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"La situation préélectorale en Côte d'Ivoire est inquiétante", déclare un prêtre, qui souligne les initiatives de paix

Bulletin unique de voter  pour l'élection présidentielle du 31 octobre en Côte d'Ivoire. Domaine public Bulletin unique de voter pour l'élection présidentielle du 31 octobre en Côte d'Ivoire.
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A l'approche de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, prévue pour le samedi 31 octobre, un prêtre exerçant son ministère dans ce pays d'Afrique de l'Ouest déclare que le climat préélectoral est préoccupant et met en avant certaines initiatives que les dirigeants de l'Eglise prennent pour plaider en faveur de la paix dans un contexte de tensions croissantes.

"La situation préélectorale est préoccupante en Côte d'Ivoire et n'augure rien de bon pour des élections pacifiques... et un environnement post-électoral pacifique", a déclaré le secrétaire exécutif national de la Commission Justice, Paix et Environnement de la Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire (CECCI), le père Charles Olidjo Siwa, dans une interview publiée mercredi 28 octobre.

De nombreux rapports des médias indiquent de fortes tensions dans ce pays d'Afrique de l'Ouest caractérisé par plusieurs poches de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines et la destruction de biens.

Le Père Charles fait référence à "de nombreux événements tristes (qui) se sont produits dans plusieurs villes du pays, où il y a plusieurs morts".

Cette violence a suscité la condamnation du chef des Nations unies (ONU), Antonio Gutteres, qui a appelé les dirigeants politiques à "rejeter tout discours de haine et toute incitation à la violence".

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Le chef de l'ONU a encouragé tous les acteurs politiques et leurs partisans à "engager un dialogue constructif et à créer un environnement propice à la tenue d'élections inclusives et pacifiques".

Les politiciens de l'opposition dans le pays ont appelé à la "désobéissance civile" et au boycott des sondages pour protester contre la décision contestée du président Allasane Quattara de se présenter pour un troisième mandat.

Le président Quattara a pris le pouvoir après l'élection très disputée de 2010 qui l'a vu gagner contre le président sortant Laurent Gbagbo. Le refus de Gbagbo de céder le pouvoir à Quattara a conduit à la crise ivoirienne de 2010-2011, caractérisée par la perte d'au moins 3 000 vies.

Cependant, sa candidature pour un troisième mandat l'a mis en porte-à-faux avec d'autres dirigeants politiques. Pour sa défense, le chef de l'État, âgé de 78 ans, fait valoir que ses deux premiers mandats ne devraient pas être pris en compte dans la limite des deux mandats puisque la constitution de 2016 n'a pas été promulguée.

Les politiciens qui s'opposent à sa candidature à la présidence considèrent cette démarche comme illégale et demandent la dissolution du Conseil constitutionnel du pays qui a approuvé sa candidature, ainsi que de la Commission électorale indépendante pour avoir disqualifié d'autres candidats considérés comme de sérieux opposants.

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Au milieu des tensions croissantes, le père Charles affirme que les responsables des différents diocèses catholiques du pays sont favorables à la réconciliation, un pilier essentiel du plan stratégique des évêques.

"Nous nous sommes rapprochés du peuple chrétien par le biais des médias, de visites sur le terrain, de formation et de sensibilisation", dit-il dans l'interview accordée le 28 octobre par Vatican News.

Il ajoute : "Nous travaillons également à la formation et à la sensibilisation de nos chrétiens, en nous appuyant sur le message de paix délivré par le Pape à l'occasion de chaque célébration de la Journée mondiale de la paix".

Dans leur appel à la paix et à la réconciliation, les dirigeants catholiques du pays ont collaboré avec d'autres chefs religieux dans le cadre de l'Alliance des Religions pour la Paix en Côte d'Ivoire (ARPC), un organisme interreligieux composé de représentants de diverses confessions, explique le responsable du CECCI.

Les activités de l'Eglise catholique en Côte d'Ivoire "font maintenant partie de la vision de cette alliance, qui œuvre pour la non-violence, l'apaisement et la création d'un climat de sérénité", ajoute le père Charles, secrétaire exécutif de la Commission Justice, Paix et Environnement, dans l'interview.

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L'une des activités de l'entité interreligieuse qui plaide pour des élections pacifiques est le rassemblement du 12 octobre au Palais de la Culture de Treichville à Abidjan, où divers leaders religieux ont "délivré un message de paix et de réconciliation", déclare le clerc ivoirien.

Les chefs religieux ont déjà rencontré le Premier ministre ivoirien Hamed Bakayoko pour lui livrer leur message, qui, selon le père Charles, s'articule autour de huit points, dont ceux de la libération des prisonniers politiques et de l'invitation de tous les dirigeants politiques au dialogue.

"En tant que religieux, nous ne pouvons que sensibiliser et faire connaître la paix. Nous n'avons pas le pouvoir politique entre nos mains ; nous travaillons à faire en sorte que les politiciens se rencontrent et se parlent", ajoute-t-il dans l'interview du 28 octobre.

Quant à savoir si leurs messages parviennent aux dirigeants politiques, le père Charles déclare : "Les hommes politiques nous accueillent et donnent l'impression qu'ils nous écoutent et tiennent compte de tout ce qui est dit".

Il exprime en outre ses préoccupations face à une situation politique tendue en déclarant : "Nous sommes inquiets et nous nous demandons si nos actions sur le terrain sont bien perçues par les acteurs politiques. C'est vraiment une grande préoccupation. La réconciliation reste une condition préalable à des élections pacifiques".

A l'approche des élections du 31 octobre, le prêtre du diocèse de San Pedro en Côte d'Ivoire appelle au calme et invite les jeunes "à ne pas se laisser manipuler par la violence".

En tant que leaders religieux, le Père Charles dit que leur prière est que "les politiciens ivoiriens puissent s'asseoir autour d'une table pour discuter de la réconciliation et de la paix".

"Au-delà des élections, nous sommes et nous resterons frères, fils et filles d'une même patrie, la Côte d'Ivoire", dit-il et ajoute, "Nous appelons donc les Ivoiriens au pardon, à la fraternité, à la réconciliation et à des élections pacifiques".