La Sœur Lando fait remonter ce parcours à son père, qu’elle décrit comme un « mwalimu (enseignant), maître de chœur et catholique fervent », un homme qui valorisait profondément l’éducation et lui avait promis la meilleure école si elle obtenait les notes requises. Elle les obtint. Mais la famille n’avait pas les moyens de payer les prestigieuses écoles provinciales où elle avait été admise.

Son père lui proposa une alternative : une toute nouvelle école de jour dirigée par les School Sisters of Notre Dame (SSND). Elle se souvient qu’il lui dit : « Cette école est bien… Je sais que tu aimeras y étudier… Et les frais ne sont pas élevés. » Avec seulement deux salles de classe, l’école ne ressemblait pas au rêve qu’elle avait en tête. « Mon premier jour… n’a pas été joyeux », admet-elle.
Mais les Sœurs encouragèrent les filles, leur expliquant que « Mgr Sulumeti construisait l’école… pour les filles vulnérables issues de familles en difficulté financière ». L’établissement porterait le nom de Bishop Sulumeti Girls High School, « notre bouée de sauvetage », écrit-elle dans sa réflexion partagée le 21 novembre.
Pendant quatre ans, les élèves « voyaient » Mgr Sulumeti chaque semaine, supervisant personnellement la construction de l’école. Il arrivait souvent accompagné « d’une belle sœur, grande et élancée… en habit gris soigneusement repassé », raconte-t-elle, évoquant la sœur biologique de l’Évêque, Sœur Philippa Sulumeti des SMK, éducatrice à part entière.
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Ces visites offraient des leçons bien plus profondes que les murs qui s’élevaient. La Sœur Lando note que le grand travail exige des collaborateurs, et ajoute : « J’ai appris de vous, Évêque Sulumeti, que j’ai besoin de personnes significatives pour compléter mon travail. » Son souci d’excellence était sans compromis. Elle se souvient du jour où « il ordonna au constructeur de démolir une salle de classe mal bâtie et de la reconstruire ». Pour elle, ce n’était pas du gaspillage : c’était de la dignité.
Un évêque qui formait des cœurs, pas seulement des écoles
Conformément à la promesse de son père, l’école mit en place un programme de travail-études : jardinage, entretien, responsabilité. Et elle témoigne : « Aucune fille n’a jamais été renvoyée pour des frais scolaires impayés. » La vision éducative de Mgr Sulumeti n’était pas transactionnelle ; elle était pastorale.

Son souci paternel se poursuivit dans la vie adulte de la Sœur Lando. Pendant ses études universitaires à DU, Mgr Sulumeti la visita trois fois pour « prendre de mes nouvelles et fortifier ma foi catholique dans un environnement non catholique ».
L’un de ses souvenirs les plus émouvants vient de Rome, durant ses études doctorales. Épuisée et affamée après une longue journée, elle s’apprêtait à se reposer lorsqu’un message par interphone la convoqua en bas : « Scendi subito ! Hai un ospite ! (Descends ! Tu as un visiteur.) » Là, il l’attendait. Dès qu’elle entra, il « se leva, m’embrassa et dit : “Je suis venu prendre de tes nouvelles.” » Elle pleura, comprenant la portée de ce geste.

À chacune de ses trois visites à Rome, il lui demanda de rassembler le clergé kenyan et les religieux pour un dîner — des soirées mémorables au restaurant chinois du Vatican, où « nous mangions et buvions à satiété, parce que vous régliez toujours l’addition pour tous ». À son retour, Mgr Sulumeti racontait dans les paroisses « qu’il avait visité la Sœur Lando à Rome et qu’elle allait bien ».
« Qui fait cela ? » demande-t-elle. « Seul quelqu’un dont la vocation dépasse la fonction. »
Un héritage écrit dans des vies
En réfléchissant à son parcours, la Sœur Lando écrit : « Je suis ce que je suis aujourd’hui grâce aux deux salles de classe de Bishop Sulumeti Girls High School… parce que vous saviez que l’éducation ouvrirait des portes à des filles comme moi. » Aujourd’hui, les diplômées de cette modeste école sont « dispersées à travers le monde, touchant des cœurs et transformant des vies », preuve d’un pasteur qui croyait au potentiel de chaque enfant.

« Nos vies portent vos empreintes », affirme-t-elle. « Nous nous tenons debout aujourd’hui parce que vous nous avez élevées. »
Alors que le peuple de Dieu confie Mgr Sulumeti à Dieu, la Sœur Lando implore : « Priez pour nous afin qu’ayant reçu de vous la lumière et l’amour de Dieu, nous ayons, comme vous, la grâce d’ouvrir une porte à quelqu’un qui croit qu’elle est fermée. »
Elle conclut en rappelant les paroles de saint Paul VI : « L’homme moderne écoute plus volontiers les témoins que les maîtres… » Mgr Sulumeti, insiste-t-elle, fut les deux pendant 59 ans de sacerdoce et 53 ans d’épiscopat — un témoin qui a vécu pleinement sa vocation.
« Que le bon Dieu, que vous avez fidèlement servi sur terre, vous accorde le repos éternel auprès de Lui au ciel. Amen ! » conclut-elle dans sa réflexion partagée avec ACI Africa le 21 novembre.