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Projet de loi sur le discours haineux « recommandant la mort par la pendaison, d'une attaque contre les Nigérians » selon un Évêque

Mgr Emmanuel Adetoyese Badejo, évêque du diocèse de Oyo au Nigéria, s'est prononcé contre le projet de loi sur les discours de haine qui vise à appliquer la peine capitale aux personnes reconnues coupables. Domaine Public Mgr Emmanuel Adetoyese Badejo, évêque du diocèse de Oyo au Nigéria, s'est prononcé contre le projet de loi sur les discours de haine qui vise à appliquer la peine capitale aux personnes reconnues coupables.
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Un évêque nigérian a qualifié d'  « attaque contre les Nigérians » le projet de loi proposé à l'Assemblée nationale de son pays qui vise à appliquer la peine capitale aux personnes reconnues coupables de discours haineux.

« Le projet de loi sur le discours de haine qui attend d'être adopté à l'Assemblée nationale, recommandant la mort par pendaison pour toute personne reconnue coupable de discours de haine, est une attaque contre les Nigérians », a déclaré Mgr Emmanuel Adetoyese Badejo du diocèse d'Oyo, dans un communiqué publié par le Secrétariat catholique du Nigéria le mardi 2 décembre.

« Le Nigéria ne devrait pas proposer la peine capitale en cette période où d'autres pays civilisés l'abandonnent parce que la vie est inviolable », a noté Mgr Badejo dans sa déclaration et expliqué que «  la peine capitale ne fait que rendre la société plus violente et ne sert pas vraiment à dissuader ».

Le projet de loi propose que toute personne qui utilise, publie, présente, produit, joue, fournit, distribue et/ou dirige l'exécution de tout matériel, écrit et/ou visuel, qui est menaçant, abusif ou insultant ou qui comporte l'utilisation de paroles ou de comportements menaçants, abusifs ou insultants commet une infraction.

Elle stipule en outre que si cette personne a l'intention d'attiser la haine ethnique, ou compte tenu de toutes les circonstances, la haine ethnique est susceptible d'être fomentée contre toute personne appartenant à un tel groupe ethnique au Nigéria.

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Dans sa déclaration, Mgr Badejo, qui dirige le Comité épiscopal panafricain pour la communication sociale (CEPACS), s'est demandé comment « les législateurs nigérians envisageraient la peine de mort pour les discours haineux dans un pays où des crimes haineux comme l'assassinat politique, la rhétorique politique violente, le nettoyage ethnique, les enlèvements contre rançon etc. ont lieu depuis des années sans grande réponse du gouvernement et des agences de sécurité ».

Selon lui, le prélat nigérian a fait valoir que « les législateurs devraient se battre pour réduire le nombre de morts dans certaines régions du Nigéria ».

L’évêque d’Oyo a également réitéré la position de l’Église à l’égard de ce projet de loi en disant que «la vie humaine est sacrée et n’appartient qu’au Créateur.»

« Bien qu'il semble nécessaire d'exercer un certain contrôle sur la menace des fausses nouvelles comme l'ont fait quelques pays, je crois que les dispositions de la Constitution nigériane devraient suffire à protéger les citoyens et à poursuivre ceux qui enfreignent la loi », a ajouté Mgr Badejo.

« Une disposition aussi draconienne que la peine de mort pour incitation à la haine serait une invitation à l'anarchie et au chaos qui serait provoquée par une mauvaise application presque certaine de ces lois par le gouvernement et des agents de sécurité trop zélés », a-t-il averti.

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« Si ce projet de loi est adopté, le Nigéria pourrait aussi bien dire adieu à la liberté de la presse », a-t-il déploré et expliqué : « quiconque a du pouvoir et a quelque chose à cacher pourrait invoquer la loi et invoquer cette punition pour des ennemis perçus. Le Nigéria pourrait aussi bien oublier la lutte tant vantée contre la corruption pour les mêmes raisons. »

"Plutôt que d'appliquer cette loi odieuse, que le gouvernement cherche à réparer les injustices passées, à fournir une infrastructure de base, à traiter tous les groupes et intérêts du pays équitablement selon la primauté du droit, à créer un environnement favorable à l'emploi et à rendre des comptes de façon transparente ", a déclaré Mgr Badejo.