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Inondations dans le diocèse de Malakal au Soudan du Sud : "une catastrophe nationale", selon l’évêque dudit diocèse 

L'évêque Stephen Nyodho du diocèse de Malakal au Good Shepherd Peace Center de Juba, au Soudan du Sud, le 25 octobre 2019. Il venait de parler du défi des inondations dans son diocèse. ACI Afrique L'évêque Stephen Nyodho du diocèse de Malakal au Good Shepherd Peace Center de Juba, au Soudan du Sud, le 25 octobre 2019. Il venait de parler du défi des inondations dans son diocèse.
ACI Afrique

Le diocèse de Malakal au Sud-Soudan, le plus vaste des sept diocèses du Soudan du Sud, a été dévasté par de graves inondations qui ont touché des centaines de milliers d'habitants et mis leur vie en grand danger. Mgr Stephen Nyodho, l'Ordinaire local, l’a confirmé dans un entretien avec ACI Afrique. Il demande au gouvernement de déclarer ce phénomène sans précédent de " catastrophe nationale ". Il demande également  à la communauté internationale d'intervenir pour sauver des vies.

"J'appelle notre gouvernement du Sud-Soudan à déclarer ouvertement que les inondations sont une catastrophe nationale ", a déclaré Mgr Nyodho à ACI Afrique à Juba et a lancé un appel contre le silence qui entoure l'expérience potentiellement mortelle du peuple de Dieu sur le territoire de son diocèse.

Il a dit : "Si nous continuons comme ça, cela va affecter la vie de milliers de personnes. Beaucoup de gens sont déjà affectés."

L'évêque du Soudan du Sud a déclaré que de nombreuses parties de son diocèse de 238 000 kilomètres carrés sont couvertes d'inondations, "à commencer par Maban, certaines parties d'Akobo et de Lou Nuer, et récemment aussi des parties de Pibor et Mayom dans l'État d'Unity".

"C'est un problème grave. Nous devons vraiment venir en aide à notre peuple ", a souligné le prélat du Sud-Soudan de 46 ans, qui est évêque depuis le 28 juillet.

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Les inondations ont touché les institutions ecclésiastiques, y compris les bâtiments paroissiaux et les chapelles, les écoles et les établissements de santé, dont les structures sont submergées dans les eaux de crue causées par les fortes pluies et les rivières saisonnières qui ont cassé leurs rives.

"Je viens de parler à l'un des prêtres de Bentiu et il m'a dit que même certaines des écoles sont   maintenant fermées parce que de nombreuses personnes déplacées par les inondations sont hébergées dans des écoles ", a déclaré Mgr Nyodho à ACI Afrique vendredi 25 octobre à Juba où il participe actuellement à l'Assemblée plénière de la Conférence épiscopale du Soudan (SCBC).

A Mayom, à l'ouest de la ville de Bentiu, au Soudan du Sud, le bâtiment de l'Église reste debout parce que la technologie moderne a été utilisée pour élever le lieu de culte, a raconté l'évêque qui a ajouté : "Certaines bâtisses des écoles des villages sont déjà écroulées".

De plus, Mgr Nyodho a regretté : "Le curé de la paroisse de Mayom qui est censé être dans la zone de ministère est bloqué à Bentiu. Il ne peut pas aller (à sa paroisse) parce qu'il n'y a pas de moyen de transport ; l'avion qui y allait ne peut pas accéder à la zone parce que la piste d'atterrissage est inondée."

"Il y a une semaine, j'étais à Bentiu et j'ai essayé de parler au gouvernement," exprimant l'inquiétude des effets des inondations sur le peuple de Dieu dans les zones touchées, a dit Mgr Nyodho, qui ajoute en référence au gouvernement de l'État de Northern Liech dont la capitale est Bentiu :"le gouvernement a également répondu à mon appel, ils se sont rendus dans les médias pour informer les gens des inondations à Bentiu.

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Les effets des inondations ont affecté les cultures et le bétail.

"Les vaches et les récoltes sont détruites, les vaches doivent être évacuées et la ville de Mayom est pleine d'animaux qui pourraient constituer une autre menace pour la vie humaine, car la vie des gens et des animaux est un problème en soi. Ce n'est pas bon, c'est mauvais ", a déclaré Mgr Nyodho.

Faisant référence aux Soudanais du Sud pris dans un conflit civil prolongé, Mgr Nyodho a déploré : "Ils en ont déjà assez des guerres et une autre catastrophe naturelle les prend de court à nouveau. Les gens ont tendance à questionner Dieu par désespoir et impuissance."

Dans sa mise à jour du 25 octobre 2019 sur les inondations au Soudan du Sud, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires a décrit le phénomène comme une " inondation saisonnière anormalement grave " qui a touché environ 908 000 personnes dans 32 comtés du Haut-Nil, Unity, Jonglei, Equatoria Est, Warrap, Bahr el Ghazal Nord, et Lakes.

