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Un évêque kenyan lance un appel au gouvernement suite aux déguerpissements forcés

Des victimes de démolitions dans un village du diocèse catholique d'Embu au Kenya se tiennent près des décombres de leurs structures démolies/ Crédit : Agenzia Fides Des victimes de démolitions dans un village du diocèse catholique d'Embu au Kenya se tiennent près des décombres de leurs structures démolies/ Crédit : Agenzia Fides

L'évêque du diocèse catholique d'Embu au Kenya appelle le gouvernement de ce pays d'Afrique de l'Est à faire preuve de bienveillance envers les milliers de personnes qui se sont retrouvées sans abri à la suite des déguerpissements forcés dans son siège épiscopal.

Dans un rapport partagé par le service d'information de Propaganda Fide du Vatican, Agenzia Fides, mercredi 19 mai, Mgr Paul Kariuki Njiru fait référence aux expulsions de personnes en avril dans plusieurs villages du diocèse et appelle le gouvernement à faire preuve de compassion envers ceux qui n'ont nulle part où aller.

"Ce sont des compatriotes kenyans qui méritent le respect. Même s'il existe une décision de justice, le gouvernement devrait agir comme une mère qui prend soin de ses enfants", déclare Mgr Njiru.

Il ajoute : "Ces expulsions ont été effectuées pendant les pluies. Il n'y avait aucune justification pour expulser les gens par la force et détruire leurs biens."

Selon l'Ordinaire local du diocèse d'Embu, le gouvernement kenyan aurait dû avertir la population au préalable en préparant un autre terrain pour leur réinstallation.

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"L'image du gouvernement continue de souffrir grandement tant que ces personnes vivent ici en tant que déplacés internes", prévient l'évêque.

Environ 5 000 personnes appartenant à plus de 800 familles des villages de Muthithu, Ndunguni, Twanyonyi, Kituneni, Mwanyani et Nunga autour de la paroisse catholique St. Paul's Makima du diocèse d'Embu se sont retrouvées sans abri le 24 avril, après avoir été expulsées de force par des officiers de police d'un terrain de 66 000 acres pour faire place à l'Autorité de développement des rivières Tana et Athi (Tarda).

Les rapports indiquent que plus de 500 ménages se sont inscrits dans un camp de personnes déplacées situé à proximité, tandis que d'autres campent à l'école primaire de Mwanyani, à l'école secondaire de Mwanyani, à l'école primaire de Muthithu, au marché de Mbondoni et dans d'autres zones autour de la paroisse catholique.

L'agence Fides a rapporté les frustrations des apprenants qui ont trouvé leurs classes occupées par des familles sans abri lorsque les écoles ont rouvert le 5 mai.

Dans le rapport, Mgr Njiru souligne que les élèves de l'école sont également perturbés psychologiquement parce qu'ils n'étudient pas dans un bon environnement, silencieux et propice, comme les apprenants des autres écoles.

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L'évêque kenyan s'inquiète également du fait que les sans-abri risquent de contracter le COVID19 en raison de leur encombrement dans les salles de classe.

"Ces familles sont exposées au risque de pandémie de COVID- 19 car elles sont entassées dans les classes sans masque. Elles ne gardent pas une distance de sécurité et n'ont pas de savon et d'eau pour se laver. Si une personne est infectée, les autres seront également en danger", déclare l'évêque, qui ajoute que ces personnes courent également le risque de contracter d'autres maladies transmissibles comme le choléra et la typhoïde.

Mgr Njiru s'exprimait le 14 mai lorsqu'il a rendu visite aux familles expulsées à l'école primaire de Ndunguni et a distribué des denrées alimentaires, des vêtements, des couvertures et d'autres articles essentiels donnés par le diocèse catholique d'Embu par l'intermédiaire de Caritas Embu.

L'Agenzia Fides rapporte que la direction de l'école a alloué trois classes aux familles sans-abri tandis que les élèves occupent trois autres classes.

"Une classe accueille neuf familles, une autre six et une autre 37 hommes. Les élèves utilisent trois classes pendant la journée tandis que leurs parents les utilisent la nuit", rapporte Agenzia Fides.

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Les bienfaiteurs ont également construit deux toilettes et quatre salles de bain à l'usage des familles, mais celles-ci, selon le rapport du 19 mai, sont insuffisantes.

Les autorités de la région confirment qu'il n'y a pratiquement pas d'enseignement sérieux dans l'école actuellement, car les apprenants de différents niveaux utilisent les mêmes salles pour suivre leurs cours.

" Nous ne pouvons pas maintenir les protocoles COVID-19 en raison de la congestion ", a déclaré Philip Nzangi, membre de l'assemblée du comté de Makima Ward Area, cité par l'Agenzia Fides.

Le fonctionnaire kenyan ajoute : "Nous avons perdu un jeune enfant d'un an et huit mois à cause d'une pneumonie pendant les expulsions, alors que ses parents s'étaient réfugiés dans la brousse sous la pluie. Nous demandons au gouvernement de réinstaller ces familles. ”