Pour Mgr Badejo, le discernement vocationnel ne concerne pas uniquement les évêques et les formateurs. « Toute la question de la formation à la vie sacerdotale et religieuse n’est pas seulement l’affaire du Pape et des évêques. C’est une question qui concerne tout le monde, y compris les enfants », a-t-il souligné, se réjouissant de la présence de fidèles laïcs, de jeunes et de familles à la formation.
Jésus-Christ, premier Maître du discernement
Ancrant sa réflexion dans l’Écriture, Mgr Badejo a rappelé que le discernement vocationnel a de profondes racines évangéliques. « Il tient à l’esprit de Dieu que ceux qui choisissent de suivre le Christ soient correctement évalués », a-t-il affirmé.
Rappelant les rencontres du Christ avec de potentiels disciples, l’évêque a noté comment Jésus éprouvait leur disponibilité et leur liberté. « Il leur faisait quitter leurs filets », a-t-il dit, avertissant que l’admission de personnes incapables de se détacher d’intérêts concurrents serait désastreuse.
« Si nous recrutons… des personnes qui ne quitteraient jamais leurs filets pour le sacerdoce et la vie religieuse, elles seront prêtres et religieuses tout en continuant à pêcher des écrevisses et des poissons-chats », a-t-il lancé.
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Sous la surface : pourquoi des outils modernes sont nécessaires
Dans ses propos, Mgr Badejo a insisté sur le fait que la vocation ne peut être jugée sur les seules apparences. « Si cela dépendait de l’apparence, cet endroit serait rempli de prêtres », a-t-il dit, ajoutant : « Si cela dépendait seulement de l’intelligence, nous aurions plus de prêtres qu’il n’en faut ».
« Les véritables enjeux sont sous la surface », a-t-il averti. Ces dimensions cachées — maturité émotionnelle, intégration psychologique, profondeur spirituelle — requièrent des « outils et des compétences modernes » pour être discernées de manière responsable.
Évoquant des époques où la formation était informelle, voire improvisée, il a noté que de telles approches ne sont plus viables aujourd’hui. « Peut-on faire cela à quelqu’un aujourd’hui ?… Ce serait déjà un désastre. Une bombe à retardement », a-t-il déclaré.
PARVAT et PARVAI : une réponse holistique aux défis contemporains
Ces préoccupations sont précisément celles auxquelles PARVAT et PARVAI entendent répondre. Selon la note conceptuelle partagée par le P. Joyzy avec ACI Africa, ces outils ont été conçus entre 2021 et 2023 pour aller au-delà des tests psychologiques standards et proposer un système holistique intégrant les dimensions spirituelle, pastorale, morale et culturelle de la vocation.
PARVAT et PARVAI visent à protéger à la fois l’Église et les candidats en identifiant les forces et les domaines de croissance, tout en servant de « voies de guérison, de meilleure connaissance de soi et de maturation ». Loin d’être des barrières, ils sont destinés à aider les candidats à « s’épanouir dans leur véritable appel ».
Pour les diocèses et les Instituts de vie consacrée et Sociétés de vie apostolique (ICLSAL), ces outils offrent une vision complète favorisant des décisions avisées et la construction d’une Église plus saine.
Le besoin urgent d’experts formés
Un message clé issu de la formation et de la note conceptuelle est l’urgence de disposer de personnels qualifiés. Le P. Joyzy a souligné que, pour exploiter pleinement le potentiel de PARVAT et PARVAI, l’Église doit investir dans la formation de prêtres et de membres des ICLSAL comme psychiatres, psychologues, conseillers ou thérapeutes psycho-spirituels.
Une telle formation garantit que les évaluations soient menées avec une sensibilité éthique et pastorale, interprétées dans un cadre catholique et traitées avec une stricte confidentialité.
L’appel adressé aux évêques catholiques et aux supérieurs majeurs des ICLSAL est de « choisir, former et soutenir une nouvelle génération de prêtres et de religieux sains, saints et véritablement appelés ».
Dieu écrit droit avec des lignes courbes
Dans ses remarques finales, Mgr Badejo est revenu à l’Écriture, évoquant les figures de Samson et de Zacharie. Il a observé que les récits transmettent la théologie plus puissamment que les concepts abstraits. « La Bible est pleine d’histoires, et Jésus-Christ a beaucoup utilisé les histoires », a-t-il rappelé.
Réfléchissant à l’adage selon lequel Dieu écrit droit avec des lignes courbes, l’évêque a précisé : « Dieu écrit droit à la fois sur des lignes courbes et sur des lignes droites ». Qu’il s’agisse du Samson profondément imparfait ou du Zacharie juste mais hésitant, le dessein de Dieu s’est accompli.
La leçon pour le discernement vocationnel, a-t-il souligné, est que même lorsque Dieu réalise finalement sa mission, le coût humain d’un mauvais discernement peut être immense. Les lignes courbes comme les lignes droites, a-t-il noté, « portent beaucoup de poids et de tension ».
Des instruments, non des remplaçants de l’Esprit Saint
Répondant aux inquiétudes parfois exprimées au sujet de l’évaluation psychologique, Mgr Badejo a clarifié : « C’est Dieu qui accomplit réellement cette œuvre par son Esprit Saint. Nous ne sommes que des instruments en chemin, des instruments privilégiés ».
Il a rappelé les résistances initiales aux évaluations psychologiques dans les séminaires, lorsque certains craignaient qu’elles n’impliquent une déficience des générations précédentes de prêtres. La vérité, a-t-il dit, réside dans l’équilibre : les évaluations ne remplacent pas l’action de Dieu, mais aident l’Église à coopérer de manière responsable avec la grâce.
« Parfois courbes, parfois presque entièrement droites, mais nous sommes consolés par le fait que nous faisons partie de l’histoire de la manière dont Dieu accomplit son œuvre », a déclaré le responsable de l’Église catholique nigériane, qui a commencé son ministère épiscopal en octobre 2007 comme évêque coadjuteur du diocèse d’Oyo.
Un appel aux évêques et responsables de la formation en Afrique
À l’issue de la formation, le message de Mgr Badejo aux responsables de l’Église au Nigeria et à travers l’Afrique est clair : le discernement vocationnel aujourd’hui requiert la prière, l’expertise, l’investissement et le courage. Il exige des outils capables d’embrasser les réalités complexes que les jeunes apportent dans les maisons de formation.
Membre du Dicastery for Communication du Vatican depuis sa nomination en décembre 2021, il a exprimé sa gratitude aux participants venus d’autres pays malgré les préoccupations sécuritaires, les assurant de la sécurité et de la fraternité dans le Christ.
Il a prié pour que tous ceux qui ont pris part à cette formation de cinq jours, achevée le 19 décembre, « repartent plus bénis qu’ils ne sont venus, et que toute l’Église… bénéficie de leur service et de leur vocation ».
Construire une Église plus forte pour l’avenir
Comme l’a noté le P. Joyzy dans sa note conceptuelle partagée avec ACI Africa, dans un monde en rapide mutation, la mission de l’Église dépend profondément de la qualité de ceux à qui sont confiées les responsabilités sacerdotales et religieuses.
L’introduction de PARVAT et PARVAI au Nigeria marque une étape décisive vers un discernement responsable et habité par la foi, enraciné à la fois dans la tradition et la compétence professionnelle.
Le P. Joyzy a souligné que le temps est venu pour les évêques, les supérieurs des ICLSAL et les équipes de formation d’agir avec détermination. Comme il l’a exprimé : « Découvrez PARVAT et PARVAI. Transformez le discernement vocationnel. Donnez du pouvoir à vos candidats. Construisez une Église plus forte. »