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« Les médias ne doivent pas imiter, ni ajouter à l'alarme et à la confusion de l'IA » : Un évêque catholique au Nigéria

À l'occasion de la 58e Journée mondiale de la communication (JMC) célébrée le dimanche 12 mai, le président du Comité épiscopal panafricain pour les communications sociales (CEPACS) a mis en garde les professionnels des médias du continent contre l'alarmisme en ce qui concerne l'intelligence artificielle (IA).

Le message du Pape François pour la CMB 2024 poursuit sa réflexion sur l'IA. Publié sous le titre « Intelligence artificielle et sagesse du cœur : Vers une communication pleinement humaine", le Saint-Père renforce son appel à une “réflexion éthique” et à un “dialogue ouvert sur la signification de ces nouvelles technologies”, qu'il a lancé dans son message pour la 57e Journée mondiale de la paix 2024.

Dans sa réflexion pour la JMP 2024 partagée avec ACI Afrique, le Président de la CEPACS, Mgr Emmanuel Adetoyèse Badejo, partage des idées tirées du message du Saint-Père pour la JMP 2024.

« Pour être un allié utile, les médias ne doivent pas singer ou ajouter à l'alarme et à la confusion qui règnent autour de l'IA, mais s'inspirer de l'approche chrétienne qui consiste à garder le bien ultime de l'homme au centre de tout », déclare Mgr Badejo dans sa réflexion du dimanche 12 mai.

Il ajoute : « C'est important parce que, selon le pape François, cette période de l'histoire est juste en technologie et pauvre en humanité, et nos réflexions et décisions doivent commencer par le cœur humain ».

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« L'inclinaison du cœur est déterminante pour ce que nous permettons à l'intelligence humaine de devenir », ajoute l'Ordinaire du diocèse d'Oyo, au Nigéria.

Il poursuit : « Nous devons également suivre des modèles de régulation éthique afin de prévenir les résultats désagréables et malsains du progrès de cette technologie, à savoir l'exploitation, l'instrumentalisation et la commercialisation de l'humanité et des relations humaines. »

« Ainsi, le Pape nous guide pour que nous décidions de ne pas laisser l'IA anéantir l'IA (l'intelligence adamique) ou l'asservir. De même, nous ne devrions pas succomber et devenir le fourrage ou les victimes des algorithmes, mais insister pour conserver notre liberté de grandir dans la sagesse du cœur qui découle du Dieu tout-puissant", déclare Mgr Badejo.

Instituée en 1967 par le pape Paul VI, la CMB, qui offre l'occasion de réfléchir aux défis et aux opportunités des moyens de communication modernes, est célébrée le dimanche précédant la Pentecôte.

Réfléchissant au message du Saint-Père, Mgr Badejo déclare : « Les êtres humains ont toujours compris qu'ils n'étaient pas autosuffisants et ont cherché à surmonter leur besoin d'assistance et leur vulnérabilité en employant tous les moyens disponibles ».

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« Depuis les premiers artefacts préhistoriques, utilisés comme extension des bras, puis les médias, utilisés comme extension de la parole, nous sommes aujourd'hui capables de créer des machines hautement sophistiquées qui servent de support à la pensée. Chacun de ces instruments peut cependant être détourné par la tentation primordiale de devenir comme Dieu sans Dieu (cf. Gn 3), c'est-à-dire de vouloir saisir par nos propres efforts ce qui devrait au contraire être reçu gratuitement comme un don de Dieu, à savourer en compagnie d'autres personnes", déclare le président de la CEPACS.

Il ajoute : « Il est important de dire que l'IA existe depuis bien plus longtemps que nous ne voulons l'admettre, dans nos téléphones portables, nos télécommandes et nos ordinateurs. Mais aujourd'hui, elle est plus avancée et a plus d'impact parce qu'elle adopte même des caractéristiques et des comportements humains. »

L'évêque catholique nigérian, qui a été nommé membre du dicastère du Vatican pour la communication en décembre 2021, ajoute : « Aujourd'hui, l'omniprésence explosive de l'IA dans les affaires, l'économie, l'éducation, les relations sociales et même la religion semble en avoir déconcerté plus d'un et en avoir laissé plus d'un totalement enchanté. »

Il poursuit : « Certains suggèrent même que l'IA est devenue si puissante qu'elle est considérée comme une religion en soi, semblant omnipotente, exigeant l'allégeance et le “culte” des gens. »

« Nous pouvons identifier deux grands extrêmes : ceux qui sont totalement abasourdis et s'entichent de la nouvelle technologie comme d'un tout et d'un savoir, et ceux qui sont dégoûtés ou effrayés par les nouveaux développements au point de les diaboliser et donc de les rejeter complètement », déclare l'évêque nigérian de 62 ans qui a commencé son ministère épiscopal en octobre 2007 en tant qu'évêque coadjuteur du diocèse d'Oyo.

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Se référant au message du pape, il déclare : « Nous devons garder l'être humain au centre de nos réflexions et de nos activités, nous engager dans la technologie de l'IA et la gérer, malgré sa puissance, de telle sorte qu'elle n'entraîne pas un déplacement ou un écrasement de la personne humaine et des relations humaines. »

« Pour les chrétiens (et les autres croyants, je suppose), je pense que cela ne devrait pas être impossible. Lorsque vous avez été élevé dans l'intelligence divine (surnaturelle), c'est-à-dire dans la foi en Dieu tout-puissant, en particulier à travers Jésus-Christ, l'intelligence artificielle ne devrait pas vous submerger ou vous déconcerter", déclare Mgr Badejo.