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«Le dialogue ne marche plus» : Les évêques horrifiés par l’aggravation des combats au Soudan et au Soudan du Sud

Les membres de la Conférence des Évêques Catholiques du Soudan et du Soudan du Sud (SSS-CBC) ont exprimé leur consternation face aux combats persistants dans les deux pays, déplorant que le dialogue ne semble plus fonctionner pour résoudre les conflits.

Dans un message publié à l’issue de leur Assemblée Plénière du 7 au 14 novembre, tenue dans le Diocèse catholique de Malakal au Soudan du Sud, les membres de la SSS-CBC se sont dits « profondément troublés » par les atrocités continues contre les civils au Soudan et au Soudan du Sud, exprimant leur inquiétude que le dialogue ait été remplacé par les intérêts égoïstes des parties aux conflits.

Au cœur de la 51ᵉ Assemblée Plénière annuelle des évêques, organisée sous le thème « Construire la paix, guérir les blessures et renforcer l’unité », figuraient les trajectoires actuelles du conflit et du processus de paix au Soudan et au Soudan du Sud, en particulier au Soudan où des « atrocités abominables » ont été signalées, notamment dans la région d’El Fasher tombée aux mains des rebelles le 23 octobre.

« Après avoir prié, réfléchi et échangé sur la situation pastorale de nos deux pays, nous nous trouvons profondément perturbés par les conflits dévastateurs continus et les accords de paix non respectés dans les deux pays, surtout avec l’aggravation de la situation en 2025 », ont dit les responsables de l’Église catholique dans le message partagé avec ACI Afrique jeudi 13 novembre.

Ils ont déploré : « Il est alarmant que le dialogue ne soit plus perçu comme un moyen d’harmonie, de guérison, de réconciliation et d’unité. Au lieu de rechercher le dialogue, les intérêts égoïstes ont pris le dessus et ont déclenché la violence. »

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Les évêques catholiques ont déclaré que l’échec du dialogue avait aggravé les crises humanitaires au Soudan et au Soudan du Sud, entraîné la haine communautaire et une propagande divisive, et déstabilisé les moyens de subsistance.

Selon eux, l’ensemble de la situation contribue aux déplacements récurrents, à la mauvaise gestion des ressources publiques, à la faim généralisée et à une famine imminente.

Dénonçant ce qu’ils ont qualifié de « conditions humaines épouvantables » au Soudan et au Soudan du Sud, les évêques ont exprimé leur proximité spirituelle avec les populations affectées par la violence dans les deux pays.

Ils ont affirmé que la lutte pour le pouvoir entre les gouvernements et les groupes d’opposition au Soudan et au Soudan du Sud manque de respect pour la dignité humaine, « est foncièrement nuisible et malicieusement égoïste ».

« D’autre part, notre terre regorge de ressources, qui sont détournées par des individus pour leur luxe, créant des clans de partisans, tandis qu’une pauvreté extrême est imposée aux populations. Cette attitude doit changer pour que la bonne gouvernance puisse s’enraciner », ont-ils déclaré.

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Ils ont ajouté : « Nous vous rappelons fermement que diriger, c’est servir ; le pouvoir sans service est une perte de direction. »

Les évêques ont également dénoncé les « divisions ethniques, tribales et même intertribales sans précédent » dans la région, au nom de la politique.

Évoquant l’indépendance du Soudan du Sud, la plus jeune nation du monde née en 2011, ils ont affirmé : « Une nation née d’une lutte pour la liberté a de grandes chances de rester unie, à moins que la vision qui a maintenu le peuple ensemble ne soit perdue. »

« L’unité dans la diversité parmi les tribus, groupes ethniques et communautés du Soudan et du Soudan du Sud a toujours été une source de force dans le contexte de leurs histoires, religions, races et cultures. Cette richesse de diversité ne doit pas être gâchée par des politiques divisives et à courte vue », ont-ils poursuivi, ajoutant : « Un avenir prospère repose sur une coexistence harmonieuse. »

Les responsables de l’Église ont également tiré la sonnette d’alarme concernant le rapatriement forcé de Sud-Soudanais depuis le Soudan, « sans tenir compte du bien-être de leurs enfants et autres membres de famille qui dépendent d’eux », et ont appelé les deux gouvernements à trouver une solution juste.

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Les évêques ont demandé la mise en œuvre complète de l’Accord revitalisé de 2018 sur la résolution du conflit au Soudan du Sud (R-ARCSS) par toutes les parties afin de restaurer la confiance du peuple et « d’engager un dialogue sincère ».

Ils ont également appelé les parties au conflit au Soudan à reprendre les pourparlers pour mettre fin aux souffrances de la population.

Les évêques ont exprimé leur solidarité avec les populations affectées par la violence au Soudan et au Soudan du Sud et ont réaffirmé leur engagement à continuer de promouvoir le dialogue dans les deux pays.

« En tant que vos pasteurs par la grâce de Dieu, nous souhaitons vous assurer, peuples du Soudan et du Soudan du Sud, que nous partageons votre douleur et votre souffrance et que nous sommes déterminés à poursuivre une plaidoyer constant pour le dialogue, la réconciliation, la guérison, l’unité et la paix, tant auprès des dirigeants politiques qu’auprès des communautés de base », ont-ils déclaré.

Ils ont ajouté : « Nous demandons vos prières pour que nos dirigeants, au gouvernement comme dans l’opposition, s’ouvrent davantage à un dialogue sincère et amical. »

Ils ont lancé un appel à la prière pour mettre fin aux souffrances dans les deux pays : « Nous, vos évêques, invitons chaque paroisse, communauté religieuse et famille à consacrer des moments quotidiens de prière et de jeûne pour la paix. »

« Que nos églises deviennent des sanctuaires d’espérance, où tous puissent trouver guérison, unité et force renouvelée », ont-ils conclu.

Agnes Aineah