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La corruption et l'absence de décentralisation parmi les obstacles au développement de Madagascar : Les évêques

Les membres de la Conférence épiscopale de Madagascar (CEM). Crédit : Vatican Media Les membres de la Conférence épiscopale de Madagascar (CEM). Crédit : Vatican Media

Les évêques catholiques de Madagascar ont identifié la corruption, l'absence d'une véritable décentralisation, la pauvreté, l'insécurité et la toxicomanie parmi les défis qui, selon eux, entravent le développement de la nation insulaire de l'Océan Indien.

Dans une déclaration transmise à ACI Afrique mercredi 15 mai, les membres de la Conférence épiscopale de Madagascar (CEM) déplorent le fossé croissant entre le « petit nombre » de riches et le « grand nombre » de pauvres dans ce pays insulaire situé au large de la côte sud-est de l'Afrique.

« Le coût de la vie augmente de façon exponentielle. L'insécurité règne toujours dans de nombreuses régions. De nombreuses routes nationales continuent de se détériorer et manquent d'entretien. Le pillage des richesses nationales, tant en termes d'exploitation que d'exportation, persiste", déplorent les membres du CEM.

Dans leur message daté du 9 mai, ils affirment que « la liberté d'expression et la compréhension mutuelle sont inexistantes. La production, le trafic et la consommation de drogue augmentent de façon disproportionnée ».

« Une petite partie de la population est aisée, avec de l'argent et des richesses d'origine douteuse, et devient de plus en plus riche, tandis qu'une grande partie sombre dans une pauvreté flagrante », ajoutent-ils.

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Les dirigeants de l'Église catholique considèrent la corruption comme un problème majeur qui est à l'origine d'autres problèmes dans le pays et déplorent l'inaction des autorités compétentes, affirmant que le vice « s'aggrave ».

« Nous ne cesserons d'affirmer que la corruption est l'une des principales causes de la pauvreté à Madagascar. Pourtant, ce mal ne cesse de s'aggraver dans notre pays", déplorent-ils, avant d'ajouter : »La corruption part de la base et va jusqu'aux plus hautes autorités. Ce sont souvent les personnes les plus en vue et les plus riches qui sont les commanditaires incontournables. »

Les membres de la CEM dénoncent également l'omniprésence de la corruption dans le pays : « Presque tous les secteurs de la vie nationale sont gangrenés par la corruption, même au sein de l'Église. Des institutions anti-corruption ont été mises en place, mais beaucoup se demandent à quoi elles servent, pour qui elles sont et pour qui.

À Madagascar, déplorent-ils, « rien n'est possible sans la corruption ou les pots-de-vin ».

« Face à la corruption, la loi est inexistante, invisible. Elle est devenue un système qui gère la vie quotidienne... Et ceux qui veulent dénoncer ou résister au paiement, sont soumis à des pressions, des pots-de-vin, des menaces, des mandats d'arrêt, la constitution de dossiers pour le procès... même les tentatives d'élimination physique sont à craindre", disent les chefs de l'Église catholique dans leur message du 9 mai.

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La nature systémique de la corruption dans le pays, disent-ils, « fait que les hommes et les femmes de bonne volonté abandonnent. En conséquence, l'illégalité gagne du terrain, alors que l'État de droit est toujours prôné ».

Un autre défi qui entrave le progrès et le développement de Madagascar, selon les membres du CEM, est « l'absence d'une véritable décentralisation ».

« La prise d'initiative et l'organisation des projets et des stratégies restent entre les mains du gouvernement central. Les autorités locales n'ont d'autre choix que de suivre les ordres et l'organisation du gouvernement central", déplorent les évêques catholiques.

Le système centralisé de gouvernance, disent-ils, « a donné naissance à la mentalité de toujours attendre l'État, malgré l'expertise locale qui pourrait réaliser le projet ».

« De plus, il y a un manque de compréhension mutuelle. En conséquence, ceux qui sont considérés comme des opposants ou des préjugés ne sont pas reçus, même s'ils peuvent proposer des vérités pour le bien du peuple", affirment les membres de la CEM.

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Les dirigeants de l'Eglise catholique regrettent que le gouvernement n'ait pas donné la priorité aux besoins des citoyens.

« Il n'y a pas de plan stratégique clair qui mette en évidence les priorités du peuple. La plupart des infrastructures construites ne répondent pas aux vraies priorités ou auraient pu être construites dans la brousse au profit de cette dernière, qui ne dispose pas d'installations", déplorent-ils.

Les membres du CEM exhortent le gouvernement à repenser le mode de gouvernance actuel et à se mettre au service de la population, en facilitant la fourniture de « nourriture et de vêtements, la scolarisation des enfants et, enfin, la possibilité de recevoir des soins médicaux, de l'électricité et de l'eau, et de travailler pour survivre ».

« Madagascar a besoin de dirigeants qui connaissent et sont prêts à répondre aux besoins de la population en fonction de leurs priorités. Ces priorités ne devraient pas faire l'objet de discours pendant la campagne électorale mais devraient être clairement visibles pendant le mandat", appellent-ils.

« Les infrastructures construites partout doivent respecter l'aspect esthétique de la beauté de la nature, qui demande à être soignée », affirment les membres du CEM.

Pour faire face au défi omniprésent de la corruption, les dirigeants de l'Église catholique plaident pour une éducation à l'intégrité qui, selon eux, « doit toujours être renforcée par la famille », en mettant l'accent sur « l'exercice des responsabilités ».

Les évêques catholiques reconnaissent « l'engagement » des citoyens malgaches, qui sont bien intentionnés dans leurs luttes quotidiennes, en disant : « Nous ne pouvons manquer de remercier et d'encourager les hommes et les femmes de bonne volonté qui sont fidèles à leur engagement malgré les sacrifices qu'ils doivent endurer. »

« Nous prions pour chaque famille, pour notre patrie et pour le monde, en aspirant à la paix et à la miséricorde », affirment les membres de la CEM.