Advertisement

Les évêques d'Afrique exigent un "dépôt d'armes immédiat" dans la région du Tigré en Ethiopie

Les évêques catholiques d'Afrique ont, dans le cadre de leur forum collectif du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), ajouté leur voix à celles d'autres évêques d'Afrique de l'Est et de dirigeants internationaux pour exprimer leurs préoccupations concernant le violent conflit dans la région du Tigré en Éthiopie.

Dans une déclaration publiée mardi 8 décembre, les évêques d'Afrique expriment leur conscience de la "détérioration de la situation" dans le Tigré éthiopien et appellent à "un dépôt d'armes immédiat". 

"Nous, les membres du Symposium des Conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), avons suivi avec une profonde inquiétude la détérioration de la situation dans la région du Tigré en Ethiopie", déclarent les membres du SCEAM dans un communiqué obtenu par ACI Afrique.

Dans la déclaration du samedi 5 décembre, les membres du SCEAM dénoncent "la crise humanitaire et sécuritaire croissante non seulement au Tigré mais aussi dans les pays voisins, l'Erythrée et le Soudan".

"Plusieurs innocents sont morts, tandis que beaucoup d'autres ont été déplacés", déplorent les évêques d'Afrique dans la déclaration signée par le président du SCEAM, le cardinal Philippe Ouédraogo. 

Advertisement

Les dirigeants de l'Église sur le continent africain disent qu'ils se joignent au pape François et aux évêques catholiques d'Éthiopie pour "plaider avec passion" en faveur de la fin de la violence dans la région du nord du pays de la Corne de l'Afrique. 

La région du Tigré est le théâtre de violences depuis le 4 novembre, date à laquelle le gouvernement dirigé par le Premier ministre Abiy Ahmed a ordonné une offensive militaire contre les autorités de l'État. 

L'offensive militaire était une réponse à l'attaque présumée de la plus grande base militaire d'Ethiopie située dans la capitale du Tigré, Mekelle, par des forces loyales au gouvernement de la région.

Dans une déclaration publiée le 4 novembre, les évêques catholiques d'Ethiopie ont exhorté les parties en conflit dans la nation de la Corne de l'Afrique "à résoudre leurs différends à l'amiable, dans un esprit de respect, de compréhension et de confiance".  

Le 8 novembre, le Saint-Père a déclaré qu'il "suivait avec inquiétude les nouvelles arrivant d'Ethiopie", ajoutant : "Alors que je demande instamment que la tentation d'un conflit armé soit rejetée, j'invite chacun à la prière et au respect fraternel, au dialogue et à une fin pacifique des désaccords".

Plus en Afrique

Le 13 novembre, les membres de l'Association des conférences épiscopales membres d'Afrique de l'Est (AMECEA) ont exprimé leur solidarité avec le peuple de Dieu au Tigré et ont appelé "le gouvernement fédéral d'Ethiopie et le TPLF à cesser d'alimenter ce conflit par des opérations militaires et à s'accuser mutuellement des événements meurtriers qui se produisent".

Le conflit aurait fait des centaines de victimes jusqu'à présent et déplacé des dizaines de milliers de personnes vers le Soudan voisin. Le HCR a rapporté que 45 449 Éthiopiens de la région du Tigré en guerre cherchent refuge au Soudan voisin. 

Le 26 novembre, le Premier ministre Abiy aurait ordonné une "phase finale" d'une offensive dans la région nord du pays après l'expiration de l'ultimatum de 72 heures donné au TPLF pour qu'il se rende. 

Bien que le Premier ministre ait déclaré que les militaires éthiopiens avaient capturé Mekelle et que le conflit était terminé, les médias ont rapporté que la violence persistait.  

Dans la déclaration du 5 décembre, les membres du SCEAM font référence à l'encyclique du Pape François, Fratelli Tutti, qui dit : "Nous sommes tous frères et sœurs ; enfants de la même terre" et que "chaque personne humaine est un enfant de Dieu".

Advertisement

Nous sommes tous des "compagnons de voyage, de véritables frères et sœurs" et nous devrions donc être les gardiens les uns des autres", disent-ils en se référant au livre de la Genèse.

Pour aller de l'avant, les évêques catholiques d'Afrique appellent à "un dépôt d'armes immédiat, de la part de tous ceux qui sont impliqués dans le conflit". 

Ils invitent les parties en conflit à "résoudre leurs différends à l'amiable par un dialogue ouvert, et dans un esprit de fraternité, de respect, de compréhension et de réconciliation".

Les membres du Symposium basé au Ghana appellent le personnel et les agents de sécurité locaux, nationaux et internationaux à "sauvegarder la vie de tous les gens, en particulier des civils, et à rétablir la paix dans la région".

Ils invitent également l'Église, les organisations de la société civile et toutes les personnes de bonne conscience à fournir aux personnes déplacées les besoins de base comme la nourriture, l'eau et les vêtements, en signe de solidarité avec elles.

"Nous appelons enfin tous les chrétiens du continent et des îles à intensifier la prière à Dieu pour la fin du conflit, et pour le retour de la paix et de la normalité dans la région", ont déclaré les membres du Symposium, vieux de 51 ans, qui réunit les évêques catholiques d'Afrique et de Madagascar.

Dans la déclaration du 5 décembre, les membres du SCEAM font également référence à leur déclaration de février 2020intitulée "Faire taire les armes" dans laquelle ils appellent à la fin de la violence et des effusions de sang en Afrique.

"Gardons donc toujours à l'esprit que toute forme de violence perpétrée contre un semblable est une offense à Dieu et une violation de la dignité de la personne. Car tout être humain est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu", déclarent les évêques en référence à leur déclaration de février, citant le livre de la Genèse.

Ils assurent le peuple de Dieu dans la région du Tigré en Ethiopie de leur "proximité spirituelle" au milieu de la crise actuelle en disant : "Alors que nous continuons à prier pour vous, regardez Dieu avec espoir ; il souffre avec vous et ne vous a pas abandonné. Courage !"