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La paix en Afrique : un défi politique, les dirigeants des Églises doivent être prophétiques

Representation of the "prophetic path" proper for Church leaders including in Africa 84/5000 Représentation du "chemin prophétique" approprié pour les dirigeants de l'Église, y compris en Afrique Domaine Public Representation of the "prophetic path" proper for Church leaders including in Africa 84/5000 Représentation du "chemin prophétique" approprié pour les dirigeants de l'Église, y compris en Afrique
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Quelques jours après la fin de la deuxième édition du Forum pour la paix de Paris (FPP), qui a mis l'accent sur les solutions de gouvernance en mettant l'accent sur la paix et la sécurité avec certains pays africains représentés à Paris, France, le 13 novembre, un prêtre missionnaire africain a salué l'événement comme une « grande initiative » mais a toutefois exprimé des réserves sur le succès d'une telle initiative en Afrique en raison du manque de volonté des puissants acteurs politiques.

« Cette initiative ne peut être fructueuse que si les politiciens africains et européens cessent d'être hypocrites, a exprimé le Père Donald Zagore, membre de la Société des Missions Africaines (SMA), dans une réflexion envoyée à ACI Afrique.

Il a ajouté : « Il faut le dire haut et fort : les guerres en Afrique ne viennent pas des peuples, mais plutôt des politiciens assoiffés de pouvoir et d'argent ».

Le missionnaire ivoirien, actuellement en poste au Togo, a dénoncé l'implication des politiciens locaux et internationaux « pour leurs intérêts narcissiques, qui provoquent des guerres pour rester longtemps au pouvoir afin de piller en permanence les ressources de nos pays ».

« Nous ne pouvons pas nous présenter, le jour, aux yeux du monde comme des apôtres de la paix soucieux du bien-être des populations africaines, et la nuit finançant des rébellions, soutenant le terrorisme pour déstabiliser les pays afin de piller continuellement les ressources », note  le Père Zagore.

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Tout en notant que la paix en Afrique est « avant tout un défi politique », le religieux togolais a affirmé que les politiciens doivent d'abord avoir la bonne volonté pour pouvoir promouvoir la paix dans leurs pays respectifs, ce à quoi, citant le Psaume 61, la bouche du leader « prononce des bénédictions, alors que leur cœur est maudit ».

Afin d'endiguer la nature incitative des politiciens sur le continent africain, en particulier en période électorale, alors qu'une grande partie du conflit commence, le religieux multilingue a appelé l'Église du deuxième continent le plus peuplé du monde à être plus active sur la scène politique, tout en qualifiant de « troublante de voir avec quelle passivité les forces religieuses approchent les périodes électorales ».

« Alors que les politiciens envahissent les villes et les villages pour faire campagne parfois sur la base de discours de haine et de divisions, l'Église en particulier, et les forces religieuses en général, doivent aussi descendre dans de plus petits hameaux pour défendre des valeurs de paix, de vie commune, de responsabilité politique qui engagent chaque citoyen », propose le Père Zagore dans sa réflexion partagée avec ACI Afrique.

Selon lui, tout comme les politiciens savent qu'ils ne gagneront une élection qu'en rencontrant le peuple, de même l'Église «  ne pourra jamais relever le défi de la paix en période électorale en Afrique si les hommes d'Église en Afrique restent assis dans leurs bureaux et sacristies. Nous devons aller à la rencontre des gens. L'Église en Afrique doit sortir. »

Tout en faisant référence au cardinal Ambongo Fridolin de la RD Congo qui a affirmé que « le devoir de réserve reste une faculté propre aux diplomates et non aux clercs, puisque les clercs ne sont pas des diplomates, mais des prophètes », le Père Zagore exprime son optimisme que l'Église en Afrique « gagnerait à être plus prophétique en devenant plus active et plus présente sur le terrain politique » qu'en étant passive. Une approche qui constitue « un atout considérable pour le politique.

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Le missionnaire ouest-africain a noté que les responsables religieux en Afrique « parlent trop peu et parfois trop tard » et a recommandé d'incorporer dans la formation théologique des séminaristes les compétences qui en feraient non seulement de bons administrateurs pastoraux mais aussi de bons prophètes.

« Il vaudrait mieux faire de notre espace ecclésial un lieu d'expression vrai et sincère », a proposé et mis en garde le Père Zagore : « si l'Église en Afrique ne travaille pas constamment à raviver la flamme prophétique de sa mission, elle finira par disparaître ».