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Le Cardinal Ambongo défend sa décision d’engager des enseignants catholiques dans les écoles catholiques

L'archevêque du diocèse de Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), a défendu sa décision d'engager des enseignants qui pratiquent le catholicisme dans les écoles primaires catholiques de sa juridiction, affirmant que cette décision favorise l'identité catholique.

S'exprimant en marge de la deuxième Assemblée plénière des évêques de la Conférence épiscopale du Congo (CENCO), le cardinal Fridolin Ambongo a également rappelé que sa décision s'inscrit dans l'accord signé entre l'Eglise et l'Etat.

"Il est clair que si nos écoles sont appelées écoles catholiques conventionnées, cela signifie que ces écoles doivent avoir une identité catholique. S'il n'y a pas d'identité catholique, je ne vois pas ce que nous faisons dans nos écoles", a déclaré le cardinal Ambongo lundi 12 octobre.

Faisant référence "à l'accord que nous avons signé avec l'État", le cardinal a été catégorique : "Il n'y a pas d'autre source. ”

Il a ajouté : "Nous n'avons besoin de l'approbation de personne pour mettre en œuvre cet accord qui est en vigueur depuis pratiquement cinquante ans".

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Le cardinal congolais a décrété, le 4 octobre, que seuls les enseignants catholiques seraient engagés dans les écoles primaires en disant : "Désormais, tout enseignant de l’école primaire à l’école conventionnée catholique doit être un fidèle catholique, qui pratique la foi de cette religion".

"Cette décision va impacter positivement sur la Foi catholique et va préserver les valeurs et l’image de marque des écoles catholiques", a encore déclaré le cardinal Ambongo lors de son homélie du 4 octobre à la paroisse Saint-Eugène de Kinshasa.   

Il a expliqué que chaque enseignant doit être un catholique pratiquant car la catéchèse "fait partie du programme de toutes les écoles catholiques de la République démocratique du Congo". 

Le cardinal a également menacé d'imposer des sanctions non spécifiées aux curés de paroisses et aux coordinateurs des écoles primaires catholiques qui ne respecteraient pas cette disposition.  

Le message du cardinal a suscité la condamnation des responsables gouvernementaux et des dirigeants des syndicats d'enseignants en RDC, qui affirment que la décision viole l'article 13 de la constitution du pays, qui interdit toute forme de discrimination.

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"Nous sommes un État laïque et notre pays ne choisit pas de confessions religieuses. Nous n'avons besoin que d'enseignants compétents pour transmettre le message, pour donner aux enfants le plus d'informations possible afin qu'ils soient utiles demain dans la société, et nous ne consacrons pas la politique de discrimination", a fait remarquer le 12 octobre le ministre de l'enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) de la RDC, Willy Bakonga.

Lors du lancement de la nouvelle année scolaire en RDC au Collège Saint-Raphaël de Kinshasa, le ministre Bakonga a promis de "prendre contact avec le Cardinal" pour délibérer sur la question.

"Je ne pense pas qu'un cardinal qui est un homme de Dieu, rassemblant tout le monde, puisse aller jusqu'à discriminer le secteur de l'éducation", a observé le fonctionnaire du gouvernement.

De leur côté, les responsables du Syndicat des enseignants du Congo (SYECO) ont qualifié la décision du cardinal d'anticonstitutionnelle.

"Notre République est d'abord et avant tout laïque. Un enseignant ne peut être contraint d'être catholique, car il est avant tout un agent de l'État, il est payé par la République. Dire que cet enseignant sera obligé d'appartenir à telle ou telle foi religieuse, en tout cela viole plusieurs lois de la République, dont la Constitution", a déclaré la direction du SYECO dans un communiqué publié le 9 octobre.

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L'accord-cadre signé entre le Vatican et la RDC stipule que l'Église catholique de la nation centrafricaine pourra créer des écoles catholiques et y enseigner la religion. 

Selon le Saint-Siège, l'accord "consacre la liberté de l'Église dans l'activité apostolique et dans la réglementation des questions relevant de sa compétence. ”