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Un évêque catholique nigérian appelle à un « sérieux renouveau » du clergé pour faire face aux accusations d’abus sexuel

L’Ordinaire du lieu de l’Archidiocèse catholique d’Abuja au Nigeria a appelé à un « sérieux renouveau » de la « culture cléricale » dans laquelle évoluent les membres du Clergé, afin de répondre aux allégations d’abus sexuels dans l’Église.

Dans son intervention sur « L’abus des pouvoirs sacerdotaux et son impact sur les laïcs » lors du quatrième Synode diocésain du Diocèse catholique d’Enugu, Mgr Ignatius Ayau Kaigama a déclaré que la crise des abus sexuels sur mineurs a non seulement « compromis » la mission de l’Église, mais aussi « blessé notre crédibilité ».

« La culture cléricale dans laquelle vivent les évêques et les prêtres nécessite, à bien des égards, un sérieux renouveau », a déclaré Mgr Kaigama le mardi 18 novembre, troisième jour de cet événement de sept jours qui doit s’achever le 22 novembre.

Il a souligné la nécessité « d’une auto-analyse critique, d’un examen et d’une introspection » parmi les membres du Clergé : « Nous devons regarder en nous-mêmes et reconnaître que nous devons vraiment changer quelque chose de l’intérieur. »

« On a observé que cette crise dans l’Église est une question de responsabilité et de transparence. Mais, plus important encore, en son cœur, c’est une crise de fidélité personnelle », a poursuivi Mgr Kaigama.

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Il a ajouté que les abus sexuels sur mineurs constituent également « une crise » liée au non-respect des enseignements du Christ, soulignant que « s’il existe une crise quelconque dans le sacerdoce, c’est celle de ne pas suivre Jésus-Christ et de ne pas vivre selon son enseignement. »

L’archevêque nigérian a déploré que de nombreux prêtres et évêques innocents soient critiqués en raison « d’un sophisme logique ».

« À cause des fautes de quelques-uns, nous, prêtres et évêques, sommes tous critiqués, et j’appelle cela un sophisme logique. Nous sommes coupables par association », a-t-il dit.

« Les brebis ne savent plus si leurs clercs sont des bergers, des mercenaires ou des loups », a déclaré le prélat, notant que les allégations d’abus sexuels ont engendré « un scepticisme fondé des brebis envers leurs bergers ».

Tout en reconnaissant que « l’Église n’a jamais été parfaite », Mgr Kaigama s’est dit préoccupé par les condamnations généralisées du clergé : « Nous avons plus de 400 000 prêtres catholiques et plus de 5 000 évêques dans le monde, et tous accomplissent un travail immense et très sacrificiel. »

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« Cependant, ces bonnes actions semblent facilement s’évaporer dans le jugement des gens lorsque les faiblesses humaines de certains membres du Clergé font surface. Une seule faute d’un prêtre fait la une des médias », a-t-il regretté.

Il a ajouté : « En réalité, certains médias subsistent en identifiant et en amplifiant les scandales cléricaux. Des créateurs de contenu sur Facebook récoltent des “likes” en racontant des histoires sur les prêtres par des généralisations injustes et mensongères, visant souvent à ridiculiser ceux qui ont choisi la vocation sacrée et fait des vœux de pauvreté, de chasteté ou d’obéissance. »

Le prélat a toutefois averti les membres du Clergé de ne pas croire que ces critiques disparaîtront d’elles-mêmes.

« Tout responsable d’Église aujourd’hui qui ne prépare pas son diocèse, sa paroisse, son organisation ou son mouvement à ce type d’exposition commet, selon moi, une faute grave de gestion », a-t-il déclaré.

Le prélat nigérian, évêque depuis avril 1995, a relevé que, bien que « de nombreux prêtres soient bons, sincères et travailleurs », certains laïcs expriment encore des préoccupations concernant « l’avidité, l’arbitraire, le matérialisme, la cupidité, la tromperie et la polarisation ethnique, clanique ou sociale au sein de la communauté paroissiale ».

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« Cela se passe dans notre Église, dans nos paroisses », a-t-il insisté, soulignant que « la différence entre l’Église et le monde doit rester très claire ».

Il a ajouté : « Personne, dans son bon sens, ne croit encore que les scandales sont un outil pour discréditer l’Église. Dire : “Oh, ils mentent contre l’Église”, n’est plus crédible. Parfois, ces histoires sont vraies. »

Mgr Kaigama a exprimé l’espoir que les leaders de l’Église aient tiré des leçons pour devenir « plus responsables de leurs actions, publiques et privées ».

Encourageant les prêtres à rester fidèles à leur vocation, il a déclaré : « Ne soyons pas découragés. Voyons ce qui se passe comme un émondage de la part de Dieu. Dieu nous taille. C’est une purification nécessaire, une invitation à grandir vers une nouvelle maturité. »

« Comprenons cela bibliquement. Les accusations portées contre nous — qu’elles relèvent de l’ordre sexuel, du matérialisme ou du culte de la personnalité — sont un appel à une foi, une compassion et un amour plus profonds », a-t-il poursuivi.

Le prélat a également invité les laïcs à soutenir spirituellement les prêtres et à faire preuve d’équité dans leurs critiques, soulignant que beaucoup d’entre eux « ont tant sacrifié dans leurs combats intérieurs ».

Il a déclaré : « Il y a une guerre intérieure chez le prêtre dont vous n’avez pas idée. Certains prêtres, depuis 10 ans, 30 ans, 50 ans, se battent encore. Soutenez-les, chers laïcs. Priez pour eux. »

« Voyez-les comme vos frères, vos oncles, vos aînés. Une critique sans amour créera l’inverse de la synodalité que nous recherchons. Ce n’est pas une guerre entre clergé et laïcs. C’est une coresponsabilité, une collaboration entre clergé, religieux et laïcs », a conclu Mgr Kaigama.

 

Nicholas Waigwa