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"Arrêtez les atrocités commises sur des innocents”: propos des dirigeants catholiques à Abuja et Jos, Nigéria

Les dirigeants catholiques d'Abuja et de Jos réfléchissent à des mesures visant à mettre un terme à la violence entre les peuples Jukun et Tiv Conférence des évêques catholiques du Nigéria (CBCN) Les dirigeants catholiques d'Abuja et de Jos réfléchissent à des mesures visant à mettre un terme à la violence entre les peuples Jukun et Tiv
Conférence des évêques catholiques du Nigéria (CBCN)

La violence entre les Jukun et les Tiv dans l'État nigérian de Taraba et de Benue, dans les provinces ecclésiastiques d'Abuja et de Jos, a attiré l'attention des dirigeants des Églises de la région et a nécessité une réunion pour trouver des solutions afin de mettre fin au conflit.

"Aujourd'hui, la providence divine a amené certains d'entre nous, évêques et prêtres, en particulier dans les régions touchées par la crise de Jukun-Tiv, à réfléchir et à délibérer sur la manière dont le clergé catholique... (nous) pouvons aider à minimiser ou inspirer notre peuple à arrêter complètement les atrocités perpétrées contre des innocents", a déclaré l'archevêque coadjuteur d'Abuja, Mgr Ignatius Kaigama.

"Il est très embarrassant et même décevant que notre peuple, dont la plupart professent que le christianisme peut prendre les armes les uns contre les autres et commettre des atrocités les uns contre les autres en raison de différences tribales ou au nom de la lutte pour le contrôle économique ou politique ", déplore Mgr Kaigama lors de la rencontre du 8 octobre au Centre Dialogue, Réconciliation et Paix (DREP) à Jos, au Nigeria.

En août, un prêtre qui se rendait à Takum (l'une des villes touchées par la violence) pour une réunion de paix sur la façon de résoudre la crise entre les communautés belligérantes et les autres membres du clergé a été tué et brûler dans sa voiture.

Mgr Kaigama a exhorté les prêtres présents à la réunion du Centre DREP, dont la plupart sont des membres du clergé des diocèses de Jos et d'Abuja, à souligner la valeur de la réconciliation entre le peuple de Dieu dans leurs missions.

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Le prélat nigérian a encouragé le clergé à rester neutre et à " résister fermement à la tentation de prendre pour réalité ce qui pourrait être des récits historiques déformés, de simples préjugés, du chantage ou des histoires fabriquées qui n'ont aucun rapport avec la réalité mais qui mettent à rude épreuve les relations ".

Il a aussi mis ses confrères évêques au défi d'aller au-delà de l'ethnicité dans leurs rapports avec le clergé et les religieux en disant : " Ce sera une tragédie pastorale monumentale si les évêques ont désormais recours à l'affectation de prêtres en fonction de leur appartenance ethnique ".

"Nous devons nous rappeler la tragédie de l'expérience rwandaise où même certains prêtres, religieux et laïcs auraient oublié leur vocation chrétienne et, pour des raisons ethniques, auraient permis que des concitoyens soient tués ou mutilés simplement parce qu'ils appartenaient à un groupe ethnique opposé ", a déclaré Mgr Kaigama.

En retraçant l'origine de la crise Jukun-Tiv à la terre et aux différences ethniques non résolues, Mgr Kaigama a observé : " Nous savons comment les affrontements interethniques dans notre région ont éclaté et affecté Idoma-Tiv- Igala- Ogoja- Jukun - Kuteb-Alago, Eggon, Agatu et même Agila à Benue et Ngbo dans les États de Ebonyi. Ces conflits récurrents sont toujours liés aux questions foncières."

L'archevêque qui est aussi l'administrateur apostolique de l'archidiocèse de Jos a exhorté le gouvernement à engager "les jeunes dont l'oisiveté est aussi une cause majeure des conflits".

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Il a en outre appelé le gouvernement nigérian à recourir aux services d'experts "d'historiens, d'anthropologues, d'agents de sécurité, d'experts en démarcation des frontières, d'experts constitutionnels, d'organismes internationaux neutres (CEDEAO, UA, ONU) pour résoudre les revendications et contre revendications qui refusent de laisser régner la paix".

Ce n'est pas la première fois que la violence éclate entre les deux groupes. Des rapports indiquent que des violences similaires ont eu lieu en 1959, 1964, 1976, 1991 et 2001.

L'archevêque a exprimé l'espoir que leur rencontre aurait un impact et contribuerait à trouver une solution à la crise actuelle en disant : "Que nos réflexions d'aujourd'hui portent les fruits sociaux positifs de l'unité et de la paix".