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Un évêque nigérian qui a critiqué le gouvernement au sujet de la persécution des chrétiens a été convoqué

Mgr Matthew Hassan Kukah. Aide à l'Église en détresse/James Nicholls. Mgr Matthew Hassan Kukah. Aide à l'Église en détresse/James Nicholls.

Un évêque nigérian aurait reçu l'ordre d'être interrogé par une agence de sécurité de l'État, après que le prélat ait critiqué le gouvernement du Nigeria pour sa complicité face aux enlèvements et autres persécutions des chrétiens du pays.

Mgr Matthew Kukah, qui dirige le diocèse de Sokoto, dans le nord-ouest du Nigeria, a publié un message de Noël dans lequel il déclare que le gouvernement, dirigé par le président Muhammadu Buhari, semble avoir laissé le sort des Nigérians entre les mains d'"hommes mauvais".

Mgr Kukah a décrié le fait que plus de 100 filles enlevées par le groupe terroriste islamique Boko Haram n'ont toujours pas été retrouvées, ainsi que "des centaines d'autres enfants dont les captures ont été moins dramatiques", a rapporté ACI Afrique, partenaire d'information de CNA, le 28 décembre.

"Aujourd'hui, nous sommes pleinement sous l'emprise du mal. Aujourd'hui, un sentiment de vengeance ne fait que m'attrister alors que j'ai vu le Nord se déchaîner dans une cacophonie de querelles et de jeux de blâme sur notre situation tragique", a écrit Mgr Kukah.

Il poursuit : "Un catalogue de cruauté sans précédent a été déchaîné sur des citoyens innocents dans les États du Nord. Dans leur sommeil, sur leurs terres agricoles, dans leurs marchés, ou même sur l'autoroute, des citoyens innocents ont été fauchés et transformés en offrandes brûlées aux dieux du mal."

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Bien que ce ne soit pas la première fois que Mgr Kukah s'exprime publiquement contre le gouvernement, le SSS, une police secrète fédérale, aurait pris note de ses remarques et lui aurait ordonné de se présenter pour être interrogé, selon une source citée par la People's Gazette.
CNA a contacté Mgr Kukah pour un commentaire et attend une réponse.
Dans l'ensemble du Nigeria, au moins 60 000 chrétiens ont été tués au cours des deux dernières décennies. On estime que 3 462 chrétiens ont été tués au Nigeria au cours des 200 premiers jours de 2021, soit 17 par jour, selon une nouvelle étude.
Le Nigeria est la nation la plus peuplée d'Afrique et la démographie globale est presque également répartie entre chrétiens et musulmans. Au cours des dernières décennies, les chrétiens du Nigeria, en particulier dans le nord du pays, ont été victimes de destructions de biens, d'assassinats et d'enlèvements brutaux, souvent aux mains de groupes extrémistes islamiques.

Selon les chrétiens nigérians, une partie du problème est que le gouvernement contrôlé par les musulmans a réagi lentement, de manière inadéquate ou pas du tout au problème de la persécution des chrétiens.

Les bergers fulanis, une ethnie musulmane, ont été responsables du plus grand nombre de meurtres ces derniers temps, ayant assassiné environ 1 909 chrétiens au cours des 200 premiers jours de 2021.

"Le silence du gouvernement fédéral ne fait que nourrir la bête immonde de la complicité dans les actes de ces personnes maléfiques qui ont suspendu l'avenir de générations entières de nos enfants", a écrit Mgr Kukah dans son message de Noël.

"Chaque jour, nous entendons parler de l'échec des renseignements, pourtant, ces experts qui fournissent des renseignements affirment qu'ils ont toujours fait leur devoir avec diligence et efficacité. Le président de la République fédérale du Nigeria ne pense-t-il pas qu'il doit aux parents et aux citoyens des réponses sur l'endroit où se trouvent nos enfants et sur la date de leur retour à la maison ? Le président du Nigeria ne nous doit-il pas une explication et des réponses quant à la date à laquelle les enlèvements, les séquestrations, la brutalité, les massacres insensés et sans fin de nos citoyens prendront fin ?".

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Mgr Kukah a déclaré que suite à son message de Noël 2020, dans lequel il a également décrié la situation de persécution en cours, certaines personnes l'ont accusé de "trahison."

En février 2020, Mgr Kukah a célébré la messe pour les funérailles de Michael Nnadi, un séminariste de 18 ans qui a été enlevé, retenu pour une rançon, et finalement tué par des hommes armés musulmans. Selon l'un de ses ravisseurs, Nnadi n'avait pas peur de leur proclamer sa foi catholique et ne cessait de leur dire qu'ils devaient se repentir de leurs mauvaises habitudes.

Lors des funérailles de Michael Nnadi, Mgr Kukah a dénoncé l'insécurité et la violence qui règnent sous la présidence de Muhammadu Buhari, et a exprimé l'espoir que la mort de Michael marque un tournant dans la persécution des chrétiens dans le pays le plus peuplé d'Afrique.

Il a dit espérer que l'exemple de Michael, et son martyre, inspireront une armée de jeunes gens à suivre ses traces.

Mgr Kukah a déclaré à l'époque : "Nous marcherons avec la croix du Christ qui nous a été confiée, non dans l'agonie ou la douleur, car notre salut réside dans votre croix. Nous n'avons pas de vengeance ou d'amertume dans nos cœurs. Nous n'avons aucune goutte de tristesse en nous. Nous sommes honorés que notre fils ait été appelé à recevoir la couronne du martyre au début de son cheminement vers le sacerdoce."

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