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Le pape Léon XIV met en garde contre la spirale destructrice des armes autonomes et l'escalade militaire

Le pape Léon XIV a mis en garde contre la spirale destructrice alimentée par la course aux armements et le développement d’armes autonomes, et a appelé à une paix « désarmée et désarmante » — jaillissant de la résurrection du Christ — comme seule réponse aux défis du monde.

« La paix du Jésus ressuscité est désarmée, car son combat fut un combat sans armes, mené au cœur de circonstances historiques, politiques et sociales concrètes », a écrit le pontife dans son message pour la 59ᵉ Journée mondiale de la paix, qui sera célébrée le 1ᵉʳ janvier 2026. Le texte a été rendu public le 18 décembre par la Salle de presse du Saint-Siège.

Ce document de quatre pages est intitulé « La paix soit avec vous tous : vers une paix désarmée et désarmante », une expression qui fait directement écho aux premiers mots prononcés par Léon XIV après son élection comme successeur de Pierre, le 8 mai, lorsqu’il est apparu pour la première fois au balcon du Palais apostolique pour saluer les fidèles.

Dans ce texte, le pape déplore que, face aux défis mondiaux, la réponse dominante soit un « énorme investissement économique dans le réarmement ». À cet égard, il souligne qu’en 2024, les dépenses militaires mondiales ont augmenté de 9,4 % par rapport à l’année précédente, confirmant « la tendance des dix dernières années ». Selon les données citées, ces dépenses ont atteint 2 718 milliards de dollars, soit 2,5 % du produit intérieur brut mondial.

Au-delà des statistiques, le pape met en garde contre les conséquences culturelles et éducatives de cette logique. Il critique le fait que les écoles et les universités ne préservent pas suffisamment « une culture de la mémoire » rappelant les « millions de victimes » des guerres, et déplore qu’à la place soient promus des programmes éducatifs fondés sur la « perception des menaces », favorisant « uniquement une conception armée de la défense et de la sécurité ».

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Le Saint-Père souligne également que les avancées technologiques et l’intégration de l’intelligence artificielle dans le domaine militaire ont « aggravé la tragédie » des conflits armés. Il avertit ainsi du risque croissant de « se décharger de la responsabilité » de la part des dirigeants politiques et militaires, au point que « les décisions de vie ou de mort sont de plus en plus ‘déléguées’ aux machines ».

À ses yeux, il s’agit d’une « trahison destructrice sans précédent » des « principes juridiques et philosophiques de l’humanisme » sur lesquels toute civilisation se fonde et se protège.

Le pontife n’a pas hésité à dénoncer « les énormes concentrations d’intérêts économiques et financiers privés » qui poussent les États dans cette direction, tout en soulignant que la seule critique ne suffit pas « si l’on n’éveille pas aussi les consciences et l’esprit critique » dans l’ensemble de la société.

Dans sa réflexion, Léon XIV a inclus un avertissement explicite contre l’instrumentalisation religieuse de la violence. Il observe qu’il est devenu courant « d’entraîner le langage de la foi dans des batailles politiques, de bénir le nationalisme et de justifier la violence et la lutte armée au nom de la religion ». En réponse, il exhorte les croyants à « réfuter activement cela, avant tout par le témoignage de leur vie », car « ces formes de blasphème profanent le saint nom de Dieu ».

Il a donc souligné qu’aux côtés des actions concrètes pour la paix, il est de plus en plus nécessaire de cultiver « la prière, la spiritualité, ainsi que le dialogue œcuménique et interreligieux » comme voies authentiques de paix et comme langages de rencontre entre traditions et cultures.

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Le Saint-Père a également mis en garde contre le risque de considérer la paix comme un « idéal lointain », « déconnecté de l’expérience concrète des personnes et de la vie politique des nations ».

Lorsque la paix est présentée comme inaccessible, note le pape, « nous cessons d’être scandalisés lorsqu’elle est niée, ou même lorsque la guerre est menée en son nom ».

Selon le pontife, il existe un réel danger que cette logique s’infiltre dans la vie privée comme dans la vie publique, alimentant l’idée qu’il serait presque « une faute » de ne pas être suffisamment préparé à la guerre, de « ne pas réagir aux attaques », allant « bien au-delà du principe de la légitime défense ».

« Il n’est pas étonnant que les appels répétés à augmenter les dépenses militaires, et les décisions qui en découlent, soient présentés par de nombreux dirigeants politiques comme une réponse justifiée à des menaces extérieures », a déploré Léon XIV.

En effet, poursuit-il, « le pouvoir dissuasif de la force militaire, en particulier la dissuasion nucléaire, repose sur l’irrationalité des relations entre les nations, construites non sur le droit, la justice et la confiance, mais sur la peur et la domination par la force ».

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Face à ce scénario, le pape propose une autre compréhension de la paix, une paix qui « veut demeurer en nous » et qui possède la « douce puissance d’éclairer et d’élargir notre intelligence ; elle résiste à la violence et la dépasse ».

« La paix est un souffle de l’éternel »

« La paix est un souffle de l’éternel : tandis que face au mal nous crions “Assez”, à la paix nous murmurons “Pour toujours” », a souligné le pape.

La réflexion comprend également une critique culturelle du monde moderne, qualifié de « réaliste » dans ses récits mais « dépourvu d’espérance, aveugle à la beauté des autres », et qui oublie que « la grâce de Dieu est toujours à l’œuvre dans le cœur des êtres humains, même blessés par le péché ».

À ce sujet, le pape rappelle que le chemin proposé par Jésus était déjà déroutant pour ses propres disciples : « Les Évangiles ne cachent pas que ce qui troublait les disciples était sa réponse non violente », un chemin que tous, à commencer par Pierre, refusaient, « mais que le Maître leur a demandé de suivre jusqu’au bout. Le chemin de Jésus continue de susciter malaise et peur ».

Le Saint-Père reconnaît le découragement ressenti par les personnes de bonne volonté « qui ont un cœur prêt pour la paix » et qui se sentent submergées par un sentiment « d’impuissance » face à l’évolution de plus en plus incertaine des événements.

La Journée mondiale de la paix a été instituée par saint Paul VI, qui l’a proposée le 8 décembre 1967, en la solennité de l’Immaculée Conception. Elle a été célébrée pour la première fois le 1ᵉʳ janvier 1968, en même temps que la solennité de Marie, Mère de Dieu, et est depuis devenue une occasion annuelle pour l’Église de réfléchir aux grands défis de la coexistence humaine.

Cet article a été publié pour la première fois par ACI Prensa, partenaire d'information en langue espagnole de CNA. Il a été traduit et adapté par CNA.

Victoria Cardiel