"Les pluies devraient se poursuivre au moins jusqu'à la fin du mois de novembre et mettre davantage de personnes en danger. Les fortes pluies ont frappé des régions qui étaient déjà confrontées à des besoins humanitaires importants", avec quelque 3 millions de personnes dans une demi-douzaine d'États qui avaient besoin d'aide avant les inondations, selon le rapport des Nations unies.

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Face à ce défi, en particulier sur le territoire de son diocèse, Mgr Nyodho lance un appel à l'aide pour faire connaître l'inondation et ses effets dans le monde entier.

"En tant qu'évêque, j'appelle le gouvernement du Soudan du Sud et de l'état du nord de Liech et d'autres endroits, à venir parler de ce problème des inondations ; c'est déjà quelque chose qui affecte la vie des gens", a-t-il dit en faisant référence au gouvernement local et a ajouté :"Les gens ne devraient pas se taire, si vous êtes incapable de le faire, venez en parler pour que quiconque de bonne volonté puisse intervenir et aider".

Il sollicite l'aide de la communauté internationale dans son ensemble pour " aider les personnes qui souffrent dans ces endroits " dévastés par les inondations.

"Je lance un appel à la communauté internationale, au peuple du Sud-Soudan et à toutes les personnes de bonne volonté pour qu'ils viennent à la rescousse du peuple du Sud-Soudan en cas de catastrophe naturelle due aux inondations, a dit Mgr Nyodho.

"Même quelques ONG qui y travaillaient ont été évacuées vers Malakal et certaines ont même atteint Juba. Où peuvent aller les gens normaux qui ne peuvent pas être évacués ? Les ONG ne peuvent pas opérer dans l'eau. Qu'allons-nous faire de ces gens qui restent derrière ? s’interroge l'évêque.

Tout ce que les dirigeants semblent faire, c'est d'alerter sur les inondations, " que les gens devraient venir sauver les gens autour de Mayom et d'autres endroits qui sont touchés à Maban, Akobo, Lou Nuer et Pibor ", a dit Mgr Nyodho en exprimant la nature répandue des inondations et la nécessité d'une intervention des personnes et entités ayant des moyens.

La dernière fois que la région a été inondée, c'était en 2008, a dit Mgr Nyodho, citant un "prêtre qui est resté autour de Mayom".

Si les inondations se poursuivent, pense l'évêque, la morosité actuelle continuera, si l'on considère que "les récoltes sont détruites, les lieux sont détruits, ils ont déjà fui certains des lieux".

Il ajoute : "Nous ne pouvons même pas parler de l'avenir, car les gens souffrent déjà aujourd'hui. Mais la question est de savoir comment venir en aide à ces gens et comment les aider parce que si nous attendons plus longtemps, le problème pourrait s'aggraver et des gens pourraient perdre la vie."

L'évêque du Soudan du Sud a exprimé sa crainte de voir beaucoup plus de gens dire : " Avec l'eau et toutes ces choses, tôt ou tard, les maladies transmises par l'eau vont arriver et affecteront les humains, le bétail et la faune dans cette région. Si leurs récoltes et leurs animaux sont détruits, il n'y aura plus  de vie dont on pourra parler."

Tout comme Job dans les Saintes Écritures qui a connu la souffrance "sans raison", a dit Mgr Nyodho, le peuple de Dieu dans son diocèse de Malakal semble interroger Dieu, pensant que "Dieu l'a abandonné".

Toujours comme Job, a dit le prélat du Soudan du Sud, les enfants de Dieu dans son diocèse ont gardé la foi, s'efforçant "de persévérer, prier et confier leur vie entre les mains du même Dieu".

"L'Église du diocèse de Malakal est toujours très vulnérable à cause des nombreuses destructions qui ont eu lieu pendant la guerre", a dit Mgr Nyodho.

Au sujet d'une solution durable aux défis qui assaillent le pays le plus récent du monde, Mgr Nyodho a déclaré : "Tout dépend de la paix, si la paix est mise en œuvre et se concrétise, elle peut aider. Avec la paix, des stratégies peuvent être élaborées pour contrôler toutes ces catastrophes naturelles, mais aujourd'hui, les gens sont toujours dans une situation de guerre."

Nous espérons que le gouvernement sera formé et que la paix sera rétablie pour que les gens passent à une autre étape du développement, à savoir la reconstruction de ce qui a été détruit, y compris ces catastrophes naturelles ", a-t-il conclu. Nous prions pour que la paix vienne pour que les gens puissent planifier pour l'avenir, sinon les gens survivent quotidiennement."

Alors que le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et le chef d'un groupe rebelle, Riek Machar, devraient former un gouvernement d'unité dans le cadre du gouvernement de transition revitalisé d'unité nationale le 12 novembre, cet espoir de paix ne semble pas simple, d'après un rapport.

Le Conseil de sécurité de l'ONU insiste pour que " les parties du Soudan du Sud forment un gouvernement d'unité avant le 12 novembre sans délai ", a rapporté Radio Tamazuj.