«Le peuple murmure… il veut le changement» : un évêque catholique appelle à une alternance politique au Cameroun

« Le changement distille ses bienfaits pour le peuple et la nation… ce n’est pas une option, c’est la preuve vivante que la démocratie fonctionne », a ajouté le prélat camerounais.

S’inspirant des Écritures, Mgr Lontsié-Keuné a rappelé comment la succession des dirigeants, de Moïse à Josué, de Samuel à Saül, puis de Saül à David, était pensée pour le bien du peuple.

Il a mis en garde contre « l’idolâtrie du chef », insistant sur le fait que « il y a un temps pour tout sous le ciel… même le règne d’un leader doit avoir une fin ».

Pour que le changement s’installe, Mgr Lontsié-Keuné a insisté sur la nécessité pour le Cameroun d’avoir des candidats « compétents et honnêtes, quels que soient leurs origines ethniques ».

Il a cité des déclarations épiscopales passées, appelant les électeurs à examiner attentivement les promesses de campagne et à élire ceux qui mettront fin aux inégalités, favoriseront l’unité, lutteront contre la corruption et feront du Cameroun « un havre de paix et de justice, moins corrompu, mieux gouverné, prospère et véritablement émergent ».

Le prélat a également invité les douze candidats à la présidentielle à présenter leurs programmes à l’échelle nationale et à dialoguer directement avec les citoyens.

Il a proposé un débat télévisé en direct comme jalon démocratique, déclarant : « Le peuple murmure… il veut voir ceux qui prétendent le gouverner. »

À l’approche des élections, Mgr Lontsié-Keuné a décrit le scrutin comme « le momentum, la force qui maintient le mouvement irréversible de l’avènement de l’alternance ».

Il a exhorté tous les citoyens à retirer leur carte d’électeur, à se rendre aux urnes et « à non seulement voter, mais aussi protéger leur vote ».

Participer au dépouillement dans les bureaux de vote locaux, a-t-il précisé, fait partie de la garantie de la vérité électorale.

L’ordinaire local de Bafoussam, en poste depuis février 2022 après son transfert du diocèse de Yokadouma où il avait commencé son ministère épiscopal en juillet 2017, a averti que « l’irresponsabilité électorale » a historiquement miné la vie politique camerounaise, depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours, compromettant la volonté populaire.

Éviter la fraude, la manipulation et l’intimidation, a-t-il ajouté, est essentiel pour la paix et la justice.

Mgr Lontsié-Keuné a appelé tous les acteurs du processus à respecter la vérité des urnes, affirmant : « Le respect du choix du peuple n’est pas une faveur, mais un devoir sacré ».

Aux chrétiens, il a déclaré : « Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde. Ne cédez ni à la fraude, ni aux pressions, ni aux intimidations, ni aux manipulations qui trahissent la dignité humaine et profanent la souveraineté du peuple camerounais. Participer à la fraude électorale, c’est trahir le Christ lui-même. »

Mgr Lontsié-Keuné a ajouté que cette fidélité à la vérité deviendrait « un acte prophétique, une semence d’espérance pour les générations futures ».

Invoquant l’intercession de Notre-Dame du Rosaire, il a prié pour que l’Esprit Saint accorde aux Camerounais le courage « de marcher dans la lumière, quoi qu’il en coûte », et a appelé « le Dieu de justice et de paix à bénir abondamment la nation ».