Le premier évêque d'un nouveau diocèse catholique au Soudan du Sud appelle à l'unité lors de son installation

"L'Eglise n'est pas seulement l'évêque, les prêtres et les religieux ; c'est nous tous, ensemble", a déclaré un membre des Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus (MCCJ), d'origine italienne, en posant la question suivante : "Qui suis-je sans vous ? Qui est l'évêque sans son peuple ? Qui est un leader sans son peuple qui le soutient ?".

Il a salué la foi inébranlable du peuple sud-soudanais et l'a décrite comme une foi qui refuse d'abandonner même face à d'immenses difficultés.

"Comment pouvons-nous, en tant que personnes de foi, abandonner ? Comment pouvons-nous abandonner notre Seigneur, dont la puissance offre la vie éternelle ?", a demandé le chef de l'Église catholique, ajoutant : "Chaque déception est une occasion de chercher plus profondément, de voir plus loin, de s'efforcer d'obtenir une vie plus durable et plus abondante, de trouver une raison de continuer et de ne jamais abandonner. Je crois que c'est aussi une caractéristique de cette communauté. Les habitants de Bentiu, et en fait de tout le Soudan du Sud. N'abandonnez jamais. Jamais."

Mgr Carlgrassare, qui a été ordonné prêtre en septembre 2004 et envoyé au Soudan, où il a exercé son ministère dans le diocèse catholique de Malakal jusqu'à sa nomination épiscopale en mars 2021, a poursuivi : "Nous célébrons la vie et le don de la foi que nous avons reçus. Même si nous sommes reconnaissants, nous souffrons aussi à cause des immenses souffrances que notre pays et notre peuple endurent."

"Nous portons encore les cicatrices et les blessures de la rébellion, de ne pas être les frères et sœurs que nous sommes appelés à être, enfants du même Père. Même si nous portons la souffrance de nos péchés, nous sommes ici aujourd'hui pour nous réjouir et regarder vers l'avant avec espoir", a déclaré Mgr Carlassare.

Il a établi un parallèle entre les débuts du nouveau diocèse du Sud-Soudan et l'histoire biblique d'Elie, reconnaissant sa pauvreté matérielle mais célébrant la richesse spirituelle trouvée dans la foi et l'Eucharistie.

 

"Ce diocèse de Bentiu a commencé très pauvrement. Nous sommes vraiment très pauvres. Mais le peu que Dieu a mis entre nos mains est comme l'eau donnée à Elie. C'est le pain et le vin qui nous sont donnés dans l'Eucharistie, comme nous le voyons dans la lecture de l'Évangile d'aujourd'hui, qui nous porteront. C'est la richesse que nous avons, pas une autre, mais la présence de Dieu parmi nous ; notre foi qui ne faillira jamais, et Jésus qui nous conduira comme le maître de nos vies et le leader de nos communautés", a déclaré Mgr Carlassare.

Il a ensuite appelé à un engagement renouvelé pour surmonter les divisions. Le chef de l'Église catholique a déclaré : "La montagne de Dieu n'est pas de l'autre côté de la frontière, elle est ici avec nous. C'est notre capacité à surmonter les divisions, la haine et le non-sens, à nous tenir ensemble dans la solidarité pour construire une société, une ville et des villages où nous pouvons non seulement survivre mais aussi vivre avec dignité.

 

Le Vatican a annoncé le 3 juillet le transfert de Mgr Carlgrassare du diocèse de Rumbek au diocèse de Bentiu nouvellement érigé. Il avait commencé son ministère épiscopal à Rumbek en mars 2022 après que son ordination épiscopale ait été retardée de près d'un an à la suite de la tentative d'assassinat d'avril 2021, où il avait reçu une balle dans les deux jambes.

Dans son homélie du 11 août, Mgr Carlassare a souligné les dangers d'une vie axée uniquement sur la richesse matérielle, avertissant que de telles poursuites peuvent conduire à des conflits internes et à la pauvreté spirituelle.

"En temps de paix, les gens peuvent être tellement satisfaits d'eux-mêmes qu'ils ne pensent plus qu'aux affaires, à l'argent et à la paix. Mais ce modèle de paix, d'argent et d'affaires nous ramène à un certain conflit à l'intérieur de nous-mêmes", a-t-il déclaré.

Le chef de l'Église catholique a poursuivi : "Nous apprenons que ce n'est pas la solution. Nous sommes construits sur Dieu et sa royauté, et nous devons prendre Dieu au sérieux, ainsi que son Évangile et ses enseignements. Lorsque nous recevons ce don et reconnaissons que nous sommes créés par Dieu et unis en une seule famille, la famille de Dieu, nous acquérons la force de construire quelque chose de nouveau".

Il a réaffirmé son engagement à diriger son diocèse avec la force qui "vient de Dieu et non du pouvoir humain".

Mgr Carlassare a fait l'éloge des catéchistes qui, selon lui, ont jeté les bases de la foi dans l'État de l'Unité, et a encouragé la poursuite de leur ministère.

 

"Les catéchistes de ce pays ont accompli de grandes choses. Ils ont servi au milieu des conflits ; ils ont témoigné du Christ même lorsqu'il y avait peu de prêtres. Ils ont été les fondateurs de ce lieu et n'ont jamais abandonné les gens. Continuons à suivre leur exemple. C'est ainsi que nous construirons une Église forte dans le diocèse de Bentiu", a-t-il déclaré.

S'exprimant également au cours de la célébration d'installation, le célébrant principal, le cardinal Stephen Ameyu Mulla de l'archidiocèse catholique de Juba, a loué la résilience du peuple de l'État de l'Unité, notant que malgré les nombreux défis auxquels il est confronté, sa foi est restée inébranlable.

Avec son installation le 11 août, Mgr Carlassare devient le premier évêque catholique du diocèse issu du diocèse catholique de Malakal et le huitième siège épiscopal du Soudan Sud.

Le diocèse de Bentiu s'étend sur 37836 kilomètres carrés et compte 1 131 886 habitants, dont 621 643 fidèles catholiques, soit 54,92 % de la population totale du territoire du diocèse, selon les statistiques de 2024.