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La Constitution du Nigeria favorise les musulmans et désavantage les chrétiens : Les évêques catholiques

Les évêques catholiques du Nigeria ont demandé une révision de la Constitution nigériane de 1999, estimant qu'elle favorise les musulmans, désavantage les chrétiens et les adeptes d'autres religions et n'est pas de bon augure pour l'unité et le progrès du pays. ”

Dans un mémorandum soumis au Comité sénatorial de révision de la Constitution jeudi 10 juin, les membres de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN) déclarent : "Il faut mettre fin au statut pratiquement établi dont jouit l'Islam dans la Constitution afin de maintenir la paix et l'unité de la nation."

"L'aspect particulier que nous voulons aborder dans le cadre de cette révision de la Constitution de 1999 concerne la place que l'Islam en tant que religion a prise dans notre Constitution vis-à-vis de notre vie nationale, dans la mesure où la Constitution de 1999 a désavantagé les chrétiens et les adeptes d'autres religions dans tout endroit à majorité musulmane", déclarent les membres du CBCN.

Ils ajoutent : "En ce qui concerne la Constitution de 1999 de la République fédérale du Nigeria, nous déclarons en premier lieu qu'il n'y a pas eu de moment où les Nigérians se sont réunis en tant que parties prenantes individuelles ou en tant que citoyens représentés pour décider ou leur donner une loi ou une Constitution contraignante."

Depuis 2007, les membres de l'Assemblée nationale du Nigeria révisent la constitution de 1999. 

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La Constitution de 1999, disent les évêques catholiques, "est un produit et une imposition des militaires". 

Il y a "des contradictions inhérentes à la Constitution actuelle qui ne sont pas de bon augure pour l'unité et le progrès du pays", disent-ils encore dans leur mémorandum collectif du 10 juin signé par le président du CBCN, Mgr Augustine Akubueze.

Ils citent les sections 260 à 269 et les sections 275 à 284 de la Constitution comme autant d'exemples de contradictions dans les législations qui doivent être revues.

Selon la section 10 de la Constitution, les membres du CBCN affirment que " le gouvernement de la Fédération ou d'un État ne doit adopter aucune religion comme religion d'État ". Et que la section 38, entre autres, prévoit que "toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, y compris la liberté de changer de religion ou de croyance, et la liberté (seule ou en communauté avec d'autres, et en public ou en privé) de manifester et de propager sa religion ou sa croyance par le culte, l'enseignement, les pratiques et l'observance".

"Contrairement aux dispositions ci-dessus, la Constitution, telle qu'elle a été entièrement composée, est manifestement entachée de contradictions fondamentales inhérentes. Ces contradictions fondamentales inhérentes ont entraîné le fonctionnement de divers systèmes et régimes juridiques dans la seule nation qu'est le Nigeria", déclarent les évêques catholiques de la nation ouest-africaine.

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Ils ajoutent : "Des plaintes ont été déposées au sujet du parti pris, de la reconnaissance et de l'importance particulière accordés à l'Islam dans la Constitution de cette nation, le Nigeria."

"Les auteurs de la Constitution de 1999 ont créé des tribunaux de la charia pour les musulmans. Cela explique pourquoi un chrétien ne peut pas être nommé Kadi en vertu des lois des États ou Grand Kadi de la Cour d'appel de la charia", affirment les membres du CBCN.

Selon les évêques, "le fonctionnement de divers systèmes et régimes juridiques a abouti à la situation actuelle où il n'y a pas une seule loi pour un seul peuple dans une seule nation. Au contraire, ce que nous avons, c'est une seule nation, des lois différentes pour des peuples différents."

"Ainsi, nous concluons que si les musulmans disposent exclusivement d'une Cour qui régit leurs affaires et à laquelle ils peuvent exclusivement être nommés comme juges, il n'en va pas de même pour les chrétiens ou les personnes d'autres religions. Cela montre un écart d'inégalité et de sousreprésentation dans le système judiciaire nigérian, soutenu par la Constitution", déclarent les évêques.

Ils ajoutent que "pour la subsistance, l'unité et l'équité dans ce pays, le Sénat doit prendre au sérieux la position du CBCN et s'assurer qu'il écoute toutes les positions exprimées par les Nigérians afin que la Constitution amendée puisse refléter les aspirations et les visions des citoyens du Nigeria".

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