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Message de l’Avent 2025 : un évêque catholique dénonce la crise persistante au Cameroun et les violences postélectorales

Mgr George Nkuo du diocèse catholique de Kumbo, au Cameroun, a dénoncé la longue crise armée du pays ainsi que les nouvelles tensions postélectorales, exhortant les chrétiens à rejeter la haine, la désinformation et les représailles, et à choisir plutôt la justice, la réconciliation et l’intégrité.

Dans sa Lettre pastorale de l’Avent 2025, Mgr Nkuo revient sur les profondes blessures causées par près de dix ans de crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest : violences, enlèvements, relations brisées et méfiance croissante au sein des communautés.

Il souligne que les suites de l’élection présidentielle de 2025 — marquées par de nombreuses accusations d’intimidation, de manipulation et de fraude — ont encore affaibli la confiance des citoyens envers les institutions nationales.

« Cet Avent porte un poids particulier d’émotion et d’urgence. Nous vivons une période marquée par les luttes, les divisions et la désillusion. La crise sociopolitique prolongée dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a profondément blessé nos communautés et nos cœurs », écrit l’évêque Nkuo dans sa lettre pastorale du 21 novembre partagée avec ACI Afrique.

Évoquant la crise qui a débuté en 2016 dans les deux régions anglophones du Cameroun, il poursuit : « Ce qui avait commencé comme un appel à la justice et à la réforme a, au fil des années, dégénéré en violence, haine, trahisons et enlèvements contre rançon. La tragédie de ce conflit ne réside pas seulement dans la perte de vies et de biens, mais aussi dans la perte de confiance entre frères et sœurs, même entre chrétiens. »

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« Beaucoup vivent désormais dans la peur et la suspicion, dans des communautés divisées par l’inimitié, la vengeance et l’autodestruction mutuelle. Des familles s’opposent à d’autres, des voisins à des voisins, des chrétiens à d’autres chrétiens », déplore Mgr Nkuo.

Il ajoute : « Nous avons été dressés les uns contre les autres. Nous devons briser ce cercle vicieux de haine et de méfiance en nous-mêmes et parmi notre peuple avant d’espérer nous réconcilier avec des forces extérieures. »

Faisant référence à l’élection présidentielle contestée du 12 octobre, l’évêque note que les perceptions d’injustice, d’intimidation et de fraude ont « blessé de nombreux cœurs et ébranlé la confiance des citoyens » dans les institutions censées garantir justice et vérité.

Il appelle à une réponse chrétienne fondée non sur la violence ou la vengeance, mais sur l’amour, le courage et la recherche de la vérité :

« Dénoncer le mal sans haine, exiger la justice sans violence, et défendre la vérité sans peur », dit Mgr Nkuo.

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Il insiste sur le fait que la vraie justice commence dans le cœur humain. Il invite les chrétiens à un engagement renouvelé à la prière, au jeûne, à la repentance et au refus de la désinformation.

« À l’ère de la désinformation, les chrétiens… doivent rechercher les faits, vérifier les informations et parler avec intégrité », déclare le prélat, soulignant que les mensonges aggravent les conflits et détruisent les efforts en faveur de la justice.

Il affirme que la paix est « plus que l’absence de coups de feu ; elle est le fruit de relations honnêtes, de responsabilité et d’intégrité morale. »

« Nous ne pouvons pas exiger la justice des dirigeants tout en pratiquant la corruption dans notre vie quotidienne », dit l’Ordinaire de Kumbo.

Mgr Nkuo insiste que la réconciliation nécessite honnêteté, courage et justice — non des gestes superficiels.

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« Une réconciliation sans justice est une illusion fragile. Si vous voulez la paix, travaillez pour la justice », ajoute-t-il.

Le responsable catholique condamne les enlèvements, l’extorsion, la corruption et la discrimination comme des péchés graves et des atteintes à la dignité humaine.

Il avertit que la haine intérieure constitue la plus grande menace pour l’avenir : « La suspicion, le ressentiment et la division nous affaiblissent. »

Réfléchissant au temps de l’Avent, Mgr Nkuo le décrit comme un moment de « profonde conversion intérieure et de renouvellement de l’engagement social : prière pour la paix et la conversion de ceux qui causent la souffrance, pardon qui libère le cœur du passé, promotion de la justice, dénonciation de la corruption et construction de la paix dans les foyers, écoles, lieux de travail et paroisses. »

L’Avent, dit-il, doit devenir « un véritable temps de conversion intérieure, de réconciliation communautaire et de renouveau social. »

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.