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Un évêque en Sierra Leone : "Arrêtez le grand virus de la corruption" pour lutter contre COVID-19 en Afrique

Mgr Natale Paganelli administrateur apostolique du diocèse de Makeni en Sierra Leone, Domaine public Mgr Natale Paganelli administrateur apostolique du diocèse de Makeni en Sierra Leone,
Domaine public

Un prélat en Sierra Leone a, dans une réflexion sur COVID-19 en Afrique, identifié le "virus de la corruption" comme une pierre d'achoppement majeure dans la lutte contre la pandémie sur le continent.

"Nous devons arrêter le grand virus de la corruption qui bloque l'Afrique. Sinon, COVID-19 pourrait devenir, pour certains, une occasion d'obtenir des ressources pour leur profit personnel", déclare l'administrateur apostolique du diocèse de Makeni en Sierra Leone, Mgr Natale Paganelli.

Dans la réflexion publiée le vendredi 21 août par le journal du Vatican L'Osservatore Romano, Mgr Paganelli note que "il y a malheureusement ceux qui veulent que l'Afrique reste pauvre et ceux qui veulent que la corruption continue parce que de cette façon ils contrôlent les minéraux".

"Il est commode de maintenir l'économie africaine pauvre et dépendante de l'aide étrangère, afin de pouvoir contrôler sa richesse", dit le membre des Pères missionnaires Xavériens avant de lamenter, "la Sierra Leone est riche en minéraux, mais plus de 70% de la population est dans la pauvreté". 

C'est pourquoi le prélat dit : "Il est nécessaire que les Africains soient vigilants". 

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Depuis que le premier cas de COVID-19 a été confirmé en Sierra Leone fin mars, au moins 1 972 cas de cette maladie ont été signalés ; 69 patients sont morts et 1 542 se sont rétablis.

En juillet, les médecins qui traitaient les patients du COVID-19 en Sierra Leone se sont mis en grève pour cause de cotisations impayées, laissant les patients de certains des principaux centres de traitement sans soins.

Dans la réflexion du 21 août, Mgr Paganelli souligne d'autres défis auxquels le pays d'Afrique de l'Ouest est confronté dans la lutte contre la pandémie mondiale.

"En Sierra Leone, d'autres maladies et la faim tuent plus que COVID-19. Il y a quelques années, le virus Ebola a fait de nombreuses victimes : au moins cinq mille personnes. Nous avons vu des gens tomber malades et mourir", dit le prélat de 63 ans dans sa réflexion.

Il ajoute : "Le paludisme affecte aussi gravement le pays. Chaque année, plus de 1 000 enfants de moins de cinq ans meurent de la maladie et 40 % des patients hospitalisés présentent des symptômes de cette maladie. ” 

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Le prélat, né en Italie, qui est à la tête du diocèse de Makeni depuis 2012, ajoute que "la population doute du danger de COVID-19" et que les gens quittent "les hôpitaux et vont se faire soigner par des médecins locaux".

Les restrictions COVID-19 ont eu un impact économique sur la population de la Sierra Leone, provoquant des protestations sporadiques dans ce pays d'Afrique de l'Ouest pendant des mois.

Dans sa réflexion, le chef de l'Église exprime également son inquiétude quant à l'impact économique de la pandémie en disant : "Ce qui m'inquiète le plus, comme c'est le cas dans d'autres États africains, c'est l'impact économique de la maladie sur une population déjà pauvre qui lutte pour gagner ce qui est nécessaire pour ramener de la nourriture chez eux chaque jour".

"Les mines sont toujours fermées à cause du confinement, il y avait un couvre-feu, les gens ne pouvaient pas sortir dans la rue pour vendre leurs produits dans le commerce informel. La faim a augmenté de façon disproportionnée, et de la pauvreté, les gens sont passés rapidement à la misère", dit l'évêque.

Face à ces défis, Mgr Paganelli ajoute que la direction de l'Église, par le biais de Caritas Makeni, a fourni des palliatifs aux moins privilégiés du diocèse.

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"La Caritas diocésaine a distribué des denrées alimentaires avec le soutien de la Caritas italienne de la Conférence épiscopale italienne. Les Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) ont soutenu les prêtres, les religieux et les catéchistes engagés dans le développement humain et les activités pastorales", dit le prélat dans sa réflexion.

"Nous avons dû demander de l'aide pour distribuer du riz, des oignons, du sel et des épices afin d'assurer la survie des plus pauvres", poursuit Mgr Paganelli, qui ajoute : "Jusqu'à présent, la solidarité est grande. ”