Advertisement

Côte d’Ivoire : Les évêques catholiques dénoncent les violences post-électorales et appellent à la réconciliation

À l’occasion de la Journée Nationale de la Paix, célébrée chaque 15 novembre en Côte d’Ivoire, les évêques catholiques du pays ont exprimé leur inquiétude face aux violences post-électorales et ont exhorté les responsables nationaux à privilégier le dialogue, la réconciliation et des actions concrètes en faveur d’une paix durable.

Dans un message rendu public par la Commission Justice, Paix et Environnement, les membres de la Conférence Épiscopale de Côte d’Ivoire (CECCI) condamnent les affrontements meurtriers survenus après l’élection présidentielle du 25 octobre. Ils soulignent que ces tensions rappellent les crises électorales qui secouent le pays depuis plus de trente ans.

« Au lendemain de l’élection présidentielle—que nous espérions, pour une fois, juste, transparente, inclusive et pacifique—nous constatons un climat préoccupant. Comme chacun le sait, cette situation résulte d'une succession d'événements opposant le gouvernement et l’opposition, en particulier autour de l’interprétation de la Constitution », déclarent les CECCI dans le message du 15 novembre, célébrant la 29ᵉ Journée Nationale de la Paix.

Ils ajoutent : « Depuis plus de trois décennies, notre pays est secoué par de fortes tensions et des affrontements récurrents à chaque élection présidentielle. Malheureusement, tous nos appels, exprimés dans nos messages et lettres pastorales, n’ont pas encore reçu la réponse nécessaire de la part des acteurs concernés. »

Les évêques déplorent les récents affrontements meurtriers à Nahio, Kami, Agboville et Yassap, affirmant que les images et témoignages provenant de ces localités « choquent et attristent ».

Advertisement

« Nous devons abandonner la logique de la violence et de la guerre sous toutes ses formes. La guerre n’est jamais le chemin vers la paix. Elle en est l’échec. La violence n’est jamais la réponse à la souffrance ; elle ne fait que l’amplifier », affirment-ils.

Ils soulignent que « toute vie humaine est un don de Dieu et doit être respectée et protégée. Il est du devoir de tous—responsables publics, communautés, familles et individus—de prendre les mesures nécessaires pour défendre la vie et la dignité humaine en toutes circonstances. »

« Nous en appelons à la conscience de tous les hommes et femmes de bonne volonté : que nul ne laisse l’ambition du pouvoir éclipser la valeur sacrée et inviolable de la vie humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu », poursuivent les responsables catholiques.

Le président Alassane Ouattara a obtenu un quatrième mandat à l’issue de l’élection présidentielle du 25 octobre, avec un score annoncé de 89,8 %.

Dans leur message du 15 novembre, les évêques invitent les dirigeants politiques à trouver en eux « la force et la sagesse d’écouter le cri et les larmes d’un peuple plongé dans le désarroi ».

Plus en Afrique

« Nous vous supplions instamment de prendre des mesures fortes pour dissiper les sombres nuages de pessimisme qui pèsent sur notre pays. Il est de votre devoir sacré de rassurer, d’apaiser et d’unir les Ivoiriens dans la vérité et dans une justice droite, équitable et non sélective, surtout au moment où le tissu social est profondément dégradé », affirment-ils.

Les évêques mettent en garde : « Il suffit d’observer les actes ou d’entendre les propos haineux qui se répandent à un rythme alarmant dans nos communautés—signe de profondes divisions dans la société ivoirienne. Ce climat ne peut perdurer sans mettre en danger l’avenir même de notre nation. »

Ils appellent à « un sursaut de conscience et à une action politique empreinte d’humanité, de courage et de responsabilité, afin de redonner espoir à un peuple qui aspire simplement à vivre ensemble dans la dignité, la sécurité et la justice. »

« Oui, être artisans de paix, bâtisseurs d’unité et d’espérance, c’est marcher sur les traces de Dieu Lui-même. C’est choisir l’amour plutôt que la haine, le pardon plutôt que la vengeance, le dialogue plutôt que la discorde », déclarent-ils.

Pour les évêques, « Accueillir la paix du Christ conduit à un travail intérieur, déracinant l’orgueil et apaisant la colère. »

Advertisement

« Accueillir la paix du Christ exige de maîtriser notre langue, d’éviter d’alimenter les tensions, de ne pas encourager les divisions », ajoutent-ils, affirmant que cette paix « fait de nous des artisans de paix, des bâtisseurs d’unité et d’espérance favorisant des rencontres fraternelles. »

Ils concluent : « Dans la foi, confiants en la bonté de Dieu, soyons des acteurs de paix—osons poser des gestes de paix. Ainsi, nous pourrons avancer vers l’idéal national exprimé dans notre hymne : une patrie de vraie fraternité, où règnent confiance, solidarité, dialogue, liberté, amour et paix. »

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.