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Les évêques soudanais « soutiennent sans réserve » le transfert du pape, regrettent les lettres diffamatoires

Le 12 décembre 2019, le pape François (à gauche) a nommé l'évêque Stephen Ameyu du diocèse de Torit (à droite) comme nouvel archevêque de Juba au Sud-Soudan Domaine public Le 12 décembre 2019, le pape François (à gauche) a nommé l'évêque Stephen Ameyu du diocèse de Torit (à droite) comme nouvel archevêque de Juba au Sud-Soudan
Domaine public

Plusieurs jours après la parution de lettres exprimant le rejet d'un transfert papal d'un évêque au Soudan du Sud, les chefs des diocèses du Soudan et du Soudan du Sud constituant la Conférence épiscopale catholique du Soudan (SCBC) ont appuyé de tout leur poids le Saint-Père et ses représentants dans la plus jeune nation du monde et ont exprimé leurs regrets « avec une grande humilité le langage inapproprié utilisé » dans deux lettres diffamatoires.

« Nous, la Conférence épiscopale catholique du Soudan et du Soudan du Sud, célébrons avec les catholiques et tout le peuple de Juba et de la nation, qu'il y a maintenant un nouvel archevêque catholique », ont déclaré les évêques dans une lettre faisant suite à leur « Assemblée plénière extraordinaire tenue dans la résidence de l'archevêque de Juba », le jeudi 19 décembre.

« Nous reconnaissons la décision du Saint-Père d'accepter la démission de l'archevêque Paolino Lukudu, de lui permettre de prendre un repos bien mérité et attendu depuis longtemps, et de nommer son successeur, Mgr Stephen Ameyu Mulla comme archevêque de Juba », peut-on lire dans la lettre des évêques soudanais obtenue par ACI Afrique, qui fait référence au transfert papal du 12 décembre de Mgr Ameyu du diocèse de Torit.

Signée par six des huit responsables des Églises du Soudan et du Soudan du Sud présents, la lettre exprime les « remerciements sincères des membres de la SCBC au Saint-Père » pour le transfert de Mgr Ameyu à Juba et qu'ils « accueillent le nouvel archevêque avec un soutien total et sans réserve ».

Le jour même où le transfert papal est devenu public, une lettre de six pages signée par trois prêtres et cinq laïcs, tous de l'Archidiocèse, a émergé, avec un entête: « suivi de notre mémo précédent, intitulé : UTMOST CONCERN ON THE IMMINENT APPOINTMENT OF THE NEXT ARCHBISHOP OF JUBA » datée du mardi 10 décembre 2019.

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Alors que la lettre du 10 décembre semble manifester une violation du « secret pontifical » qui guide la confidentialité, que doivent maintenir ceux qui sont informés d'une nomination papale imminente d'un Ordinaire local, c'est le contenu diffamatoire des deux lettres qui a poussé les responsables de l'Église à convoquer la réunion de jeudi. 

« Nous sommes venus à Juba délibérément parce que nous avons pris conscience des graves réactions de certains laïcs et du clergé de l'archidiocèse de Juba concernant la nomination de l'archevêque Stephen Ameyu », ont déclaré les membres de la SCBC dans leur lettre collective vue par ACI Afrique. 

Faisant référence aux auteurs des deux lettres diffamatoires, les prélats ont déclaré : « Nous regrettons avec une grande humilité le langage inapproprié utilisé dans leurs deux lettres contre le Saint-Siège, les légats papaux (le Nonce apostolique et le Chargé d'affaires), les institutions, le nouvel Archevêque et certains membres du clergé mentionnés dans les deux lettres. »

Alors que les deux lettres citent une « série de complots et de pots-de-vin par certains groupes d'intérêt et lobbyistes déterminés à l'intérieur et à l'extérieur de Juba », celle du 12 décembre faisant état de « preuves substantielles que la Nonciature de Juba a été fortement compromise par certains responsables du gouvernement du Soudan du Sud depuis sa création jusqu'à ce jour », les membres de la SCBC ont apprécié les diplomates du Vatican au Soudan du Sud.

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Dans leur lettre, les responsables de l'Église ont exprimé leur « profonde gratitude au Nonce apostolique, Mgr Bert van Megen et à son collègue Mgr Mark Kadima, Chargé d'affaires à la Nonciature apostolique de Juba, pour leur rôle dans ce joyeux événement ».

Ils ont ajouté : « Nous voulons leur assurer notre confiance continue dans leur service, et notre espoir qu'ils continueront dans l'amour et l'engagement au service de l'Église.

Alors que les signataires des deux lettres ont déclaré qu'ils n'accepteraient pas que l'archevêque élu prenne ses fonctions à Juba parce qu'ils ont la preuve qu'il « a deux concubines et six enfants biologiques », les responsables de l'Église sous la SCBC ont déclaré : « Nous nous réjouissons de travailler en étroite collaboration avec l'archevêque Stephen dans un esprit de collégialité et de collaboration fraternelle ».

« Comment notre mère l'Église peut-elle se rallier à cet évêque alors que certains de nos prêtres ont été disqualifiés sur la base de rumeurs infondées de père d'un seul enfant ? » Ceux qui protestent contre le transfert papal de l'archevêque élu ont exploré dans leur lettre du 12 décembre qui décrivait aussi certains prêtres de l'archidiocèse de Juba comme « des polygames, des hommes d'affaires et des hauts fonctionnaires de la sécurité gouvernementale. » 

De leur côté, les chefs des diocèses du Soudan et du Soudan du Sud ont appelé les fidèles de l'Archidiocèse de Juba à « rester calmes et à essayer de contacter l'Autorité ecclésiastique compétente à la recherche d'informations correctes » et ont lancé un appel « au clergé et aux religieux de tout l'Archidiocèse de Juba pour qu'ils restent unis ! »

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Selon les membres de la SCBC, « Les questions soulevées dans les deux lettres peuvent être traitées dans le cadre des compétences de l'Église catholique : Le Saint-Siège, la Conférence épiscopale et l'archidiocèse de Juba. »

« Nous prions pour que l'Esprit Saint soit avec nous et permette au Saint-Père de réaliser son désir de voir le peuple du Soudan du Sud en l'an 2020, ainsi que d'encourager le processus de toutes les parties travaillant pour une paix durable dans les deux nations », ont conclu les responsables de l'Église soudanaise dans leur lettre de trois pages.

Le correspondant d’ACI Afrique au Sud Soudan, Peter Mapuor Makur, a contribué à ce reportage