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Angola : les Évêques catholiques dénoncent un système qui « étouffe les initiatives et les libertés »

Les membres de la Conférence épiscopale d’Angola et de São Tomé (CEAST) ont exprimé leur vive inquiétude face à la baisse des standards éthiques et à l’aggravation des injustices sociales en Angola.

Dans une déclaration publiée à l’issue de leur réunion du Conseil permanent tenue les 16 et 17 juillet à Luanda, capitale de l’Angola, les évêques dénoncent le système de gouvernance du pays, appellent à des réformes urgentes et à un renouvellement de l’engagement pour une gouvernance éthique et des processus décisionnels inclusifs.

« Les valeurs de liberté sont mises à mal par des restrictions à la liberté d’expression et par l’instrumentalisation des médias publics, qui étouffent la pluralité et réduisent au silence les voix dissidentes », déplorent-ils dans leur déclaration du vendredi 18 juillet, publiée en amont du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Angola prévu en novembre.

Les responsables de l’Église catholique s’inquiètent de « l’exclusion systématique et délibérée des Angolais des processus décisionnels », qu’ils estiment affaiblir la démocratie.

Ils dénoncent un système de gouvernance centralisé, autocratique et fondé sur l’assistanat, qui « tue les initiatives privées, étouffe la créativité et la proactivité indispensables au progrès ».

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« La recherche effrénée du capital sans critères éthiques sape la dignité nationale et menace la cohésion sociale », avertissent les membres de la CEAST, mettant en garde contre « les influences extérieures porteuses de dons empoisonnés » qui, selon eux, « érodent la souveraineté et dénaturent le développement national ».

Dans leur déclaration, les évêques dénoncent également les divisions persistantes issues des conflits historiques, qui « continuent d’alimenter les animosités entre citoyens ».

Ils condamnent les « inégalités choquantes » qui portent atteinte à la dignité humaine et insistent sur le fait que « nul ne devrait avoir d’excès superflu pendant que d’autres manquent du strict minimum ».

Face à cette situation, la CEAST appelle à un renouvellement de l’esprit civique, soulignant que « l’État-nation se construit à travers le travail honnête, la solidarité et l’amour de la patrie ».

Les évêques encouragent les citoyens de tous les secteurs – de la famille au monde académique, de la fonction publique à l’entreprise – à faire preuve d’intégrité.

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« Nous exhortons les jeunes à devenir des acteurs de la vie nationale malgré les défis actuels. Leur formation équilibrée et leur leadership créatif sont les semences de l’audace nécessaire pour briser les cycles de désespoir et ouvrir des chemins d’espérance », déclarent-ils.

Ils plaident pour la mise en place d’institutions qui promeuvent « les droits humains, une gouvernance transparente, l’indépendance de la justice, la liberté des médias, ainsi qu’un système éducatif et sanitaire fonctionnel ».

À défaut, préviennent-ils, « les efforts individuels échoueront, et l’avenir restera incertain ».

Réfléchissant sur le 50e anniversaire de l’indépendance de l’Angola, les membres de la CEAST saluent les sacrifices de ceux qui ont contribué à la libération du pays.

« En tant qu’Église, nous reconnaissons et rendons grâce pour le témoignage de foi et de dévouement national de nombreux frères et sœurs. Nous prions pour eux et leur adressons notre bénédiction apostolique », affirment-ils.

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Ils expriment cependant des réserves sur les pratiques actuelles de commémoration du gouvernement.

Alors que le défunt Agostinho Neto, du parti au pouvoir (MPLA), a été honoré à titre posthume, d'autres figures nationalistes clés comme Holden Roberto (FNLA) et Jonas Savimbi (UNITA) ont été ignorées.

« Pour une véritable réconciliation nationale, il est indispensable de reconnaître tous les pères fondateurs de la nation — Holden Roberto, Agostinho Neto et Jonas Savimbi — sans en minimiser aucun », insistent les évêques. « La véritable unité exige que toute l’Angola soit accueillie dans l’espace idéal de la mémoire collective et du pardon. »

Selon eux, cette réconciliation doit s’enraciner dans une conversion éthique, en particulier chez les dirigeants du pays.

« Il est urgent d’éradiquer la corruption », soulignent les membres de la CEAST, ajoutant que la transformation nécessaire de l’Angola ne sera possible qu’à travers « un tournant moral qui rétablisse le respect des biens publics, du prochain et du bien commun ».

Les évêques catholiques restent néanmoins confiants dans le potentiel de renouveau de l’Angola. « Ce sont encore des temps d’espérance. Toute action humaine droite contribue à l’histoire et a de la valeur aux yeux de Dieu », concluent-ils dans leur déclaration du 18 juillet.

João Vissesse