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Un Prélat sud-africain : "Nous pleurons le pillage en Afrique du Sud et la répression au Zimbabwe"

Mgr Victor Phalana, évêque du diocèse de Klerksdorp en Afrique du Sud. Domaine public Mgr Victor Phalana, évêque du diocèse de Klerksdorp en Afrique du Sud.
Domaine public

Un évêque catholique d'Afrique du Sud a, dans un post sur Facebook, dénoncé le pillage des ressources publique en Afrique du Sud et l'abus de pouvoir par la "répression" au Zimbabwe voisin, avertissant que la situation "devient de plus en plus mauvaise".

Dans le post Facebook du 5 août vu par ACI Afrique, Mgr Victor Phalana établit des parallèles entre la conduite de la direction du parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC) sous le président Cyril Ramaphosa, et celle du parti au pouvoir au Zimbabwe, l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (ZANU-PF) sous le président Emmerson Mnangagwa.

"Nous pleurons le pillage en Afrique du Sud et la répression au Zimbabwe", a déclaré l'évêque.

Il ajoute en faisant référence à l'ancien président immédiat, Jacob Zuma, qui a démissionné en février 2018 à la suite d'allégations de corruption : "Un jour, les Sud-Africains se sont réunis : Nous voulions mettre fin au règne de la terreur et à la culture de la corruption du régime Zuma. ”

Mgr Phalana exprime en outre sa déception face à la direction de l'ANC qui a promis une nouvelle aube dans le pays caractérisé par "des arrestations et des poursuites immédiates" des suspects de corruption en disant : "Rien de tout cela n'est arrivé, rien de tout cela n'est en train de se produire. C'est de pire en pire".

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Selon l'Ordinaire du lieu du diocèse de Klerksdorp en Afrique du Sud, qui est également président de la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC), la direction de l'ANC agit en toute impunité, "sans responsabilité ni transparence". ”

Il ajoute, en référence aux fonctionnaires de l'ANC, "Ils continuent le style Zuma en ignorant l'Auditeur général, le Protecteur public, l'Autorité nationale de poursuite (NPA) et d'autres institutions du Chapitre 9".

Le président sud-africain Ramaphosa, qui a pris ses fonctions après la démission du président Zuma, a fait l'objet de vives critiques concernant des allégations de corruption au sein de son gouvernement, la dernière en date étant le détournement présumé du fonds d'aide du COVID-19 du pays.

Les dirigeants de l'ANC n'ont aucune raison de se réformer et de revenir aux valeurs prônées par les militants anti-apartheid puisque "tout ce qu'ils sont déterminés à faire, c'est de piller, voler, dévaliser et ensuite démissionner", déplore Mgr Phalana.

Le pillage et la démission éventuelle des dirigeants de l'ANC, dit le prélat sud-africain de 59 ans, "est leur nouvelle habitude. Ils pillent et rassemblent autour d'eux des fous et des fanatiques pour les protéger et parler en leur nom".

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Ceux que les dirigeants corrompus ont utilisés pour "écraser leurs critiques" sont "les journalistes, les avocats, les célébrités, les agents de renseignement, les membres malhonnêtes des services de police, les hommes d'affaires, les pasteurs et les analystes politiques", déclare Mgr Phalana.

"Ces fanatiques sont vicieux. Ils se délectent des miettes du butin et sont prêts à tuer si vous essayez de défendre la justice et la vérité", déclare encore Mgr Phalana dans son post du 5 août sur Facebook et poursuit : "C'est exactement ce qui se passe au Zimbabwe. ”

Il précise : "La seule différence est que les dirigeants zimbabwéens n'utilisent pas seulement des supporters privés, des unités de voyous et des fanatiques ; ils utilisent également la police et les soldats pour écraser leur peuple et leurs opposants. ”

"La ZANU PF et l'ANC veulent manger - et ne laisser les restes qu'à leurs parents et amis. Il n'y a plus rien pour toi et moi", déplore le prélat, qui établit des similitudes entre les partis au pouvoir en Afrique du Sud et au Zimbabwe voisin.

Le président du Zimbabwe, Mnangagwa, a pris ses fonctions suite à la démission en 2017 de feu Robert Mugabe. Son leadership a été entaché par des allégations de corruption généralisée de l'État et de crise économique.

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"Les choses doivent changer", dit Mgr Phalana, qui ajoute : "Malheureusement, les partis d'opposition des deux pays ont beaucoup à faire pour nous convaincre qu'ils peuvent faire mieux".

Il recommande l'emprisonnement des dirigeants corrompus et de leurs complices en disant : "Nous voulons qu'ils y aillent par centaines, voire par milliers. Si cela n'est pas le cas, les prochaines élections ne se dérouleront pas bien pour le parti au pouvoir : aux niveaux local, provincial et national. Nos yeux sont ouverts. Nous n'écouterons pas leurs discours et leurs points de presse".

"Le Zimbabwe n'aura pas la vie facile. Tout en luttant contre la corruption en Afrique du Sud, nous lutterons également contre la répression et la brutalité au Zimbabwe, qui est pire que la Rhodésie de Ian Smith", déclare l'évêque.

La brutalité et la répression, dit-il encore, "sont le fait de Mnangagwa (Président) qui s'est réfugié en Afrique du Sud et a promis un nouveau mandat à son peuple. ”

"Nous devons nous assurer que lui et ses fonctionnaires n'assistent pas aux réunions de la SADC avant qu'il ne commence à traiter son peuple avec respect", dit Mgr Phalana en référence au président Mnangagwa.