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Selon un prêtre, l'interruption de l'aide pose de multiples menaces aux réfugiés érythréens en Ethiopie

L'interruption soudaine" de l'aide aux réfugiés érythréens en Éthiopie dans le cadre du violent conflit en cours dans la région du Tigré fait peser de multiples menaces sur des centaines de milliers d'Érythréens, a déclaré un prêtre catholique connu pour son ministère auprès des réfugiés et des migrants qui traversent l'Afrique du Nord pour se rendre en Europe.

Dans un article publié le jeudi 3 décembre, le père Mussie Zerai, né en Érythrée, met en lumière deux menaces auxquelles les réfugiés érythréens sont actuellement exposés, celle du rapatriement et celle de leurs moyens de subsistance mêmes.

"Outre les affrontements armés, deux menaces pèsent sur les camps de réfugiés : celle d'un rapatriement forcé en Erythrée et celle d'énormes difficultés de subsistance dues à l'interruption soudaine de toute forme d'assistance et de fournitures, y compris les biens les plus essentiels", déclare le père Mussie.

L'Éthiopie abrite environ 769 000 réfugiés érythréens qui fuient la persécution du régime autoritaire du président Isaias Afewerki.  Sur ce nombre, 96 000 Érythréens se trouvent dans la région du Tigré, région en proie à des conflits et limitrophe de l'Érythrée.

Selon les rapports, environ 6 000 réfugiés érythréens vivant à Shimelba et à Hitsats, deux des quatre camps de la ville du comté de Tigray, ont été enlevés sous la menace d'une arme et rapatriés de force dans leur pays d'origine. 

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L'opération aurait été menée par les forces érythréennes qui sont entrées dans la région avec l'autorisation de l'armée éthiopienne.

Dans le rapport de l'Agenzia Fides du 3 décembre, le père Mussie décrit l'incident comme "une véritable déportation de masse, dont les victimes risquent de devenir des "desaparecidos", impossibles à trouver". 

Lors de l'enlèvement, explique le clerc basé à Rome, "tous les registres du HCR ont été détruits, afin de ne laisser aucune trace des hôtes du camp ou en tout cas de rendre les recherches extrêmement difficiles. ” 

L'Ethiopie est obligée de garantir la sécurité et la liberté de ces personnes", dit le père Mussie en référence aux réfugiés érythréens qui ont été rapatriés de force et ajoute : "Tous les réfugiés sont considérés par le gouvernement érythréen comme des "traîtres" et des "déserteurs".

Forcer les réfugiés érythréens à retourner en Érythrée signifie les exposer à de réelles représailles, y compris la prison et la mort comme punition par le régime oppressif du président Afewerki, qui interprète la fuite des réfugiés vers l'Éthiopie comme une accusation de dictature sur la scène mondiale, explique le père Mussie, originaire d'Asmara, la capitale de l'Érythrée.

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Les moyens de subsistance difficiles des réfugiés érythréens en Ethiopie en raison du conflit violent en cours au Tigré constituent une autre menace pour ses compatriotes, déclare le père Mussie, ajoutant que la crise a mis fin à l'acheminement fréquent de l'aide humanitaire dans la région semi-autonome où les réfugiés ont élu domicile.

Depuis le 4 novembre, date à laquelle a débuté le conflit opposant le gouvernement fédéral éthiopien aux autorités locales de la région du Tigré, l'accès à cette région (Tigré) est bloqué et les communications coupées.

Diverses organisations d'aide et les Nations unies ont lancé un appel à l'accès humanitaire à la ville pour leur permettre d'acheminer des secours à la population, qui compte environ six millions de personnes.

Cependant, le jeudi 2 décembre, les dirigeants de l'ONU ont annoncé qu'ils avaient conclu un accord avec le gouvernement éthiopien pour permettre "un accès sans entrave, soutenu et sûr" à l'aide humanitaire dans les régions du Tigré qui sont sous son contrôle.

Suite à ces nouvelles menaces, le clerc érythréen, qui a été nommé pour le prix Nobel de la paix en 2015, "demande instamment des interventions urgentes" de la part de toutes les principales institutions internationales, en particulier les Nations unies (ONU), l'Union africaine (UA), l'Union européenne (UE) ainsi que le gouvernement d'Addis-Abeba.

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Les "trois objectifs prioritaires" des interventions devraient être de vérifier la validité des nouvelles du rapatriement forcé en Erythrée de milliers de réfugiés et, dans ce cas, d'intervenir avec la plus grande rapidité et fermeté, affirme le père Mussie dans le rapport du 3 décembre de l'Agenzia Fides, le service d'information de la Propaganda Fide du Vatican.

Les interventions doivent également s'efforcer d'organiser des canaux humanitaires qui permettent le transfert vers d'autres États des milliers de réfugiés qui se sont retrouvés impliqués dans la guerre contre leur volonté, dit-il.

Le prêtre érythréen demande également la réouverture immédiate des frontières du Tigré à l'aide humanitaire.