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"Nous ne devons pas céder au découragement", l’exhortation de l’épiscopat aux Ivoiriens

Les évêques catholiques de Côte d'Ivoire avec les autorités administratives lors de la cérémonie officielle de leur 117ème Assemblée plénière. Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire (CECCI) Les évêques catholiques de Côte d'Ivoire avec les autorités administratives lors de la cérémonie officielle de leur 117ème Assemblée plénière.
Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire (CECCI)

Sur fond de tension sociopolitique en Côte d'Ivoire, les évêques catholiques du pays exhortent le peuple de Dieu à ne pas baisser les bras dans la recherche de la paix tant attendue.

"Nous ne devons pas céder au découragement. Le chemin vers la paix est et sera toujours long et difficile. En effet, on finit de construire un édifice matériel, mais on ne finit jamais de construire la paix", disent les membres de la Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire (CECCI).

Dans leur message collectif du dimanche 24 janvier, donné à la fin de leur assemblée plénière, les membres de la CECCI encouragent les Ivoiriens à "continuer inlassablement à travailler pour la paix, qui ne doit pas être considérée comme le simple silence des armes".

"La paix présuppose une justice véritable et équitable dans la gestion des personnes et la juste redistribution des richesses du pays ; la paix en toute vérité et sincérité, sans compromis", disent-ils.

La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, a connu des tensions politiques avant et après les élections d'octobre 2020.

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Le pays a plongé dans la violence préélectorale après que les politiciens de l'opposition aient appelé à la "désobéissance civile" et au boycott des élections pour protester contre la décision contestée du président Alassane Quattara de se présenter pour un troisième mandat en septembre. 

Le président Quattara a pris le pouvoir après l'élection très disputée de 2010 qui l'a vu gagner contre le président sortant Laurent Gbagbo. Le refus de Gbagbo de céder le pouvoir à Quattara a conduit à la crise ivoirienne de 2010-2011 qui a vu au moins 3 000 personnes perdre la vie.

Le pays a également connu des violences sporadiques après que le Conseil constitutionnel du pays ait annoncé le 9 novembre dernier que le président Ouattara, le président sortant, avait remporté un troisième mandat avec 94 % des voix exprimées.

Les politiciens appartenant à l'opposition ont contesté les résultats en déclarant qu'en se présentant pour un troisième mandat, le président Ouattara avait enfreint la constitution.

Plus de 50 personnes seraient mortes suite à ces violences, dont l'épicentre se trouverait dans la capitale politique du pays, Yamoussoukro.

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Le HCR a rapporté qu'environ 10 087 Ivoiriens ont fui vers les pays voisins, la majorité d'entre eux cherchant refuge au Togo, au Liberia, au Ghana et en Guinée.

Dans le message du 24 janvier, dont la date de publication coïncide avec la conclusion de la célébration du 125e anniversaire de l'évangélisation dans la nation ouest-africaine, les évêques catholiques appellent également à "une nouvelle Côte d'Ivoire" guidée par la réconciliation entre les peuples. 

"Cette Côte d'Ivoire est à notre portée. Sa construction nécessite un engagement individuel et collectif. Un des fondements de cette nouvelle Côte d'Ivoire est la réconciliation", déclarent les évêques.

Expliquant la réconciliation comme un acte de rassemblement d'au moins deux groupes séparés, les membres du CECCI dénoncent les divisions dans le pays en disant : "De nombreux fils et filles sont séparés les uns des autres ou éloignés de la mère patrie par la politique ; et le fossé a été profondément accentué par la dernière élection présidentielle".

"Le temps est venu de rendre la joie à la Côte d'Ivoire. De voir ses enfants rassemblés autour d'elle sans obstacles politiques, ethniques ou religieux", affirment les dirigeants de l'Eglise catholique dans leur déclaration du 21 janvier.

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Faisant référence au ministère de la réconciliation nouvellement créé, les évêques expriment l'espoir que les activités de ce département gouvernemental "se dérouleront sans entrave" et qu'il accomplira sa mission. 

Dans leur message, les évêques appellent également au "respect scrupuleux" des lois du pays à l'approche des élections parlementaires de mars 2021.

"Nous invitons à la recherche inlassable de la vérité dans les traitements politiques et au respect de la dignité de la personne et de la vie humaine", déclarent les évêques dans leur déclaration collective.

Ils invitent en outre les dirigeants politiques de ce pays d'Afrique de l'Ouest à favoriser le dialogue entre eux "dans la sérénité et la vérité avec toutes les composantes de la nation ivoirienne en vue de créer un climat sociopolitique détendu et serein".

"Nous implorons une nouvelle effusion de l'Esprit Saint sur la terre ivoirienne pour la conversion des cœurs", implorent les évêques et concluent, "Puissions-nous nous lever en Côte d'Ivoire, notre mère patrie, pour une nouvelle ère de réconciliation, de justice et de paix".