Advertisement

Au Soudan, un évêque note un statut quo des difficultés économiques deux mois après l’entrée en fonction du nouveau gouvernement

Mgr Tombe Trille, évêque du diocèse d'El Obeid (Soudan), au Centre de la paix du Bon Pasteur, Kit, Juba, le 25 octobre 2019 ACI Afrique Mgr Tombe Trille, évêque du diocèse d'El Obeid (Soudan), au Centre de la paix du Bon Pasteur, Kit, Juba, le 25 octobre 2019
ACI Afrique

Un peu plus de deux mois après l'entrée en fonction du nouveau gouvernement de transition du Soudan, il y a, d'une part, un changement positif en ce qui concerne la capacité des citoyens à exprimer leurs opinions sans crainte d'intimidation et de torture et, d'autre part, une certaine stagnation avec des difficultés économiques qui se font encore sentir dans le pays du nord-est africain, a déclaré un dirigeant d'Église à ACI Afrique.

"Au moins, il y a un peu de liberté d'expression, de liberté de la presse, je pense que les gens peuvent facilement exprimer leurs (idées) sans être tués, sans être harcelés", a déclaré Mgr Tombe Trille Kuku, évêque du diocèse d'El Obeid au Soudan, vendredi 25 octobre, à ACI Afrique.

Il a ajouté : "Les gens peuvent dire ce qu'ils pensent, exposer leurs problèmes pacifiquement, sans trop de problèmes."

Il s'est dit satisfait du changement positif en disant : "C'est très positif, c'est une amélioration."

Le Prélat soudanais a attribué la paix relative dans son pays à la priorité accordée par les nouveaux dirigeants au dialogue. "Ce qu'il y a de positif avec ce nouveau conseil de militaires et de civils, c'est qu'ils semblent prendre au sérieux le dialogue et les négociations de paix ", a dit Mgr Trille, qui a ajouté : " La paix règne actuellement dans le pays ".

Advertisement

Il a exprimé l'espoir que les efforts de paix débouchent sur des changements plus positifs.

"J'espère qu'avec la paix, il y aura des changements, sinon la révolution n'aura pas atteint son but sans la paix", a déclaré Mgr Trille à ACI Afrique à Juba, où il participe à l'Assemblée plénière de la Conférence épiscopale catholique du Soudan (SCBC) qui réunit les chefs des diocèses du Soudan et du Sud Soudan.

Les nouveaux dirigeants du gouvernement de transition au Soudan ont prêté serment le 21 août 2019 dans un contexte de violations des droits de l'homme, dont des attaques contre des manifestants à la suite de l'éviction en avril 2019 d'Omar al-Bashir, président du pays depuis 30 ans.

Dès le départ, on s'attendait à ce que ces nouveaux dirigeants enregistrent des progrès dans le cadre d'un programme de réformes, le directeur associé pour l'Afrique de Human Rights Watch, Jehanne Henry, ayant déclaré : " Lorsque les dirigeants du Soudan s'engagent dans des réformes critiques attendues depuis longtemps, ils devraient garantir la justice pour tenir la promesse de transition vers un État de droit et de droits humains... Pour assurer le progrès, ils devraient fixer des objectifs et des points de repère, y compris en matière de responsabilité pour les abus graves, comme l'ont exigé les manifestants."

Tout en reconnaissant les changements positifs qui se sont manifestés dans la liberté d'expression et la paix relative, Mgr Trille a noté une certaine stagnation en ce qui concerne le progrès économique, un phénomène qui a déclenché des protestations dans diverses villes du Soudan à la mi-décembre 2018 lorsque des citoyens se sont opposés aux augmentations des prix et ont appelé leur président al-Bashir à quitter son poste.

Plus en Afrique

Avec le nouveau gouvernement de transition en place dans le troisième plus grand pays d'Afrique, les gens ont encore du mal à joindre les deux bouts avec le nouveau Premier ministre, Abdulla Hamdok, qui doit relever le défi de relancer une économie qui est en baisse depuis quelques décennies, avec une dette extérieure importante et du chômage.

Selon Mgr Trille, "les prix restent élevés, la disponibilité de nourriture et de carburant reste un problème" au Soudan, dont l'économie a été au fil des ans tirée par le secteur pétrolier et a subi les deux tiers de ses revenus pétroliers après la sécession du Sud Soudan en 2011.

Selon le rapport de l'Indice de liberté économique de 2019 sur le Soudan, " la mauvaise gouvernance, la faiblesse de l'État de droit, la rigidité des marchés du travail et un régime réglementaire inefficace ont entravé la diversification économique et créé une économie informelle importante ".

Mgr Trille a noté l'absence de progrès dans la récupération des biens confisqués par l'Église en disant : "Beaucoup de nos biens qui ont été occupés par les services de sécurité de l'ancien gouvernement sont toujours entre les mains du gouvernement, de la police, ils ne nous sont pas encore parvenus.

Il a révélé : "Nous avons des biens mobiliers, même des maisons qui étaient occupées surtout par des diocèses - des maisons, des véhicules sont occupés par le gouvernement, les ailes de sécurité en ont encore".

Advertisement

"Nous sommes là, il y a des rencontres avec les personnes concernées, mais nous voulons dire qu'il est encore trop tôt  de dire quoi que ce soit sur la relation entre l'Église catholique et le gouvernement (transitoire)", a conclu l'évêque.