Ils rappellent que le père Ssekabira a été enlevé le 3 décembre par « des agents de sécurité armés circulant dans des véhicules non immatriculés, sans mandat, sans identification et sans indication des motifs de l’arrestation ».
Les membres de l’UCLS ajoutent que le prêtre catholique ougandais a ensuite été « détenu au secret dans un centre de détention non officiellement reconnu, en dehors de la supervision de toute autorité de détention légalement établie ».
« Pendant dix jours, le lieu où se trouvait le prêtre a été dissimulé, sa famille, son diocèse et ses représentants légaux se sont vu refuser tout accès, et la loi est restée silencieuse », déplorent-ils, qualifiant cette période de dix jours de « disparition forcée, une pratique expressément interdite par la Constitution ougandaise, le droit interne et les obligations internationales contraignantes en matière de droits humains ».
Les avocats catholiques soutiennent que les circonstances entourant l’arrestation et la détention du père Ssekabira constituent « de multiples violations graves de la Constitution de la République d’Ouganda de 1995 ».
Ils citent notamment les dispositions garantissant la protection de la liberté individuelle, l’interdiction de la torture et des traitements cruels ou dégradants, le droit à un procès équitable et rapide, ainsi que les droits non dérogeables, y compris l’habeas corpus.
Les juristes catholiques avertissent que « l’utilisation de véhicules non identifiés, d’agents non identifiés, de lieux de détention secrets et le retard dans la divulgation de la détention sont des caractéristiques de pratiques sécuritaires inconstitutionnelles qui sapent l’État de droit et érodent la confiance du public dans les institutions de l’État ».
Abordant la question de la détention militaire, les membres de l’UCLS réitèrent que « les civils ne doivent pas être soumis à une détention ou à un procès militaires, sauf dans des circonstances strictement limitées prévues par la loi ».
Ils soulignent que « les allégations d’“implication dans des activités subversives” ne suspendent pas les garanties constitutionnelles », ajoutant que les Forces de défense du peuple ougandais (UPDF) « sont liées par la Constitution et ne peuvent remplacer une procédure pénale régulière par une détention militaire ».
Les avocats catholiques mettent également en garde : « Les préoccupations sécuritaires, quelle que soit la manière dont elles sont formulées, ne peuvent justifier l’enlèvement, le secret ou le déni de la procédure régulière. »
Dans leur déclaration du 14 décembre, les membres de l’UCLS adressent une série d’appels aux institutions de l’État, en commençant par les UPDF. Ils exhortent l’armée « à présenter immédiatement le Révérend Père Deusdedit Ssekabira devant un tribunal civil compétent », à lui accorder « un accès sans restriction à ses avocats, à sa famille et aux autorités ecclésiastiques », et à divulguer « la base juridique, le lieu de détention et les conditions de sa garde ».