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Ghana : l’Église catholique aide plus de 1 000 civils fuyant les attaques terroristes au Burkina Faso

Une initiative de Catholic Relief Services (CRS) au Ghana a permis de réinstaller plus de 1 000 civils fuyant les attaques terroristes visant les chrétiens au Burkina Faso, ont déclaré les membres de la Conférence des évêques catholiques du Ghana (GCBC).

Dans son discours du lundi 10 novembre, lors de la cérémonie d’ouverture de l’Assemblée plénière 2025 des évêques catholiques du Ghana, le président de la GCBC, Mgr Matthew Kwasi Gyamfi, a salué la Sahel Peace Initiative (SPI) du programme Steps Toward Peace lancé par le CRS en 2019, qui a redonné espoir aux personnes déplacées par la violence en Afrique de l’Ouest.

Mgr Gyamfi a indiqué que cette initiative, axée sur le renforcement de la résilience communautaire et de la cohésion sociale, avait « soutenu plus de 1 000 demandeurs d’asile du Burkina Faso grâce à une aide alimentaire, sanitaire et éducative ».

Selon Open Doors, la persécution des chrétiens au Burkina Faso s’est intensifiée ces dernières années. L’organisation rapporte que la montée des extrémistes islamistes violents a contraint de nombreux chrétiens à fuir, même depuis des villes autrefois considérées comme sûres.

« Les croyants vivant dans les zones contrôlées par les groupes armés risquent d’être enlevés, déplacés ou tués. Les chrétiens ont été ciblés et exécutés, des églises détruites et des centaines d’autres fermées », indique Open Doors, ajoutant que les convertis de l’islam subissent également des pressions de leur entourage.

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Le Ghana, stable politiquement, est devenu un refuge pour ceux qui fuient la violence religieuse dans la région du Sahel, notamment du Burkina Faso, du Niger et du Mali.

« Depuis 2022, plus de 15 000 demandeurs d’asile burkinabè sont arrivés dans le nord du Ghana, fuyant les attaques terroristes », a précisé Mgr Gyamfi, évêque de Sunyani, lors de son discours à la maison d’hôtes du diocèse de Damongo.

Il a salué la générosité des communautés locales qui, malgré la pauvreté, ont accueilli les réfugiés « avec héroïsme et presque sans aide extérieure », rappelant que « la paix ne peut exister sans justice, et la sécurité ne peut durer sans compassion ».

Le prélat a souligné les réussites de l’Église au Ghana, notamment dans la médiation des conflits. Grâce à l’accompagnement ecclésial, une équipe mixte de médiation composée de chefs traditionnels du Ghana et du Burkina Faso a contribué à restaurer le calme et à favoriser le retour de familles déplacées.

« L’accompagnement pastoral de l’Église n’est pas une simple défense théorique : c’est la foi traduite en action de guérison », a affirmé le président de la GCBC.

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En partenariat avec le Conseil national de la paix, les autorités régionales et les chefs traditionnels, la GCBC a également aidé à résoudre des conflits communautaires dans la région de la Haute-Est, notamment entre Doba et Kandiga.

Cependant, Mgr Gyamfi a déploré la réalité sociopolitique « complexe » du Ghana, soulignant que, malgré son image de phare de la démocratie et de la paix en Afrique de l’Ouest, le pays est miné par l’inégalité, la corruption et la violence récurrente, qui menacent son tissu moral.

Évoquant la situation politique, il a noté que si le Ghana a connu plusieurs scrutins pacifiques depuis 1992, les élections de 2024 ont révélé de « profondes fractures » dans la culture politique nationale, avec 106 arrestations, plusieurs morts et de nombreux blessés liés aux violences post-électorales.

Mgr Gyamfi a aussi dénoncé la dégradation de l’environnement et l’exploitation minière illégale (galamsey), qu’il a qualifiées de « fléau corrodant la terre et l’âme morale de la nation ».

« En 2023, plus de 60 % des rivières et cours d’eau du Ghana étaient pollués, 34 réserves forestières compromises et plus de 4 700 hectares de forêts détruits. Ce désastre n’est pas seulement écologique, c’est une tragédie morale et sociale », a-t-il averti.

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Il a ajouté que les plus pauvres, en particulier les femmes et les enfants, sont les premières victimes de cette destruction, subissant l’eau empoisonnée, la stérilité des terres et la perte de leurs moyens de subsistance.

« La destruction de l’environnement est une forme silencieuse de violence contre les plus vulnérables, un péché contre la création elle-même », a-t-il déclaré.

L’Assemblée plénière 2025 de la GCBC se tient sur le thème : « La synodalité au service de la justice et de la paix au Ghana ».

Pour Mgr Gyamfi, ce thème prolonge celui de novembre 2024 – « Année jubilaire : un temps pour proclamer le Christ, espérance de l’Église et du Ghana » – et invite à « incarner cette espérance ensemble, à écouter, discerner et agir comme un seul corps animé par l’Esprit Saint ».

« L’Église n’est pas une institution qui commande d’en haut, mais un peuple en marche, traduisant la foi en œuvres de justice et de paix dans notre contexte national », a conclu l’évêque de Sunyani.

Agnes Aineah