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Avec "de nombreuses armes en circulation", les évêques centrafricains s'inquiètent de l'insécurité avant les élections

Siège de l'Autorité nationale des Élections en République centrafricaine. Domaine Public Siège de l'Autorité nationale des Élections en République centrafricaine.
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Les évêques de la République centrafricaine (RCA) ont, dans une lettre pastorale, exprimé leurs préoccupations concernant l'insécurité au milieu de civils armés alors que les citoyens éligibles de la nation centrafricaine se préparent à prendre part aux élections générales prévues pour le 27 décembre.

Dans leur lettre pastorale partagée avec ACI Afrique le dimanche 6 septembre, les membres de la Conférence Episcopale Centrafricaine (CECA) appellent également les différentes parties prenantes à respecter le calendrier du scrutin et à garantir une élection libre, transparente et pacifique.

"La situation sécuritaire globale du pays reste bien préoccupante. Beaucoup d’armes sont en circulation et le processus du désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR) tarde à véritablement prendre son envol", déclarent les évêques dans leur lettre collective datée du 6 septembre et intitulée " Fais Sortir Mon Peuple ".

Ils ajoutent : " Nous constatons avec amertume que 70% voire 80% de notre pays est encore occupé par des groupes armés dont certains des plus farouches leaders sont des mercenaires. Ils sont impliqués dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes environnementaux et des pillages à grande échelle de nos ressources minières." 

" L’état d’insécurité rend des milliers de maisons inhabitables. Des familles préfèrent vivre en exil ou rester sur des sites des déplacés qui sont parfois situés à une centaine de mètres de chez eux. Les victimes attendent désespéramment d’être rétablies dans leurs droits", disent-ils encore dans leur lettre pastorale signée par les neuf évêques de la CECA.

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Dans ce contexte d'insécurité dans leur pays, les membres de la CECA affirment que le processus électoral qui précède le scrutin du 27 décembre est un défi "qui requiert notre engagement".

"Que faisons-nous pour garantir que ce processus soit libre, crédible, transparent, pacifique et accepté par tous", s’interrogent les neuf évêques qui poursuivent : " Que pouvons-nous dire des échéances électorales qui se projettent dans notre pays ? Seront-elles des élections crédibles et acceptées ou des élections contestées et suivies de scènes de violences ? Y a-t-il à l’heure actuelle un climat de confiance ou de méfiance ? "  

Ils s’interrogent en outre sur les formations politiques et la volonté des candidats en lice pour les différents postes de respecter le "code de bonne conduite".

"A quels types d’alliances politiques assistons-nous ? Les candidats aux élections présidentielles et législatives sont-ils prêts à signer et à respecter un code de bonne conduite ?" s'interrogent les évêques avant de poursuivre, en référence aux candidats éligibles, "Quel type de société vont-ils nous proposer ? ”

Ils demandent également : "Qu’attendons-nous des principales parties prenantes pour avoir un processus électoral crédible et accepté sans contestations violentes ? " 

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Pour aller de l'avant, les évêques de la RCA lancent un appel aux différents acteurs impliqués dans le processus électoral afin de garantir des élections pacifiques et transparentes.

Ils appellent le gouvernement à "créer les conditions nécessaires à l'exercice des droits civils politiques et à une meilleure adhésion de tous les Centrafricains à un processus électoral crédible, à garantir la sécurité de base requise pour les différents acteurs y compris les électeurs, les candidats, les agents électoraux, les éducateurs d'électeurs, les observateurs électoraux, les agents des partis politiques, les représentants des médias, etc. et à prévenir, anticiper, circonscrire et résoudre les menaces, les risques ou les actes de violence réels pendant le processus électoral".

Les membres de la CECA invitent également les dirigeants de l'Autorité nationale des elections à "mettre en place un mécanisme pour prévenir la fraude électorale, établir un système de gestion des performances solide, transparent et efficace pour éviter les tensions ; et être sensibles aux besoins et aux préoccupations des partis politiques et des candidats".

Dans leur lettre de 15 pages, les évêques invitent les dirigeants des partis politiques et les candidats aux élections générales à "se mettre d'accord sur un code de bonne conduite et son application pour soutenir un processus crédible dans l'intérêt de la stabilité de notre pays".

Ils invitent également les chefs des groupes armés à "jouer un rôle constructif dans le processus électoral en vous abstenant d’entretenir un climat de peur, d’intimidation, de répression ou d’imposition des candidats avec qui vous auriez signé des pactes secrets".

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Les membres de la CECA invitent les jeunes à "voter massivement pour montrer que le pouvoir ne s'obtient pas par les armes mais dépend de valeurs, d'idéaux, de projets sociaux, de débats constructifs et de convictions politiques".

Ils invitent également les dirigeants politiques de leur pays à s'inspirer du dirigeant qui a facilité la libération des Juifs de l'esclavage en Égypte.

"Moïse représente tout chef inspiré qui lutte contre le mal au nom de Dieu et avec les instruments de Dieu. Aujourd'hui, à la suite de Moïse, chaque disciple du Christ, chaque croyant, chaque femme et homme de bonne volonté devrait s'engager à travailler pour notre libération sociale, économique et politique", disent les prélats.

Ils ajoutent : " La République Centrafricaine, pays effondré, se trouve dans une période délicate de son destin, nécessitant un leadership avisé et courageux, humaniste et responsable face aux enjeux nationaux, régionaux, continentaux et internationaux auxquels nous appartenons. ".

"Nous devons rassembler les compétences, les talents et l'expertise des Centrafricains du monde entier pour construire une société prospère qui nous aidera à sortir durablement de l'échec dont nous sommes témoins depuis plusieurs décennies", déclarent les évêques de la RCA.

Inspirés par l'encyclique Pacem in Terris du Pape Jean XXIII, les membres de la CECA lancent un appel : "Travaillons ensemble pour le retour effectif d'une paix positive en République centrafricaine".