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Réflexion La « dynamique pastorale » bureaucratique : une menace pour la mission de l'Église en Afrique

Représentation de la bureaucratie dans les organisations Domaine Public Représentation de la bureaucratie dans les organisations
Domaine Public

Alors que l'Église en Afrique continue d'être missionnaire pour elle-même en ayant un clergé et des religieux et religieuses qui traversent les frontières ecclésiastiques diocésaines et nationales pour évangéliser le peuple de Dieu en Afrique après l'encouragement du Pape Saint Paul VI en 1969, un missionnaire servant sur le continent a averti que la tendance des agents pastoraux à avoir un système administratif qui oblige les laïcs à les trouver dans des bureaux plutôt que dans des interactions mutuelles semble empêcher une évangélisation effective.

Lors de la toute première visite papale en Afrique en juillet 1969, le Pape Paul VI a reconnu les initiatives des agents pastoraux d'origine africaine dans le ministère d'évangélisation sur le continent et a déclaré : « Vous, les Africains, vous êtes maintenant missionnaires pour vous-mêmes ».

En étant « Missionnaires pour vous-mêmes » a expliqué le Pape, « vous, les Africains, vous devez maintenant continuer, sur ce continent, l'édification de l'Église » et qu'"il faut maintenant associer et suivre l'impulsion donnée à la Foi par l'action missionnaire des pays étrangers, une impulsion qui vient du cœur même de l'Afrique ».

Réfléchissant sur la situation de l'action missionnaire en Afrique, le Père Donald Zagore, prêtre religieux missionnaire, a mis en garde contre la tendance du clergé et des religieux, hommes et femmes, à ne pas tendre la main aux laïcs.

« Le style bureaucratique qui caractérise de plus en plus la dynamique pastorale de beaucoup de nos Églises en Afrique tue lentement la nature prophétique et missionnaire de cette Église en Afrique, puisque la mission ne se fait pas dans les bureaux, mais dans la rencontre avec les gens », a réfléchi le Père Zagore.

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« Nos pasteurs, malheureusement dans nos Églises en Afrique, se retrouvent pris dans les pièges de la pastorale », a souligné le missionnaire ivoirien au Togo, ajoutant en référence au clergé qui a limité son action missionnaire aux structures de bureau : « ils deviennent prisonniers des bureaux, ce qui les empêche de sortir à la rencontre des gens ».

Selon le clerc de la Société des Missions Africaines (SMA), la bureaucratie dans la structure de l'Église rend les Églises « fermées » et les pasteurs « plus invisibles », leur refusant ainsi des occasions d'interagir avec ceux qui ont besoin de leurs services religieux.

« Aujourd'hui, il faut le dire haut et fort, cette Église bureaucratique aux pasteurs invisibles, nous n'en voulons plus en Afrique », a déclaré le Père Zagore dans une réflexion partagée avec ACI Afrique.

Selon lui, le temps est venu en Afrique « de fermer tous ces bureaux, qui sont devenus des murs géants qui séparent et éloignent les pasteurs des fidèles, et de les remplacer par des tentes dans les vastes cours de nos paroisses pour avoir des pasteurs en contact permanent avec les fidèles ».

Faisant écho aux paroles du Pape Paul VI au peuple de Dieu en Afrique, il y a environ 50 ans, selon lesquelles « l'Église, par sa nature même, est toujours une Église missionnaire », le Père Zagore a imploré le clergé et les religieux et religieuses qui travaillent en Afrique de s'engager dans la mission de l'Église en étant de véritables missionnaires proches du peuple de Dieu.

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« Nous ne devons jamais oublier que l'Église est missionnaire par nature ; miner la mission, c'est miner la nature même de l'Église, » a souligné le Père Zagore.

La réflexion du Père Zagore semble parler de la vision du Pape François sur le sacerdoce, qu'il a exprimée en 2013 à la Basilique Saint-Pierre lors de la messe chrismale où il a défié les prêtres d'être des bergers qui partagent l'odeur des brebis.

« Je vous le demande », a dit le pape François à plus de 1 600 prêtres, évêques et cardinaux qui l'ont entouré lors de sa première messe chrismale en tant que pape le 28 mars 2013:  « Soyez bergers, avec l'odeur des brebis, rendez-la réelle, comme bergers parmi votre troupeau, pêcheurs des hommes ! »

« Ceux qui ne sortent pas d'eux-mêmes, au lieu d'être des médiateurs, deviennent peu à peu des intermédiaires, des gestionnaires », a expliqué le Saint-Père dans son homélie du Jeudi Saint 2013 et a précisé : « Nous connaissons la différence : l'intermédiaire, le gestionnaire, a déjà reçu sa récompense », et comme il ne met ni sa propre peau ni son propre cœur sur la ligne, il n'entend jamais un mot de remerciement chaud et sincère ».