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Un évêque catholique en RDC dénonce la « crise de fraternité » dans un contexte de meurtres à l'est du pays

Mgr Sébastien-Joseph Muyengo, évêque du diocèse catholique d'Uvira, a averti que la République démocratique du Congo (RDC) était confrontée à une « crise de fraternité » alimentée par l'escalade de la violence, les massacres et les pillages généralisés, en particulier dans les provinces orientales du pays.

Dans une lettre pastorale à l'occasion de la première commémoration liturgique de quatre martyrs congolais, dont trois membres des missionnaires xavériens et un prêtre, Mgr Muyengo a souligné que la paix est indissociable du développement humain.

Dans son message à l'occasion de la première commémoration liturgique, le 28 novembre, des quatre missionnaires béatifiés le 18 août 2024 en tant que « témoins de la fraternité », l'évêque congolais a déclaré que leur exemple de don de soi et de fraternité contrastait fortement avec un contexte national marqué par la guerre, la brutalité et le pillage des ressources naturelles.

« En cette période difficile marquée par les guerres, la violence, les meurtres et aussi le pillage éhonté des ressources du pays – ressources destinées à nous rendre tous heureux dans une terre où Dieu a pourvu à tout ce qui est nécessaire –, nous devons admettre que la crise que nous traversons est une crise de fraternité », a déclaré le chef de l'Église catholique, avant d'ajouter : « Telle est la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui dans notre pays, en particulier dans sa partie orientale. »

« Nous devons vraiment nous demander ce qu'est devenue notre fraternité, notre solidarité qui, comme l'a dit Saint Jean-Paul II, n'est pas un sentiment de vague compassion ou de détresse superficielle face aux malheurs de nombreuses personnes, proches ou lointaines », a déclaré Mgr Muyengo.

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L'évêque a déploré que depuis plus de 30 ans, la RDC soit en proie à des guerres, tandis que d'autres nations, « y compris certaines qui nous font la guerre », ont considérablement progressé.

« Nous continuons à stagner. Il ne peut y avoir de paix véritable sans pain en quantité suffisante », a déclaré l'ordinaire d'Uvira.

Il a ajouté qu'en raison des conflits, toutes les structures de la RDC destinées à répondre aux besoins vitaux de la population, y compris les banques, les marchés et les industries, ont été fermées, et que celles qui restent ouvertes risquent d'être pillées ou vandalisées.

« Les routes deviennent impraticables, lorsqu'elles ne sont pas encombrées de postes de contrôle illégaux qui extorquent des sommes d'argent à des populations déjà appauvries. À cela s'ajoute la tragédie du changement climatique, qui fait monter le niveau des lacs, engloutissant des maisons et provoquant des inondations et des glissements de terrain », a déploré Mgr Muyengo.

Il a jugé regrettable que les autorités, au lieu de mobiliser des ressources humaines, matérielles, financières et stratégiques, perdent leur temps à signer des accords qui ne semblent pas garantir la souveraineté, l'intégrité territoriale, la stabilité ou la gestion indépendante des ressources du pays.

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Mgr Muyengo a invité toutes les parties aux conflits congolais à adhérer au Pacte social pour la paix et la coexistence harmonieuse, initié par les membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l'Église du Christ au Congo (ECC) afin de trouver, par un dialogue inclusif, les moyens de mettre fin à la crise qui, selon lui, s'est prolongée et compromet désormais tout l'avenir du pays.

En décembre 2023, le défunt pape François a reconnu le martyre des pères Luigi Carrara, Giovanni Didonè et Vittorio Faccin, tous trois prêtres missionnaires xavériens d'origine italienne, qui ont servi en RDC. Ils ont été martyrisés par des guérilleros antireligieux lors de la rébellion du Kwilu en 1964.

Par ailleurs, le père Albert Joubert, prêtre diocésain local né d'un père français et d'une mère africaine, a été tué aux côtés des trois prêtres missionnaires xavériens.

Mgr Muyengo a décrit les quatre hommes comme des « témoins évangéliques de la fraternité » et a imploré : « Prions par leur intercession afin que Dieu convertisse nos cœurs, en particulier ceux de nos dirigeants, à la véritable fraternité, qui est la garantie d'une paix juste et durable, et le lieu du pardon et de la célébration où nous travaillons et vivons ensemble, partageant notre pain quotidien. »

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.