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Un archevêque en Algérie: COVID-19 "déstabilise, nous pousse à creuser plus profondément, dans la foi"

Mgr Paul Desfarges, archevêque d'Alger en Algérie. Domaine public. Mgr Paul Desfarges, archevêque d'Alger en Algérie.
Domaine public.

Un archevêque jésuite, pasteur du peuple de Dieu dans l'archidiocèse d'Alger, en Algérie, a, dans une récente interview avec ACI Afrique, partagé l'impact du COVID-19 dans son expérience, disant que la pandémie a déclenché des moments de déstabilisation et une réflexion spirituelle plus profonde qui révèle "un certain lâcher prise dans les relations", y compris celle avec Dieu. 

"L'incertitude de la situation, qui se prolonge, déstabilise et nous pousse à creuser plus profondément, dans la vie de la foi, mais aussi dans la vie des relations, même à distance, en percevant mieux ce qui est le plus solide, le plus tangible dans ces moments incertains. En conséquence, nous faisons l'expérience d'un certain lâcher prise dans les relations et donc dans notre relation avec Dieu et dans la prière", a déclaré Mgr Paul Desfarges à ACI Afrique.

La maladie, qui a apporté "le sentiment intérieur d'une appartenance commune à une même humanité fragile et solidaire" a également révélé à l'humanité entière "ce qui nous rassemble et fait de nous des frères et sœurs", a déclaré Mgr Desfarges lors de l'interview du samedi 18 juillet.

"Nous devons donc poursuivre la communion dans la prière, la solidarité dans la prise en charge de ceux qui sont les plus fragiles et les plus démunis. Continuer à servir et à aimer", a ajouté l'archevêque d'origine française. 

L'Algérie, le plus grand pays d'Afrique, a enregistré au moins 23 691 cas de COVID-19, dont 1 087 décès et 16 400 guérisons. 

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Dans le cadre des efforts visant à prévenir la propagation de la maladie, le gouvernement algérien a fermé les lieux de culte et suspendu les rassemblements religieux dans le pays en mars.  

Dans l'interview du 18 juillet, Mgr Desfarges a exprimé son appréciation pour les médias numériques qui ont été engagés pour apporter la parole de Dieu aux fidèles dans le cadre des restrictions due au COVID-19.

"Les moyens de communication, les réseaux sociaux, ont progressivement révélé toute leur utilité et leur fécondité. Nous avons pu organiser avec succès des journées de formation en ligne, des retraites avec accompagnement en ligne", a déclaré le membre de la Compagnie de Jésus à ACI Afrique.

L'archevêque de 76 ans a ajouté en faisant référence à la façon dont les dirigeants de l'Eglise ont utilisé les médias numériques : "Les aumôniers peuvent atteindre les étudiants sur Facebook, WhatsApp, Instagram et les heures de culte en utilisant Zoom. La catéchèse s'est poursuivie dans les familles pour préparer la première communion. ”

"Nous n'avons pas vu le développement du retrait, au contraire. Il me semble que grâce au téléphone, à WhatsApp, Skype, Zoom ou autres, une réelle attention aux autres, aux absents, aux personnes âgées s'est développée", a encore dit l'archevêque dans son recueillement et a poursuivi, "Il ne s'agit pas seulement des liens dans la communauté chrétienne, mais aussi de toutes nos relations avec nos voisins et amis dans la société algérienne".

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Bien que le contact physique fasse défaut dans les lieux de culte, "l'expérience de la communion spirituelle (ou le désir) a accru la soif spirituelle", a déclaré Mgr Desfarges.  

"Mais je rends grâce pour la créativité pastorale qui a permis et permet encore de vivre ce temps de fermeture des lieux de culte non pas comme un temps d'isolement, mais comme un temps de réelle proximité avec l'Eglise. Le désir de se réunir pour célébrer ensemble est grand. Il y a un réel manque d'être ensemble qui est à la mesure de notre sentiment d'appartenance ecclésiale, qui a plutôt grandi", a-t-il ajouté. 

Il a reconnu la vie de prière au niveau de la famille et de la communauté en disant : "Beaucoup, oui beaucoup, prient seuls, en communauté, en famille, en communion avec l'Église universelle. ”