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Servir le Seigneur « est une chose formidable » : un catholique nigérian de 87

Sir Lawrence Abu Moses Braimah, 87 ans, témoigne d’une foi inébranlable, d’une dévotion eucharistique et de décennies de service dévoué à l’Église.

Dans un entretien accordé à ACI Afrique en marge de la présentation et du lancement de son autobiographie intitulée « Divine Providence », ce Nigérian, membre de l’Ordre pontifical de Saint-Grégoire le Grand du diocèse catholique d’Idah, est revenu sur ce qu’il appelle une « expérience du Calvaire », qu’il décrit comme un parcours d’épreuves et de persévérance à l’image de la passion de Jésus-Christ.

« Dieu a été si bon envers moi ; c’est l’œuvre du Seigneur, et nous en sommes reconnaissants. C’est une grande chose de servir le Seigneur », a déclaré Sir Braimah à ACI Afrique, mardi 1er juillet.

Il a ajouté : « Quand on me demande le secret de ma longévité, je réponds : c’est Dieu. J’ai commencé avec Lui, Il est avec moi, et Il sera là jusqu’à la fin. »

Dans cette autobiographie de 500 pages, Sir Braimah raconte comment il a surmonté des épreuves personnelles — notamment la perte de trois épouses — et comment sa foi est restée ferme à travers tout cela.

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« Le Maître Jésus est tombé trois fois sur le chemin du Calvaire, mais Il s’est relevé à chaque fois. Il n’a pas abandonné », a-t-il rappelé en évoquant la passion du Christ, avant d’ajouter : « Je dis au Seigneur : Nunc Dimittis — renvoie-moi si ma mission est accomplie. Sinon, je suis encore prêt à porter la croix. Sans croix, il n’y a pas de couronne. »

Malgré son âge, cet octogénaire continue à servir la messe à la paroisse Notre-Dame du Perpétuel Secours de l’archidiocèse d’Abuja.

« Je me suis inspiré de Julius Nyerere, l’ancien président de la Tanzanie, qui enseignait le catéchisme alors qu’il était encore en fonction », a confié Sir Braimah, ajoutant : « Au service de Dieu, il n’y a pas de limite d’âge. On sert jusqu’au bout. »

« Les jeunes me voient servir la messe à 87 ans et se demandent ce que fait ce papa. Mais je leur dis : c’est ainsi qu’on donne l’exemple. C’est comme ça qu’on évangélise », a-t-il déclaré.

Pour lui, l’Eucharistie est sa source de force, a-t-il dit à ACI Afrique, en insistant : « Sans l’Eucharistie, il n’y a pas d’Église catholique. Et sans prêtre, pas d’Eucharistie. Jésus n’a pas dit "ceci est comme mon corps". Il a dit : Ceci est mon corps. »

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Il a dénoncé l’irrévérence croissante envers l’Eucharistie, rappelant que le pape François a insisté : « Si vous ne présentez pas votre langue pour la recevoir, il passera son chemin. C’est dire à quel point c’est sacré. Et en jouer ou même la voler, c’est le sommet du sacrilège. »

Depuis son domicile, en face de la paroisse, Sir Braimah continue à assister à la messe chaque jour, même lorsqu’il est malade.

« J’ai déjà arraché mes perfusions pour aller à la messe quand j’étais malade. Dès que je vois le prêtre entrer dans ma chambre avec l’Eucharistie, je dis : ‘Seigneur, je ne suis pas digne’, et je m’agenouille. Après avoir communié, je me sens plus fort », a-t-il raconté à ACI Afrique.

Évoquant les catholiques en position de responsabilité qui n’assument pas leur foi, il a déclaré : « Mahatma Gandhi a un jour dit : ‘J’aime le Christ dont vous parlez, mais je déteste ses chrétiens.’ Nous devons vivre notre foi. L’Église est une, sainte, catholique et apostolique — ce ne sont pas des mots vides. »

Sir Braimah a également dénoncé la désunion entre les chrétiens. Il a dit : « Ce sont les forces des ténèbres qui ont causé la division. Martin Luther en Allemagne, Henri VIII en Angleterre, et maintenant nous avons les luthériens, anglicans, méthodistes et d’autres. Mais la prière du Christ était pour l’unité : un seul troupeau, un seul berger. »

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Il a révélé qu’il avait autrefois envisagé de devenir prêtre catholique, mais avait fait face à des préjugés sociaux et à l’opposition de sa famille.

« À l’époque, je n’avais jamais vu un prêtre noir. Quand j’ai dit que je voulais en devenir un, on s’est moqué de moi. Même ma mère a dit : ‘Qui t’a dit qu’un homme noir pouvait faire le travail d’un prêtre ?’ », a-t-il raconté.

Malgré cela, il a vécu cet appel sacerdotal à sa manière. « Enfant déjà, je rassemblais les enfants du quartier et nous rejouions la messe, en utilisant le pagne de ma mère comme chasuble. Une fois, nous avons même brûlé la maison en essayant de faire de l’encens avec de l’herbe », a-t-il rappelé.

Malgré les épreuves de la vie, il déborde de gratitude pour la grâce de Dieu dans sa vie. Il a confié à ACI Afrique : « Beaucoup de ceux avec qui j’ai commencé sont partis, et moi je suis encore là. C’est pour un but. Comme le dit le psalmiste : ‘Seigneur, pour être resté fidèle à toi, tu m’as accordé la longévité.’ »

Aujourd’hui, dans le soir de sa vie, Sir Braimah exprime un dernier vœu : « Je dis au Seigneur, quand viendra le moment de partir, commence à me prendre d’en bas — mais laisse ma voix, pour que je puisse chanter tes louanges toute ma vie », a-t-il confié à ACI Afrique, le 1er juillet.

Abah Anthony John