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Les évêques catholiques du Tchad appellent à une réconciliation nationale qui « inclut la guérison des blessures »

Les membres de la Conférence Épiscopale du Tchad (CET) ont appelé à une réconciliation nationale respectant les « différentes étapes », avertissant que l’aggravation des divisions sociales, l’exclusion politique et la faiblesse des institutions démocratiques menacent la cohésion dans ce pays d’Afrique centrale.

Dans leur Message de Noël 2025, publié le 14 décembre, les membres de la CET exhortent les dirigeants politiques et religieux tchadiens à s’engager à guérir les blessures et à reconstruire la confiance entre les communautés.

Ils rappellent aux Tchadiens qu’ils sont « ambassadeurs du Christ », appelés à se réconcilier avec Dieu et entre eux.

« La réconciliation ne se limite pas à résoudre des désaccords ; elle inclut également la guérison des blessures. Au cœur d’un processus de réconciliation se trouve le pardon mutuel, qui exige généralement plusieurs étapes : surmonter les injustices ou la souffrance, écouter l’autre et essayer de comprendre son point de vue, présenter des excuses sincères, et enfin s’engager à changer pour éviter de répéter les mêmes erreurs », expliquent les évêques catholiques.

Ils soulignent que « la construction de la confiance peut prendre du temps et nécessiter un effort constant. Maintenir un dialogue toujours ouvert permettra de traiter d’éventuels nouveaux conflits et de renforcer les relations ».

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« Nous sommes tous appelés, individuellement et en communauté, à poser des actes concrets qui traduisent notre volonté de réconcilier en reconnaissant l’égalité en dignité. Cela se manifeste par la recherche de la vérité, le respect des différences, le pardon donné et reçu, la justice, la culture de la paix, etc. », ajoutent les membres de la CET.

Ils affirment : « Le moment est venu pour que les efforts des citoyens s’unissent à ceux des dirigeants afin d’ouvrir la voie à un avenir prometteur. Chaque Tchadienne et chaque Tchadien, chaque communauté humaine, chaque confession religieuse doit faire preuve de sincérité, de justice et de dépassement de soi pour parvenir à une véritable réconciliation ».

Ils expriment leur inquiétude face à ce qu’ils qualifient de « climat croissant de méfiance » parmi les Tchadiens, marqué par des divisions ethniques, religieuses et régionales, notamment les tensions persistantes Nord–Sud et musulman–chrétien.

Ils déplorent les conflits intercommunautaires récurrents et les affrontements entre éleveurs et agriculteurs, qui continuent de faire des victimes.

Ils soulignent également les obstacles à la réconciliation au sein des cercles religieux, notant qu’une collaboration insuffisante entre les leaders religieux affaiblit les efforts pour une coexistence pacifique, malgré certaines initiatives interreligieuses positives dans certaines régions.

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Dans ce contexte, les évêques catholiques rappellent au peuple de Dieu que Noël « est un temps favorable où Dieu visite son peuple. Cette visite apporte la réconciliation, car l’expérience du pardon rétablit la communion entre Dieu et l’humanité, et entre les hommes eux-mêmes ».

Dans un appel direct au Président de la République, les évêques catholiques demandent une amnistie pour les prisonniers.

« Cette demande naît de notre souci pastoral pour ceux qui vivent dans la détresse. Vous avez l’autorité pour remettre les peines. Un tel acte favoriserait fortement l’apaisement et la construction d’un vivre-ensemble pacifique par la réconciliation de tous les Tchadiens », affirment les membres de la CET.

Ils exhortent le gouvernement à promouvoir « une gouvernance inclusive, une justice équitable et le respect de la dignité humaine » et invitent les autorités traditionnelles à « intensifier leur rôle dans la médiation des conflits en utilisant des valeurs culturelles qui préservent la vie humaine ».

Les dirigeants de l’Église catholique encouragent également les jeunes, les leaders de la société civile, les leaders religieux et la communauté internationale à « rejeter la violence, le fondamentalisme et les intérêts égoïstes, et à promouvoir le dialogue, la compétence et le bien commun ».

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Ils appellent le peuple de Dieu à renoncer à la « vengeance, à pardonner, car faire le bien n’est possible que par le véritable amour. Noël nous offre l’occasion de redoubler d’efforts pour dépasser ce qui nous divise et favoriser la réconciliation ».

« Que la Vierge Marie, Notre-Dame du Bon Conseil et de l’Espérance, nous accompagne sur ce chemin de réconciliation », implorent les membres de la CET.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.