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Angola, São Tomé-et-Príncipe : les évêques catholiques alertent sur le déclin moral et la faiblesse des institutions

Les membres de la Conférence épiscopale d’Angola et de São Tomé et Príncipe (CEAST) ont averti que le déclin moral, la faiblesse des institutions et la priorité accordée aux intérêts privés au détriment du bien commun aggravent la crise sociale et politique dans les deux pays.

Présentant la Charte d’engagement issue du récent Congrès national sur la réconciliation lors d’une conférence de presse à Luanda, le 22 novembre, le Président de la CEAST, Mgr José Manuel Imbamba, a déclaré que l’Angola a besoin d’un effort national unifié et soutenu pour répondre aux faiblesses structurelles qui minent la cohésion sociale.

Mgr Imbamba a expliqué que les conclusions contenues dans la Charte résultent d’un vaste processus consultatif fondé sur des dialogues, témoignages et réflexions recueillis durant le congrès tenu du 6 au 9 novembre.

Selon l’Archevêque catholique, « l’insuffisance du sens civique, l’instrumentalisation politique des institutions et la normalisation de l’impunité » ont été identifiées comme des causes contribuant à la persistance des tensions, des inégalités et des cycles de violence sociale et politique.

Il a dénoncé les « expressions persistantes de manque de respect pour la dignité humaine », manifestées par des pratiques d’exclusion, une rhétorique hostile et des attitudes qui affaiblissent le dialogue.

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« Ces tendances ont fragilisé la cohésion nationale et alimenté une culture de méfiance, freinant la construction de consensus et une réconciliation effective », a déclaré l’Ordinaire local de l’Archidiocèse de Saurimo en Angola.

Il a appelé l’État, les institutions et tous les acteurs sociaux à assumer la responsabilité de « restaurer la vérité historique, promouvoir la justice et créer un environnement où chaque citoyen se sent respecté et reconnu comme partie intégrante de la nation », affirmant que la paix durable dépend de cet engagement collectif.

« La persistance de blessures non traitées et le silence autour des épisodes marquants de l’histoire récente empêchent la guérison nationale et prolongent les sentiments de douleur et de ressentiment », a déclaré Mgr Imbamba, soulignant que la réconciliation exige « transparence, vérité et courage moral ».

Il a insisté sur la nécessité d’affronter les fautes du passé sans crainte, afin de créer les bases d’un avenir où les souffrances et les pertes sont reconnues et honorées avec dignité.

Le Président de la CEAST a pointé l’insuffisance des mécanismes actuels de responsabilisation, soutenant qu’une paix durable est impossible sans des processus crédibles de vérité, de justice et de réparation.

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À cet égard, il a proposé de remplacer la CIVICOP (Commission pour l’exécution du plan de réconciliation), pilotée par le gouvernement, par une Commission indépendante Vérité et Réconciliation composée d’organismes ecclésiaux, d’organisations de la société civile et de personnalités nationales reconnues.

Mgr Imbamba a également recommandé la création d’un programme national de documentation et de préservation de la mémoire, comprenant des témoignages de victimes et de familles, des archives indépendantes, des centres communautaires de soutien et des pôles d’éducation à la paix.

Il a plaidé pour des politiques publiques favorisant le dialogue et la tolérance, ainsi que pour des mécanismes permettant d’offrir des compensations ou des réparations symboliques aux victimes de violences passées.

Le Président de la CEAST a souligné la nécessité d’un organe indépendant chargé de suivre la mise en œuvre des propositions du Congrès, afin de garantir que les recommandations produisent de véritables changements et ne restent pas théoriques.

Il a mis en avant l’importance de la formation éthique des responsables politiques, économiques et religieux, avertissant que le « renouveau moral du pays dépend de l’intégrité de ceux qui exercent le pouvoir ».

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Mgr Imbamba a également encouragé la revitalisation des pratiques traditionnelles angolaises de résolution communautaire des conflits, estimant que la réconciliation doit être à la fois institutionnelle et culturelle.

Les communautés locales, a-t-il dit, doivent être « habilitées à cultiver l’écoute, la médiation, le pardon et la guérison des relations ».

« La réconciliation nationale n’est pas un acte isolé mais un chemin qui exige un engagement quotidien, une vérité sincère et la volonté de construire un pays pour tous », a conclu Mgr Imbamba.

João Vissesse