Nonce apostolique au Soudan du Sud a mis en garde les membres de la SSS-CBC contre l’accroissement des inégalités dans le monde moderne, soulignant que « la pire discrimination dont souffrent les pauvres est en réalité le manque de soin spirituel ».

« Nous voyons paradoxalement croître une élite riche vivant dans une bulle de confort et de luxe, presque dans un autre monde que celui des gens ordinaires », a-t-il observé, avant de demander : « Cette phrase de Delexi Te ne décrit-elle pas la situation dans notre propre pays ? »

Il a poursuivi : « L’existence et l’acceptation d’une telle inégalité flagrante ne risquent-elles pas de s’infiltrer dans l’Église et d’influencer notre mentalité ? Dans ce contexte, l’Église doit faire un autre choix et emprunter une autre voie. »

« Le pape nous rappelle : “Dieu a une place spéciale dans son cœur pour ceux qui sont discriminés et opprimés, et il demande à son Église de faire un choix décisif et radical en faveur des plus faibles.” »

« Notre option préférentielle pour les pauvres doit surtout se traduire par un soin religieux privilégié et prioritaire. Chers confrères, je vous invite à lire cette exhortation dans son intégralité et avec attention. Je crois qu’elle nous parle avec force dans notre contexte et notre époque actuels », a conclu le diplomate du Vatican, originaire d’Irlande.

Nicholas Waigwa